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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 00:09

« Il n’y a qu’à Los Angeles qu’auraient pu éclore des écrivains comme Nat West, John Fante, Raymond Chandler et Charles Bukowski. » Tout, sauf des suceurs de glace, avec eux les mots, sous leur burin d’écrivains, débarrassés de leur gangue, vous éclatent à la gueule tel des diamants bruts, vous prennent à la gorge comme de l’alcool dur.

 

« Dominique Molise, j’ai dit envisage la situation avec lucidité. Tout se passe-t-il comme prévu ? Réfléchis soigneusement à ton évolution, jette un regard impartial sur ta vie. Où en es-tu Dom ? » cette phrase de John Fante je l’avais notée à l’encre bleue, aujourd’hui délavée, sur l’un de mes tout premier petits carnets. Un maître de l’écriture pour moi. Dan Fante, son fils, écrit non sans tendresse « Le cadeau que John Fante, mon père, m’a offert c’est son cœur pur d’écrivain. » De lui Ben Pleasants écrit « La dernière fois que j’ai vu Dan Fante, c’était à l’enterrement de son père. J’ai lu ses bouquins et je tiens à te dire : « John, ne t’en fais pas. Ton fils est un putain d’écrivain. Tu peux être fier de lui. Maintenant son nom lui appartient. » 

Joyce Fante, la veuve de John, dans l’Avant-propos De l’alcool dur et du génie  www.13enote.com traduit bien mes sentiments « Entre les mains pas si gentilles de Dan Fante, la poésie tient plus de la chirurgie ou de la salle de musculation que de la peinture ou de la musique. Fante coupe des tranches de vie et nous les met sous le nez. Souffrance et autodérision sont les outils de l’écrivain. Il ouvre son cœur avec la tendresse d’un marteau ou d’une paire de tenailles. »

 

Ça explose à chaque page et, bien sûr, la fragmentation laisse retomber beaucoup de gravats mais reste que, dans ce fracas, cette fureur, des pépites jaillissent et éclaboussent le coeur de leur lumière glaciaire. En voici une dont Luc, le bathyscaphe de mes abysses, appréciera toute la vénéneuse âpreté.

 

La première fois

que je t’ai vue

ma tête a tournoyé comme une assiette blanche

et

s’est écrasée

 

sur ta scandaleuse beauté

 

Tu avais

vingt-deux ans

tu auditionnais

tu avais les pages de ma pièce à la main

tu disais « d’accord » au metteur en scène, « comme vous voulez »

et moi assis – assommé – con comme un crayon

tout ce que je voulais, c’était t’arracher ta robe avec les dents

te lécher partout

vider mon compte en banque

quitter ma copine

perdre cinq kilos

t’embarquer pour un week-end à Rose Rita Beach et t’épouser

 

écrasé, extatique

déjà fou d’amour

 

bien avant que tu viennes vers moi et dises « salut, moi c’est Anna »

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