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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 02:09

Éveil tardif, Chloé m’attendait pieds nus sur la terrasse, un bol de thé entre les mains, enveloppée dans une vaste chemise d’homme en coton écru dont les échancrures montaient jusqu’en haut de ses cuisses m’offrant une brèche dont je profitais pour glisser mes deux mains sous la toile rêche et empoigner ses crêtes iliaques. Je n’ai jamais su résister à l’érotisme torride de ces deux ailes pointées à la fois vers le ciel et mes mains. La vallée qu’elles surplombent attise chez moi une frénésie intérieure, forme de houle contenue prête à déferler sur les flancs si lisses, si suaves, si doux. Chaleur intense mais sans éruption, ce sont mes doigts, le bout de mes doigts qui frôlent, glissent, cherchent la faille, l’entrelac des lèvres tièdes, la résistance. Une fois cerné ce dur, le ressenti du corps qui appelle, la lente ouverture, le miel, insistance lente, raids foudroyants, fausse résistance, toutes les défenses tombent, la brèche devient puits, nulle reddition, l’offrande impérieuse, projection impudique, poupée de son embrasée. Pas de pitié, la capitulation jetait le corps humide entre mes bras. Féline, Chloé rugissait, me griffait le dos, me mordait le lobe de l’oreille, sans jamais demander grâce. Mon sexe silex irradiait mon bas ventre mais restait sec, refusant la décadence. Ce matin-là, nous soldions ainsi nos infidélités, sans un mot, avec une rage un peu désespérée. En écrivant ces lignes je tremble.

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Dans la division du travail logique que nous avions décidée, Chloé prenait en charge les galonnés de l’état-major, plus particulièrement les colonels, plus jeunes, plus chauds aussi, mais surtout clés d’entrée dans le cercle des officiers généraux. Se glisser entre les cuisses d’une beauté, la posséder n’avait aucun prix pour ces étalons. Avec une facilité dérisoire ils lâchaient tout sans même y être invité par Chloé. J’en devenais jaloux car moi je me contentais des pouffiasses, aux cheveux gras et sales, des tas sans grâce qui m’enflaient la tête avec leur logorrhée révolutionnaire. Au mépris de nos conventions je m’attaquais à la très jeune femme d’un général, une ganache adipeuse et arrogante, Juan Manuel Guillermo Contreras Sepúlveda, qui deviendra le directeur de la DINA de 1973 à 1978, le service de renseignement chilien sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet. Nous nous étions croisés à une réception à l’ambassade des Etats-Unis. Francophile, timide mais pas farouche, notre bref échange se cantonna dans la banalité et pourtant je sus de suite qu’elle tomberait au premier assaut. Aux flancs de son époux plastronnant elle suintait un ennui parfumé de jasmin de Séville. Mes manœuvres d’approche furent longues et complexes parce que le mari la tenait sous bonne garde. La solution vint d’elle et de ses dévotions.  Quoi de plus rassurant pour un mari jaloux qu’un couvent.  Avec la complicité d’un jardinier sympathisant des socialistes nous nous retrouvâmes chaque matin, et parfois l’après-midi, dans une resserre attenante au grand Jardin potager du couvent de San Vicente Ferrer.

Franscica, fille unique d’un grand latifundiaire du sud ne portait guère Allende et ses visions dans son cœur mais l’aversion pour son époux et ses affidés tempérait ses à-priori contre la populace. Sous ses airs de petite fille sage elle cachait un tempérament fougueux et ardent. Nos ébats me laissaient sur le flanc ce qui donnait à Franscica du temps pour s’épancher sur les sinistres besognes de son Juan Guillermo. De sa voix flutée, elle alternait des plaintes sur sa détresse de devoir encore subir ses assauts tout en ajoutant qu’ils étaient brefs, le général étant un éjaculateur précoce, et des propos glacés sur le sang dont il se couvrait les mains. Ces mêmes mains qui la touchaient. Éliminer par tous les moyens ceux qui pactisaient avec les Rouges relevait pour lui de la dératisation. Le premier a avoir subi le traitement fut le commandant en chef de l'armée, le général René Schneider qui  constituait un obstacle. Avant le scrutin, il avait émis une directive (la doctrine Schneider) selon laquelle la mission de l'armée se limitait à s'assurer du fonctionnement régulier du système politique tant que le gouvernement respecte le cadre légal et constitutionnel. Excluant la force pour renverser le verdict populaire, Schneider affirmait même que ce recours serait considéré comme un délit de haute trahison. Deux opérations distinctes, dirigées par des généraux chiliens et financées par la CIA, furent mises sur pied pour barrer la route à Allende. Leur but enlever Schneider et en accuser la gauche afin de justifier une intervention militaire. Washington joua les Ponce-Pilate et les généraux tentèrent deux enlèvements le 19 et le 20 octobre qui échouèrent. Mais une embuscade, le 22 octobre, une embuscade se soldait par la mort de Schneider.

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