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25 avril 2007 3 25 /04 /avril /2007 00:01
La scène se passe dans un bouge Chez Evelyn qui  " éveillait chez certains visiteurs la nostalgie de Greenwich Village perdu ". Corrine, mère de famille, épouse de Russell éditeur - ils vivent dans un loft à TriBeCa - souhaite adapter " le Fond du Problème ", le roman de Graham Greene, au cinéma. Elle a rendez-vous Chez Evelyn pour en discuter avec un metteur en scène célèbre : Cody. Pour comprendre le dialogue il faut se souvenir que dans " Le fond du Problème ", un homme : Scobie est écartelé entre deux femmes, son épouse " une asticoteuse et une casse-pieds de première " et une jeune fille. Dernier détail, nous sommes à la veille du 11 septembre 2001 à New-York. Bref, bonne lecture, c'est aussi de notre divin nectar dont on parle... 
" - Pourquoi la plupart des hommes sont-ils infidèles ? demanda-t-elle. Je voudrais bien savoir.
- Pourquoi tu me demandes ça, à moi ?
- Parce que tu es un observateur particulièrement perspicace de la sensibilité humaine. Et parce que tu es un homme.
- C'est que nous sommes attirés par l'inconnu.
- Les chattes inconnues.
- Si tu veux. Parce que les hommes sont romantiques. Scobie ne l'est pas. C'est un réaliste. Ne ris pas. Tu crois que je plaisante ?
- C'est quoi ta définition du romantisme ?
- Les attentes irréalistes. Un désir d'infini. La déception causée par le réel. le réel étant le familier. Le corps d'une femme avec laquelle on a déjà couché. Lorsqu'on baise une inconnue, on explore le vide à la recherche du sens.
- Oh, pitié.
- Tu admettras, j'en suis sûr, que les femmes sont plus réalistes que les hommes. Je te donne un exemple. Là, maintenant, j'ai très envie d'une bouteille de Bourgogne. Il y a longtemps, dans les années, oh, disons, en 93, j'ai bu une bouteille de La Tâche 71, et je n'ai eu de cesse, depuis, de retrouver cette félicité. J'ai descendu des dizaines non, centaines de bouteilles du même genre durant la dernière décennie, et j'ai déboursé des milliers et des milliers de dollars pour ce privilège, et non seulement je n'ai jamais retrouvé la splendeur de cette expérience, la plupart des nectars étant en fait du tord-boyaux - clair, amer, sans générosité, l'équivalent oenologique du portrait que Greene nous livre de ce vieux pruneau de Louise - mais en plus, chaque fois que je me plonge dans une carte de vins, je commande un Bourgogne, dans l'espopir de triompher de la dernière expérience malheureuse, toujours à la recherche de cette extase originelle et peut-être illusoire de ce La Tâche 71.
- Je vois exactement ce que tu veux dire, fit Corrine. La dernière fois que Russell m'a demandé comment je me sentais remonte à 1993, mais je n'arrête pas d'essayer de lui parler depuis, dans l'espoir de retrouver la splendeur de cette expérience.
- Et si on commandait une bouteille de vin ? dit-il.
- C'est, je crois, la dernière chose dont j'aie besoin.
Elle regarda sa montre.
- J'ai deux enfants à la maison. Je dois me lever à sept heures.
- Ne te cache pas derrière tes devoirs maternels.
Essayant d'attirer l'attention d'une serveuse, il agita les bras au-dessus de sa tête.
Au cours de cette soirée, elle avait déjà bu plus que de raison, mais cela ne lui déplaisait pas, en partie parce qu'elle était ivre. Et combien d'occasions avait-on dans la vie de se saouler la gueule avec une légende vivante ? D'un autre côté, elle n'avait pas envie d'être grise au point de se retrouver dans une situation scabreuse. "

in La Belle vie de Jay McInerney éditions de l'Olivier 2007

 

 

 Je rêve, cher François, qu'un jour, pour service rendu à la viticulture française, je puisse tremper mes lèvres dans ce nectar divin...

 

 

 

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