Quand, comme moi, « ménagère de + de 50 ans du 3e type », qui fait ses courses dans le petit commerce, sa bouffe avec que du bon, qui boit ce qui se fait de mieux, tu es de sortie dans Paris tu ne peux pas la rater la campagne de publicité pour le VAL, IGP d’Oc, elle s’affiche sur une flopée d’abribus.
Dans mon 14e limite 13e y’en a partout, grosse artillerie.
Comme je ne suis pas né de la dernière pluie mon petit doigt me dit : avec un tel patronyme c’est sûrement un nectar du géant de Narbonne.
Alors, ni une, ni deux, en ancien vendeur de vin parisien au temps de la défunte SVF où nous faisions quasi-seuls de la publicité, comme nous les gars du Val doivent avoir mis leur marque en avant dans tout Paris. En effet, le consommateur par l’odeur de la publicité va se précipiter pour trouver ce vin.
Donc je me mets en chasse.
D’abord au plus près, en aval de chez moi le Franprix doté d’un rayon vins conséquent, chou blanc !
Je descends sitôt du côté du petit Auchan où je n’ai jamais les pieds, de nouveau le chou est blanc.
Pas découragé je pousse jusqu’au Monoprix de le rue Daviel qui fait une belle place au vin, je cherche en vain.
Comme je ne suis pas du genre à jeter l’éponge je décide, au fil de mes échappées belles à vélo de m’arrêter au hasard chez d’autres enseignes.
Je signale à mon lectorat provincial que Paris est envahi par la GD format riquiqui.
Super U rue Montorgueuil, je fais mon deuil.
Et puis, réflexion faite, que du côté de la Place d’Italie y’avait autrefois un Champion et un Géant Casino, alors encore un coup de vélo.
Le Champion, allée Django Reinhardt, est maintenant un Market Carrouf, j’attache ma bête et je pénètre, fouine, rousine, pas de Le Val que dalle !
Je poursuis car à quelques mètres l’ex-Géant Casino est devenu un grand Monoprix. C’est immense, je me perds dans la lingerie, j’erre, enfin je tombe sur la cave, genre chic, petite, me fait une fausse joie avec un VAL qui n’est pas Le Val et là encore queue de chique !
Je rumine et je décide de pousser jusqu’à la Chine là où dans mes souvenirs fut implanté rue de Choisy l’un des premiers hypermarchés de Paris dont j’ai oublié le nom. Le père Houellebecq doit y aller acheter ses boîtes de thon.
Je remonte en selle et je me retrouve à Chinatown face à un Géant Casino. Ça grouille, des turfistes, je progresse jusqu’au rayon vin. Je commence par la muraille de rosés. Je commence à désespérer lorsque presque que tout en bas je tombe nez à nez avec Le Val rosé. Faut vraiment être doué pour le trouver.
3,50€ la boutanche. Ne reculant devant aucun sacrifice : j’achète.
Remarque de la ménagère de + de 50 ans du 3e type : tout au long de mon périple je suis toujours tombé nez à nez avec La Roche-Mazet le nectar IGP d’OC de la petite maison Castel. Au Géant Casino la boutanche est à 2,40€.
Autre remarque la Mythique AOP Languedoc est, elle, à 3,80€ soit l’épaisseur d’une feuille de cigarette entre l’AOP et l’IGP. Ils font tout pour me donner raison les gars de South of France.
Ma conclusion après ce long périple (autour du Géant Casino de la rue de Choisy je n’ai croisé aucune publicité pour Le Val) c’est que lorsqu’on engage une campagne de pub aussi massive dans Paris on prend le soin de placer le maximum de produit dans les enseignes parisiennes.
Bien évidemment, pas question de trouver Le Val chez Nicolas, notre Pierre Castel ne promeut pas les marques des grosse coopés qu’il a toujours détestés.
On va m’objecter que cette publicité sur les abribus va être vue par les banlieusards qui vont s’empresser de se précipiter dans leurs hypermarchés pour acheter ce nectar. Permettez-moi d’en douter, l’usager du bus comme celui du métro tourne le dos à la pub obnubilé qu’il est par sa course contre la montre pour arriver à l’heure au boulot.
Il faudra donc que l’on m’explique quel est l’objectif de cette campagne de publicité pour un vin de GD dans un Paris qui n’est pas le paradis des hypermarchés.
Je ne ferai aucune remarque ni sur le packaging ni sur l’affiche ça m’évitera de me faire de nouveaux amis dans l’Aude.
