Sur Face de Bouc et Twitter ce fut un grand raffut, juchés sur l’excellence de leur savoir, appuyés sur leur haute importance, les doctes docteurs ès-vins, ne pas confondre avec Evin, se sont déchaînés pour tailler une jupette à la pourfendeuse d’un brave gars du village endimanché qui posait devant sa caméra avec un sourire de lou-ravi, non pas droit dans ses bottes mais à côté de ses bottes afin de rappeler au bon peuple qu’en dépit de son look de pingouin c’était un vrai terrien, lui.link
C’est plus fort que moi, je ris !
Beaucoup de précieux ridicules post-modernes avec des œillères épaisses et suffisance incorporée du type de celle d’un mec dont j’ignorais l’existence « Ça a pas l’air net ce truc, se dit illico la ménagère de moins de 50 ans qui est abonnée à Télérama et prend son brunch dominical au bord du Canal Saint Martin (j’ai essayé et c’est plutôt sympa le brunch au bord du Canal Saint Martin. Télérama, moins). »
Toujours le même tropisme des gens du vin à se regarder le nombril et à se congratuler entre eux : ça leur fait du bien, ça ne mange pas de pain mais ça ne fait pas non plus vendre plus de vin.
Comme je suis au taquet de toutes les tares de ce joli monde : parisien, élitiste, trop longtemps dans les cabinets, blogueur dit compulsif, aimant plus la compagnie des belles filles que celle des barbons sentant le bouchon, mon plaisir est immense à les voir s’épancher pour une poignée de fidèles sur Face de Bouc.
Oui j’avoue sans honte que je trouve ça jouissif.
Bien évidemment, libre à chacun d’aimer ou de ne pas aimer, même de détester le documentaire d’Isabelle Saporta, ce type de sport ça se nomme la critique et sans la liberté de blâmer il n’est pas d’éloge flatteur.
Ce qui, en revanche, me paraît être hors de saison, c’est l’argument stupide développé principalement par la vieille dame permanentée qui a placé le susnommé Norbert tout en haut, dans l’Olympe des grands hommes du vin, la patrie reconnaissante, : l'AUTO-FLAGELLATION
Enfin, phénomène bien français, alors que le secteur viticole de notre pays fonctionne plutôt bien, que les vins produits par nos vignerons représentent toujours le deuxième poste excédentaire dans notre balance commerciale, n’était-il pas possible de voir les choses d’une manière plus positive, de se féliciter des progrès réalisés, de mettre à l’honneur des centaines de vignerons petits et grands qui aiment leur métier et qui prennent soin de leur terroir au jour le jour, plutôt que de jeter une nouvelle fois l’opprobre sur une profession, certes encore loin d’être exempte de défauts, mais qui contribue largement au rayonnement de notre pays dans le monde. »
Le pompon de la grandiloquence étant toutefois décerné au sieur Pousson « Et vous, vous croyez qu'un jour on parlera de d'amour du vin à la télévision d'État française? Qu'enfin on mettra ce trésor national à la place qu'il mérite ? »
Là je dis chiche aux 2 procureurs : FAITES donc !
La vieille boutique à vins fins, avec son traditionnel quart d’heure de retard à l’allumage et ses salonnards qui mettent beaucoup de beurre dans ses épinards ; le second, depuis la bourgade de Barcelone, avec sa plume si leste, jamais en reste d’un « c’était si beau et si bon avant dans une France pleine de petits paysans en sabots, de petits commerçants en blouse à carreaux »
Faites donc comme Isabelle Saporta, trouvez vite un producteur, topez avec lui pour réaliser un documentaire où louanges, éloges, encens, génuflexion, critiques bien dosées, tout et tout et des poussières, moi je ne sais pas, toute la panoplie d’une bonne communication, pour donner comme du pain béni au bon peuple, dont tout le monde se fout ordinairement parce qu’il achète des pauvres vins en GD, une belle image du vin français.
Je semble railler, mais ne vous méprenez pas je suis sérieux comme un pape ce discours je l’ai entendu depuis que j’ai eu l’audace de m’intéresser au Saint des Saints du vin. Je l’entends toujours et, tel sœur Anne, je ne vois rien venir.
Pourquoi cette inertie, cette difficulté à l'allumage ?
Ce peu de goût pour la création ?
La réponse est donnée par Pousson qui a réponse à tout : les médias grand public l’œil rivé sur l’audience veulent du sensationnel, du sang et des larmes, des règlements de compte à OK Corral. Donc les gens sérieux ne peuvent faire œuvre utile, chanter les louanges du vin, rejetés qu’ils sont par des gens qui préfèrent faire l’amour dans le pré.
Je suis tout à fait prêt à admettre cet argument mais je me pose une question : est-il possible pour ceux qui vivent essentiellement de la publicité et des salons qu’ils organisent de se lancer dans une aventure où l’objectivité journalistique, bien documentée, serait au rendez-vous ?
La réponse est absolument : NON !
Reste donc pour entrer dans ce processus de création que l’inaltérable, l’inoxydable, l’incorruptible Pousson qui peut faire aussi bien dans le cochon qui court que dans le litron aux petits oignons.
Ou bien alors une solution radicale : recréer notre belle radio-télévision nationale contrôlée par un Ministre de l’Information : l’ORTF. Là y’aurait plus photo la télévision d'État française donnerait enfin la place qu’il mérite à ce trésor national qu’est le vin.
Bien sûr il n’y’a plus le Léon, pas le nôtre, mais le Zitrone, pour commenter avec sa voix de stentor ce morceau de bravoure mais notre cher Pousson pourrait mobiliser l’homme qui s’enquille je ne sais pas combien de quilles sans être bourré (tiens je pense aussi à Jean-Claude Bourré) : le Gégé national !
« Ça commence à la maison, avec du champagne ou du vin rouge, avant 10h00. Puis encore du champagne. Puis du pastis, peut-être une demi-bouteille. Puis le repas, accompagné de deux bouteilles de vin. Dans l'après-midi, champagne, bière, et encore du pastis vers 17h00, pour finir la bouteille. Plus tard, de la vodka et/ou du whisky. »
Dieu qu'elles étaient belles au REX de la Mothe-Achard les Actualités Pathé !
Allons, ne reculons devant aucun sacrifice comme le disait Georges Pompidou, le 20 juin 1969 « Qu’on le veuille ou non, la télévision est considérée comme la Voix de la France, et par les Français et à l’étranger. »
Comme les belles CVO notre chère redevance servirait enfin à la grandeur de la France !
Y’a plus qu’à faire !
Je connais même des petits producteurs qui savent faire de vrais documentaires link
Et ça marche très bien dans la France profonde : link