Cette affirmation de Christian Bizot, à l’époque, en 1990, chef de la maison Bollinger rapportée par Jean-Paul Kauffmann m’a semblé le mieux résumer la réédition en un seul livre, dans la collection Folio de Gallimard, de deux de ses opus : Voyage à Bordeaux 1989, Voyage en Champagne 1990 publiés aux éditions des Équateurs en 2011.
Je m’explique, la France du vin, au regard de sa notoriété internationale, se résume en une trilogie BBC : Bordeaux-Bourgogne-Champagne… Je ne m’appesantis pas sur l’opposition des 2 B qui est bien décrite dans le livre de Jean-Robert Pitte « Bordeaux Bourgogne : Les passions rivales » pour m’en tenir à ce qu’écrit JPK sur les 2 voisins « Le bourgogne est un vin terrien, sanguin, compact, il plonge sa substance au cœur de notre pays (…) Le champagne, lui, est fils de l’air. L’air est le principe qui s’oppose à la terre. Entre le bourgogne et le champagne, vignobles voisins et issus de mêmes cépages, il n’existe même pas d’antinomie, ils s’ignorent. »
Le bordeaux appartient à l’élément liquide. C’est à l’eau, à la Gironde qu’il doit sa réputation (…) L’estuaire et l’onde ont fait la richesse du bordeaux. Ils lui ont permis d’atteindre les ports anglais et les villes hanséatiques. »
« Plus que d’autres vins, le champagne est le fruit d’un miracle. Il a vaincu magistralement les difficultés pour les transformer en avantages (…) Qui a inventé le champagne ? Toute une lignée d’hommes obscurs, le hasard, la géographie, l’intelligence. Comme l’a dit un jour un Britannique : « Le champagne s’est inventé lui-même (...) » Mais « Le champagne, qui symbolise l’esprit français, est né en Angleterre et doit son renom aux Allemands. Ce talent à assimiler les influences étrangères pour en faire une création nationale originale est dans la tradition française. »
Dans un monde vraiment mondialisé avec l’irruption de la Chine, des BRICS, une étude attentive, économique, sociale, financière, de l’évolution des modèles champagne et bordeaux, devrait s’imposer à ceux qui ont la prétention de coucher sur le papier un plan stratégique de la maison France du vin. Mais l’heure de l’intelligence économique n’a pas encore sonné dans notre vieux pays qui passe son temps à geindre et à vouloir se replier sur lui-même.
Du côté des 2 rives de la Gironde certains devraient méditer sur les principes d’éducation inculqués par la famille Krug en ce temps lointain : « jamais de comportement ostentatoire. L’argent ne doit pas se sentir. On n’essayait pas de tricher en faisant à moitié ou en faisant trop »
Pour l’heure je m’en tiendrai là en vous rappelant que j’ai commis 2 chroniques sur les 2 opus de JPK opportunément assemblés en un seul livre.
- « J’ai toujours eu un faible pour les sciences inexactes… » de l’art de la dégustation par Jean-Paul Kauffmann… » link
- « Et si à la suite de « Voyage en Champagne » de Jean-Paul Kauffmann Marie de Saint Drézéry se collait à un « Conte de Champagne »… link