Mais c’est quoi ce Le VAL ?
C’est la nouvelle gamme de vins IGP d’Oc de Vinadeis.
Mais c’est qui Vinadéis ?
Version officielle
« Aventure humaine avant tout, Vinadeis est une vision de la viticulture et du vin, alliée à un esprit pionnier que ses promoteurs ont souhaité mettre au cœur de l’entreprise. Pour nous, qui sommes les héritiers de cette épopée, il s’agit de poursuivre une œuvre et de puiser dans ses origines l’inspiration qui doit nous conduire au dépassement.
Le Groupe, dont le siège est basé à Narbonne, fait référence en tant que première entreprise coopérative française de vins tranquilles, dans la première région vinicole du monde, le Languedoc Roussillon. »
« 7 vignerons des Corbières en 1967, aujourd’hui plus de 1 600 vignerons et près de 400 collaborateurs, notre groupe est devenu le premier producteur de vin en France. Vinadeis conjugue un esprit pionnier, ouvert sur le monde et un attachement fort aux valeurs de respect des hommes et des territoires. »
Version du Taulier
Pour les vieux de la vieille Vinadeis c’est le mariage des mammouths de l’Aude : le Val d’Orbieu et d’UCCOAR avec dans sa calebasse Cordier-Mestrezat de Bordeaux.
Mais ce n’est pas tout Vinadeis s’est aussi pacsé avec au printemps dernier avec le géant coopératif In Vivo (céréales, santé, nutrition animale, distribution…) pour devenir un ténor mondial de la viticulture.
C’est Vinadeis-Vivo Wine;
« Un objectif d'un demi-milliard de CA dans 4 ans
L'objectif initial de 500 M€ de chiffre d'affaires en 2020 pourrait être atteint dès 2017. La semaine dernière, le conseil de surveillance a entériné la montée en puissance à l'international et la mise à disposition d'une capacité d'investissements de 100 M€ aujourd'hui disponible. Il s'agit de procéder à de nouvelles acquisitions alors que les premiers chiffres de l'activité 2015 sont excellents.
«Nous espérons boucler Vinadéis à 308 M€. C'est le plus haut niveau historique jamais atteint par notre groupe. En 2014, c'était seulement 268 M€. Avec In Vivo Wine, on peut estimer que le nouveau périmètre du groupe s'établit autour de 345 M€ en prenant notamment en compte les activités de Cordier-Mestrezat» s'enthousiasme Bertrand Girard, président du directoire de Vinadeis, prolongement de Val d'Orbieu et d'Uccoar. Lui-même a rappelé la farouche volonté d'avancer vite sur tous les marchés.
«Depuis quelques mois, on note la faiblesse des chiffres nationaux sur différents marchés. La France a reculé en 2015. Les chiffres nous ont donné raison. On peut le regretter mais c'est comme ça. Il nous faut donc anticiper et réagir, trouver des relais de croissance externe dans des pays consommateurs comme les Etats-Unis, l'Angleterre ou l'Europe du Nord. Il s'agit de favoriser des appels d'air pour mieux vendre nos vins» poursuit Thierry Blandinières du groupe coopératif In Vivo. »
La suite à la fin de ma chronique.
Mais revenons à la gamme Le VAL : 2 rouges Merlot, Pinot Noir, un blanc Chardonnay et un rosé Pinot Noir
Version officielle
LE VAL
« Le Val est la meilleure sélection du « jardin » Val d’Orbieu. Un jardin de 17 000 ha situé au cœur du Languedoc. Une gamme à l’image du groupe coopératif Val d’Orbieu composé de plusieurs vignerons, personnalités, caractères, mais qui s’entraident et s’unissent pour proposer des vins de qualité.
Nos œnologues ont élaboré avec le plus grand soin ces vins de cépage de caractère, sophistiqués, novateurs et conviviaux qui restent fidèles à leur origine : la terre du Languedoc.
Fiche technique du vin : (je reproduis la fiche sur le site Vinadeis mon rosé à moi est étiqueté Pinot Noir et sur l'affiche de pub c'est du Grenache) c'est vraiment le grand jardin des cépages on s'y perd...
Fiche technique du vin :
Notes de dégustation :
Ce Mourvèdre Rosé offre un nez élégant dominé par des arômes de petits fruits rouges dévoilant une bouche fraîche à la finale gourmande et fruitée.
