Le 13 mai à mon réveil la nouvelle est tombée dans ma boîte électronique.
Dans le monde impitoyable de la notation du vin, orphelin du grand Bob, on m’annonçait qu’un nouveau-né allait ramasser son héritage.
C’était le couple Bettane+Desseauve qui se disait est fier de m’annoncer le lancement officiel de Wine Lister, le tout nouveau standard de notation, avec lequel nos équipes collaborent.
Vous vous doutez bien que je fus bouleversé.
Comme vous le savez je suis très friand de notation, je m’en délecte sans retenue et là loin de l’antique artisanat on ne me proposait rien moins qu’un standard.
Ça me rappelait l’aura et le prestige des désormais célèbres agences de notation qui se sont illustrés sur notre belle planète mondialisée. : Standard & Poor's, Moody's et Fitch.
Les géniteurs de Wine Lister, comme de bien entendu, soulignait que ce standard était attendu, tel l’enfant Jésus, pour mettre de la rationalité dans le grand foutoir de la notation du vin.
Que voulez-vous une vache n’y retrouvait plus ses veaux entre l’héritière de notre bonne école publique le sur 20 et le fameux sur 100 du grand Bob qui, en bon impérialiste américain, l’avait imposé au nez et à la barbe des braves franchouillards.
À Bordeaux, point de salut pour la notoriété et la cagnotte des propriétaires de GCC en dehors des 100/100 de Parker.
Aujourd’hui le vieux monde est derrière nous le monde du vin « a besoin d’un système de notation objectif et complet, intégrant tous les indicateurs qui comptent :
- la qualité
- la notoriété de la marque
- les facteurs économiques
Ça fleure bon les nouveaux critères du dernier classement de Saint-Émilion.
C’est du sérieux, du dur, un vrai outil moderne qui a nécessité « plus de 4 années de recherche et développement. En effet, l’équipe de Wine Lister a : interviewé pendant 12 mois les membres clés du monde des grands vins ; établi des partenariats avec les meilleures sources d’informations ; compilé des données exclusives. »
Pour les geeks vous pouvez retrouver tout ça dès aujourd’hui sur le site www.wine-lister.com.
La note de qualité sera définie m’indique-t-on par l’association de « Trois équipes d’experts parmi les plus renommées au niveau international, Jancis Robinson, Antonio Galloni (Vinous) et Bettane+Desseauve. Ils ajouteront une évaluation du potentiel de garde de chaque vin.
La somme des « meilleurs » ne peut qu’accoucher bien évidemment que de l’excellence. Je n’aurais pas l’outrecuidance de contester cette auto-proclamation même si j’éprouve bien des réticences sur cette forme d’arithmétique de l’entre-soi.
Du côté de la force des marques, pour l’évaluer « Wine Lister a aussi analysé l’ampleur et la profondeur de la distribution dans les meilleurs restaurants du monde et conclu un partenariat avec Wine-Searcher, le site de vin le plus visité au monde, pour incorporer les analyses de recherches. »
Là j’avoue que la formulation des géniteurs ne m’éclaire guère sur la valeur de l’évaluation de ce qu’est réellement leur notoriété sur les différents marchés. Attendre et voir...
Enfin, la force économique d'une marque me dit-on « se compose du volume traité compilé par le Wine Market Journal, le leader mondial des données relatives aux ventes aux enchères de vin, ainsi que de données de prix méticuleusement traitée par Wine Owners, une référence en termes de gestion de portefeuilles et plateforme d’échanges. Parmi les facteurs économiques, Wine Lister prend aussi en compte l’évolution des prix ainsi que leur stabilité.
Là encore je rends les armes, je reste très dubitatif sur la valeur de ces grandes compilations qui ne m’apparaissent pas comme un gage de pertinence. Ça me rappelle les mégas-études chères aux scientifiques de santé publique qui compilent souvent des choux et des navets.
Mais ne soyons pas négatif laissons-nous charmer par le doux chant des «algorithmes impartiaux et complexes de Wine Lister»
En effet, rassurez-vous bon peuple des grands amateurs, ceux-ci « appliquent les mêmes paramètres à chacun des vins traités par le système, exploitant de manière anonyme l’abondance de données à leur disposition – approximativement dix fois plus que n’importe quel autre système de notation. »
Et voilà le nouveau-né accouché : l’échelle sur 1 000 points qui permettra de conserver toute la précision et le potentiel de différentiation qu’offre cette combinaison de facteurs.
« Cette redéfinition fondamentale de l’échelle de notation permet à Wine Lister d’éviter la concentration des notes dans le haut de la traditionnelle échelle sur 100 points. Les notes de Wine Lister couvrent la totalité de l’échelle sur 1 000 points, ce qui signifie que les notes autour de 900 points sont beaucoup plus dures à atteindre que les notes autour de 90 données par les critiques. »
Acceptons-en l’augure ! N’étant ni mathématicien, ni concepteur d’algorithmes «impartiaux et complexes» je ne peux que me prosterner devant le bel outil.
Le succès, la crédibilité d’une telle entreprise se jugera à partir de l’adhésion et de la confiance des futurs utilisateurs.
Les concepteurs se veulent rassurant : « Wine Lister est un centre d’informations détaillées pour tous ceux qui travaillent dans le monde du vin, s’y intéressent ou y sont impliqués d’une quelconque autre manière. Il vous apportera une aide unique et précieuse. »
Ils nous invitent à visiter le site et à découvrir près de 20 000 évaluations de millésimes, pour environ 2 000 étiquettes différentes (un chiffre qui atteindra 5 000 la première année) www.wine-lister.com
Alors lecteurs consommateurs, allez-y, découvrez, forgez votre opinion, posez des questions, dites-nous si ce merveilleux outil vous l’attendiez, vous semble-t-il utile, indispensable, incontournable comme on le dit aujourd’hui.