Mon titre se justifie par les efforts que j’ai dû déployer pour me procurer le roman de mon cher confrère vétérinaire le breton, nul n’est parfait, Loïc Gouello.
Après avoir écumé les librairies d’Ajaccio, où l’on m’expliquait gentiment ce que signifiaient les pozzines en langue corse « Les pozzines sont des pelouses épaisses, qui ressemblent à s’y méprendre à de la mousse. Leur nom vient de « pozzi » qui signifie « puit » en Corse. Elles sont en fait traversées par des ruisseaux qui les gorgent d’eau, au point que des trous d’eau finissent par se former. Au final, on a l’illusion de voir des morceaux de pelouse flotter sur une étendue d’eau. Magnifique. Elles sont bien sûr protégées par le Parc Naturel de Corse. »link
Mon antériorité corse, Loïc est un jeunot, fait que les pozzines j’en ai vu du ciel en hélicoptère et du sol « Bastelica et ses pozzines, plateau d’Ese »link
Bref, bredouille j’ai tenté la FNAC par Internet : 20 jours pour la livraison. Alors, la mort dans l’âme j’ai réactivité mon compte Amazon et j’ai été livré le lendemain de ma commande.
Comme je suis mauvaise langue, j’adore chambrer mes collègues fonctionnaires en leur disant que s’ils sont bons pour la production mais que la vente n’est pas gravée dans leur ADN, ainsi le Georges Morin qui produit un excellent Cognac et qui dort dessus.
Loïc Gouello je l’aime bien car, tout vétérinaire qu’il est déborde du moule et avec lui il est agréable d’aborder des questions qui dépassent l’habituel ronron de l’institution.
La pincée de sel et la pommade étant passées venons-en au roman !
Ça part chaud bouillant à Campo del Oro (je suis rétro) le héros est attendu par « une superbe blonde, lunettes noires, talons hauts, un petit sac à main rouge de chez Dior… » qui l’embarque dans une Aston-Martin décapotable « crissement de pneus, vrombissement du huit cylindres… » suivie par une Audi A4 noire avec 2 affiliés à la MSA (note personnelle) bien rembourrés, ça plairait beaucoup à Norbert le Forestier grand adorateur de 0007.
Moi lorsque j’arrivais sur le tarmac de l’aéroport d’Ajaccio c’était les gars du GIGN qui m’attendaient et nous allions jusqu’à la Préfecture dans une bagnole pourrie des RG…
Ça comme brûlant et ça finit, disons juste avant le dénouement, très hot dans le refuge des pozzines de Bastelica « … et descendis doucement la main vers sa culotte échancrée. Mes doigts s’aventurèrent sous la soie, vers ce territoire magique. Elisa vibrait de tout son corps et gémissait de félicité. Quand mon majeur caressa son clitoris et ses grandes lèvres ruisselantes, elle hurla, se cabra, et m’embrassa avec encore plus de vigueur. »
Même si ça n’entre pas dans le plan-type des rapports du CGAER y’a pas photo, des missions en Corse comme celle-là je parie sans risque de perdre ma mise qu’il y aurait un paquet de candidats de tous les corps du Ministère pour se la faire. Ça se bousculerait à la porte du refuge des pozzines de Bastelica. Je trouve que ça manque à mon expérience corse mais on ne peut pas tout avoir.
Mais revenons à la trame du roman de notre ami Gouëllo, fort de ses 8 années passées sur l’île de Beauté. C’est bien ficelé, y’a même chez Yann l’un des héros du Gouëllo que ne désavouerait pas Berthomeau. « Notre action peut-être au début française, mais pour être efficace doit ensuite contaminer l’Europe et le Monde. Premier exemple pour lancer le débat : est-il normal que les légumes en conserve, petit pois, haricots, cornichons traversent la planète sous forme congelée, soient l’objet de spéculations dans des bourses mondiales et vous soient servies sous des marques française à votre insu ? Exigeons la provenance des matières premières et ensuite chacun se déterminera. »
Comme vous le savez je ne consomme que des cornichons bas-bourguignons 100% bio linkce discours me va droit au cœur.
