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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 00:09

Dans l’économie agricole insulaire le seul secteur qui tire vraiment son épingle du jeu, créé de la valeur et de l’image est la viticulture. De belles réussites, des vignerons emblématiques, de beaux vins, un bon niveau de prix sur le marché intérieur de l’île porté par la saison touristique explique en partie le renouveau d’une activité qui a su rebondir en restructurant son vignoble et en jouant intelligemment la carte identitaire. Les fromages et la charcuterie pourraient eux aussi apporter de la valeur ajoutée à une économie qui valoriserait ainsi ses handicaps. Mais ces choix ne relèvent que des Corses eux-mêmes qui, dans leur désir justifié de prendre leur destin en main, se doivent de les faire, de les assumer pour s’intégrer et vivre pleinement dans leur environnement méditerranéen arrimé à l’UE.

 

En Corse je lis le mensuel Corsica. Il est « Corsiste », bien fait, avec parfois des circonvolutions de langage et un art d’enrober ses analyses qui peuvent surprendre mais le ton et le fond sont de qualité. Il accueille les signatures de Jean-Claude Casanova et de François Léotard. Bref, je propose à votre lecture attentive cette analyse, faite dans le n° de septembre, à propos de la santé florissante du marché foncier viticole en Corse.

 

Je ne suis pas sûr que le rédacteur ait bien compris le film trop obnubilé qu’il est par sa vision corso-centrée des choses. Sans vouloir ironiser sur les « non-agriculteurs » qui achètent aux viticulteurs des vignes en Corse – pour les cultiver sans doute pas pour les mettre en jachère ou construire des maisons à leurs risques et périls – je me permets de rappeler au rédacteur du papier que Paul Giacobbi, président de l’exécutif de la Corse vient de rendre au Président de la République un rapport sur « L’attrait de la France pour les investisseurs étrangers »

 

Et oui si les prix des vignes flambent en Corse c’est tout bêtement parce que la viticulture corse est attractive. Qui pourrait s’en plaindre ? Ceux qui veulent s’installer. Faudrait peut-être alors desserrer le carcan des droits de plantation pour calmer la surchauffe ? Mais ce n’est pas à moi de donner des conseils d’autres plus qualifiés que moi s’en chargent. Bonne lecture !

Corse-2008-Jacques-028.jpg

« Ah, le délicieux discours des vignerons corses attachés à leurs terres et défenseurs ardents d’un terroir revigoré ! Vedette incontestée et incontournable du secteur de l’agro-alimentaire local, la viticulture rebat les oreilles du consommateur – et des pouvoirs publics, subventions* obligent – avec un propos pour le moins rodé sur le combat pour la préservation des traditions et de la terre. Léger problème : les dernières statistiques nationales établies par la Safer* montrent pourtant une réalité un tantinet plus contrastée.

Que disent les chiffres ?

D’abord, qu’ « après plusieurs années d’évolution positive, le marché foncier de l’espace rural est rattrapé par la crise » et que « sur l’année 2009, avec la baisse des revenus agricoles, le prix moyen des terres et prés s’est contracté », accusant pour la première fois depuis 1995, une baisse de 1,6% par rapport à 2008. Les vignes, symbole d’une certaine identité française en la matière, n’échappent pas au phénomène.

Ainsi, « après trois années de croissance soutenue, le marché s’est fermé en 2009. Il a porté sur 8700 transactions pour une surface de 14000 hectares (en baisse de 16% par rapport à 2008) et une valeur totale de 580 millions d’euros (en baisse de 19%) ». Diantre ! La nouvelle est d’autant plus inquiétante que, note la Safer, « tous les bassins viticoles sont touchés par cette fermeture du marché (baisse des transactions en nombre et en surface)... » Tous ? Non !

Une petite parcelle de terre résiste à cette morosité. La Corse bien sûr. Ici, au contraire, tout semble aller plutôt dans le meilleur des mondes, si l’on peut dire. Car le nombre des transactions y a carrément explosé. Plus de 57% ! La terre est-elle bradée à vil prix par de miséreux vignerons étranglés par la crise ? Fort heureusement, non. Car, remarque la Safer, « en Corse, les prix marquent une progression de 12,5% sur un marché en forte croissance »... En clair : on vend beaucoup plus de terres agricoles et pour beaucoup plus cher. En beaucoup plus clair : le buiseness explose. Et ce n’est pas le moindre enseignement de cette étude que d’apporter une dernière touche au tableau en faisant observer que ce marché aussi florissant que feuilles de vigne «écloses est aujourd’hui « dominé par les acquisitions des non-agriculteurs. » Les organisations professionnelles et les syndicats agricoles ont beau claironner que tout ça, c’est la faute à la spéculation, on se demande bien qui en tire le plus avantage : les « spéculateurs » non-agriculteurs prêts à payer au prix fort des vignes dont ils n’ont que faire ou les « non-spéculateurs » agriculteurs qui les vendent ?

  • * il s’agit de la FNSAFER
  • * la viticulture corse ne consomme pas plus de subventions que son homologue continentale et le ratio subventions/valeur ajoutée est sur l’île le plus faible de tout le secteur agricole.
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