Rassurez-vous Jean-Louis Buer est bien trop civil pour m’envoyer du papier bleu ou me demander réparation sur le pré. Il s’est contenté de poster un commentaire sous ma chronique. Sa réponse où affleure un zeste de nostalgie ne pouvait restée nichée dans les discrètes entrailles de mon espace de liberté et j’ai décidé de la publier.
Bonjour,
Loin de moi la tentation ou la facilité (pour ne pas dire plus) de me réfugier derrière une conception administrative d'une fonction qui ne l'est d'ailleurs qu'en partie : diriger l'INAO suppose, outre un décentrement de soi devant la nécessité d'une approche professionnelle collective qui a fait ses preuves (les AOC sont des produits qui honorent notre pays), aussi un sens des réalités et un certain courage, principalement intellectuel bien sûr car les vignerons sont des gens convenables et courtois.
Mais la fonction a aussi ses charges : ne pas laisser son cœur (ou plutôt en l'espèce son goût et ses préférences) l'emporter sur l'application d'une règle collective et consentie par ceux qui s'engagent en appellation.
On peut toujours trouver un produit que l'on trouve exceptionnel ou que d'autres, très compétents, trouvent exceptionnel et qui se trouve en délicatesse avec l'appellation. Dans le secret de ma délibération avec des amis (c'est le seul moyen de bien déguster comme chacun sait), je n'en pense pas moins mais avouez qu'il est difficile que la personne en charge de la défense du système des appellations s'offre le luxe de donner son avis personnel. Au nom de quoi ? Le Directeur ne produit que des directives, pas des vins. Cela se saurait.
L'homme vous dira qu'il a aussi ses coups de cœur, ses envies, ses découvertes, ses surprises, ses étonnements, ses indignations et ses refus. Il les a gardées pour lui tant qu'il fut Directeur.
Ce temps touchant à sa fin, il vous dira qu'il y a un temps pour tout et qu'il sera ravi de vous faire part à l'avenir de ses pensées, sentiments et réactions.
A l'égard du vin, la seule chose que je n'ai jamais ressentie, ce fut et ce sera toujours l'indifférence. Cela arriva pour des femmes, jamais pour un vin.
Tout système avance aussi par ses marges : ceux qui se trouvent en difficulté avec lui aujourd'hui sont sans doute les promoteurs de demain. Restons optimistes sur un dispositif qui est issu d'une France qui n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui et sans doute celle de demain pour laquelle nous travaillons.
Et puis comme je le dis souvent on peut aussi faire de bons produits hors des signes de qualité. La diversité est une richesse.
Allez bonnes fêtes et large soif !
Jean-Louis BUER