Fêter les fêtes officielles, carillonnées ou républicaines, et pire encore celles inscrites au calendrier devenues des trucs obligés : Saint Valentin, Fête des Mères, des Pères, des Grands-Mères, Halloween, ce n’est pas mon truc mais, comme je ne suis pas à une contradiction prêt, j’aime faire des cadeaux. Conséquence j’en fais rarement, et même pas du tout, aux dates imposées sauf pour Noël. En effet, ad vitam aeternam Noël est et restera pour moi synonyme de cadeaux dans mes sabots. Bien sûr je n’ai jamais porté de sabots, même Suédois au temps des babas, mais des petits souliers que je plaçais au pied de la crèche.
L’attente, le plaisir de la surprise, toute une subtile alchimie qui m’a fait adorer les prémices, ce frisson qui monte en vous, les doigts qui défont, déflorer. Ces cadeaux, comme nous n’étions point riches, ils venaient de la ville : le grand magasin Decré, et surtout ils étaient vraiment la part d’amour la plus visible de mes parents. Bien choisi, ils étaient un peu des yeux de ma couturière de mère qui les usaient fort tard sur son ouvrage et la sueur et les soucis de mon entrepreneur de père aux cheveux déjà blancs.
Alors, faire des cadeaux c’est ma part d’enfance à jamais renouvelée, alors qu’en recevoir est pour moi de plus en plus compliqué : j’en suis resté à l’orange enveloppée de papier soie qui accompagnait à chaque Noël les paquets. Le geste, l’attention bien plus que le cadeau obligé, la valeur du cœur.
La séquence nostalgie étant passée je vous recommande vivement un très bel ouvrage Murs de pierres murs de Vignes Vignoble du Valais publié par le musée valaisan de la Vigne et du Vin 26€.
Superbe mais aussi très instructif ouvrage sur la maçonnerie en pierre sèche qui remonte aux temps anciens, avant l’existence des liants au mortier. Technique minimale, humble, qui a traversé le temps et prouvé son efficacité, très bel exemple de ce que sait faire la main de l’homme. « En Valais, elle a façonné un paysage extraordinaire, construisant les coteaux en cascades de murs soutenant les tablards de vigne, parfois avec une audace folle. »
C’est un beau travail pluridisciplinaire, vivant et imagé pour raconter l’histoire de ces murs de pierres sèches, leurs fonctions, la provenance de la matière première, leur vie avec des hauts et des bas. Merci à nos voisins suisses valaisans pour ce bel hommage à tous ces bâtisseurs anonymes.
« Depuis les vieux temps, depuis tout là-bas dans le temps, d’année en année ; les Romains, les moines, les gens à robes, les gens à pantalons et puis les autres et encore des autres, et puis nos arrière-grands-pères et puis nos grands-pères et puis nos pères et puis nous ; à faire, ensuite à refaire, à construire et à reconstruire et à re-reconstruire, entretenir… » C.-F. Ramuz parlant du Lavaux in Le passage du poète.
Place à quelques photos, bonne lecture car vous pouvez aussi vous faire un petit cadeau.