Mais je m’égare. La Corse, celle pour laquelle les pinsuttu n’entravent que dalle ! Bien sûr y’a « Pasquale (qui) dû ralentir pour laisser trottiner une laie, toute de noire vêtue. J’aperçus ses marcassins dans les phares de notre Toyota… »
Note du taulier : en Corse 3 types de voitures les grosses allemandes dont la Porsche Cayenne en vedette, la guimbarde pourrie rafistolée qui roule à donf en vous collant au cul dans les virages et le pick-up Toyota pour chasseurs et autres activités nocturnes qui dotent la Corse des seuls panneaux de signalisation en braille existant de par le vaste monde.
« Quelques « milliers » de virages plus loin, un bovin errant fantomatique surgit du maquis à droite de ma portière, obligeant Pasquale à faire une brusque embardée pour l’éviter en frôlant le vide. »
Portait-elle la boucle d’oreille règlementaire pour toucher la prime ? Je ne sais…
Ce que je sais c’est que notre Loïc a bien traduit la société de paradoxes qu’est la Corse « qui assume ses contrastes, ses contradictions, avec ses codes sociaux particuliers, fondés sur le respect de la tradition, des anciens, l’honneur du clan. Les individus s’effacent s’ils ne sont pas chefs. En effet, à l’instar des sociétés préhistoriques c’est le rapport de force qui régit les relations. Dans la vie de tous les jours, on utilise l’intimidation, la menace, voire l’usage de la force physique. »
« Cette « raison du plus fort » a des conséquences sur toute la société corse. (…) Elle entraîne une dynamique de « non-développement », de rejet du progrès économique ou social. Elle produit de l’immobilisme en interdisant toute méritocratie. Je m’explique : les clans se sont répartis les territoires économiques, tels les BTP, routes, commerces, paillottes… Dans une région géographique le clan maîtrise l’activité et interdit toute concurrence. Pas d’innovation, pas d’apports extérieurs, pas de volonté de s’agrandir, de rivaliser avec le voisin. Pas d’emploi dans le secteur hors du clan. Le marché local captif insulaire essentiellement touristique ainsi que les emplois publics sont suffisants pour faire tourner toute l’économie locale, à condition de ne pas accroître le nombre de bénéficiaires sur la gâteau. Pas question de voir évoluer la Corse comme la Sardaigne ! »
Quand j’y pense la Corse possède 4 clubs de foot pro pour 306 000 habitants, deux à Ajaccio l’ACA et le GFCA et deux à Bastia le SCB et le CAB.
Lorsqu’Elisa, qui est d’origine bretonne, se désole « je ne réussis pas à faire passer deux qualités indispensables pour moi, que mes parents m’ont laissées en héritage : la curiosité et le sens de la fête. » elle parle d’or.
Je n’en dirai pas plus et surtout je ne parlerai pas « ni du mille feuilles au brocciu et légumes confits au basilic, ni de la selle d’agneau aux parfums du maquis et sa blanquette de févettes à la pancetta, ni de la fiadone au cédrat, ni du sorbet clémentine » servis à la Villa Corse du boulevard de Grenelle et encore moins du « Saparale blanc servi en entrée et du comte de Peraldi rouge, cuvée du cardinal pour finir. » car ce sont là des vins de la Corse du Sud alors que mon cœur est au Nord du côté de Patrimonio chez mon ami Antoine Arena et de Murielle Giudicelli entre autres.
Lu et apprécié, ça se lit d’un trait, la fin est un peu elliptique mais compréhensible, les femmes toujours les femmes… Notre ami Loïc aime manifestement « Les jambes des femmes qui sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie » et pour moi c’est un gage supplémentaire de l’estime et de la sympathie que je lui porte.