Données utiles :
Vinification : Démarre avec une sélection des raisins aux moments des vendanges. Sélection de nos caves adhérentes. Utilisation d’un procédé moderne de vinification en contact avec du bois qui combine les méthodes traditionnelles avec une longue période de macération et le procédé de macération à chaud.
Méthode de récolte : Mécanique
Ce vin est conduit sous la houlette du Faiseur de Vin Olivier Dauga
Il est estampillé par Butane&Degaz.
Je ne l’ai pas encore goûté mais j’ai visionné la vidéo ci-dessous Accord Met et Vin: Carré d'agneau de Provence - Le Val Pinot Noir 2013
Ajoutée le 20 janv. 2015
« Découvrez l'accord Met et Vin: Carré d'agneau de Provence, haricots coco, girolles et jus de chèvre cuisiné par Ludovic Dziewulski du restaurant Le Vivier à L'Isle sur la Sorgues, accompagné du vin Le Val Pinot Noir 2013, IGP Pays d'Oc. »
2 remarques :
- Cette vidéo a reçu 105 visites depuis sa mise en ligne il y a presque 18 mois dont 3 pour mon compte. On ne peut pas dire que la stratégie sur le Net de Vinadeis soit au top. Sans me pousser du col sur mon petit blog je fais beaucoup mieux.
- La seconde est beaucoup plus corrosive : à qui fera-t-on croire qu’un étoilé au MICHELIN va inscrire un IGP d’OC de GD à 3,50€ prix consommateur sur sa carte des vins. Ça sent la vidéo sponsorisée soit zéro crédibilité pour tout habitué de ce genre de maison.
Sans faire le ramenard ceux qui m’ont tout appris du côté de la maison Pernod-Ricard m’ont toujours dit, et ils ont raison, qu’il faut d’abord être fort sur son marché domestique avec ses marques avant d’espérer en développer à l’international.
Et de ce côté Vinadeis-In Vivo Wine n’en manque pas d’ambition :
« Pour booster la croissance rapide, le groupe doit procéder à des acquisitions et à des partenariats. Un premier dossier est cours de finalisation au Japon, une société de distribution qui pourrait apporter 25 M€ de chiffre d'affaires supplémentaires. La course aux opportunités est ouverte en Amérique du Nord et en Europe du Nord.
Le groupe coopératif audois Vinadeis veut accélérer son développement à l'exportation. Axes de développement : le Japon mais aussi les marchés du vin d'Amérique Latine en s'implantant au Brésil.
Pour améliorer la balance des échanges viticoles à l'export, Vinadeis et son partenaire In Vivo Wine préconisent un développement ultrarapide. Le groupe Vinadeis-Vivo Wine accélère. L'ensemble constitué au printemps dernier avec le géant coopératif In Vivo (céréales, santé, nutrition animale, distribution…) pour devenir un ténor mondial de la viticulture, entend singulièrement augmenter le rythme de son développement.
Un objectif d'un demi-milliard de CA dans 4 ans
Pour booster la croissance rapide, le groupe doit procéder à des acquisitions et à des partenariats. Un premier dossier est cours de finalisation au Japon, une société de distribution qui pourrait apporter 25 M€ de chiffre d'affaires supplémentaires. La course aux opportunités est ouverte en Amérique du Nord et en Europe du Nord.
En avril, le groupe inaugurera son centre ultramoderne de traitement du vrac à Béziers. Mieux, le 4 mai prochain, la méga coopérative française va, officiellement installer, à Sao Paulo (Brésil), un nouvel établissement cofinancé et cogéré par FéCoVita le partenaire coopératif argentin.
«C'est pour nous une précieuse opportunité d'entrer dans le Mercosur, le marché des vins d'Amérique latine. Les argentins vont nous aider et de la même manière nous allons accompagner leur démarche en Chine» explique le Leucatois Joël Castany, président de Vinadeis, qui entend jouer sur tous les marchés existants, y compris dans le créneau des entrées de gamme. C'est la stratégie du cheval de Troie pour mieux vendre ensuite les premiums languedociens et les grands crus bordelais de Cordier.
C'est dans cet état d'esprit, conquérant, qu'est envisagé le développement d'accords avec les coopératives italiennes ou espagnoles, seules capables de présenter des vins payés entre 30 et 40 € l'hecto aux producteurs. Pour que la France regagne quelques parts de marchés évaporés. »
Ce discours, Joël Castany me le tenait déjà en l’an 2000, même si j’en souris, Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage. Morale qui conclut la fable de La Fontaine Le Lion et le Rat.