Le mois de mai né dans le gris et la sinistrose, basculait avec une soudaineté désinvolte, plaquait un soleil dru sur un ciel pur. Coincé entre le 1er et le 8 mai, deux dimanches, l’Ascension sauvait les adeptes des Ponts qui fuyaient la ville et la livrait à ceux qui l’aimaient. J’étais de ces derniers. Allais-je enfin lever le voile, la découvrir, lui faire jeter au fossé ses dernières défenses, la mettre à nu ? Le soleil allait-il être mon allié ? Je me laissais aller à l’espérer.
J’ouvrais mon écran et j’y lisais : Triste nouvelle: la moitié des amitiés est à sens unique, selon une étude publiée dans la revue PlosOne et repérée par le New Yorg Mag. Je m’en fichais, me foutais des études sur tout et rien, nous étions bien plus que des amis et ce qui m’importait c’est que nous entrions ensemble dans la vraie vie. Que nous nous aimions, si loin, si proches ; que plus rien ne pourrait nous séparer.
J’attendais. Je l’attendais.
« Une bourrasque soudaine secoue les branches des arbres dispersant un tourbillon de feuilles qui chatoient étrangement dans la vive lumière filtrée. Des feuilles comme des voyelles, des chuchotements de mots comme un souffle de mousseline. Les feuilles sont des voyelles. Je les balaye dans l’espoir de trouver les combinaisons que je cherche. La langue des dieux secondaires. Mais Dieu lui-même ? Quelle est sa langue ? Se mêle-t-il aux vers de Wordsworth, aux phrases musicales de Mendelssohn, fait-il l’expérience de la nature telle que le génie la conçoit ? Lever de rideau. L’opéra humain se déploie. Et dans la loge réservée aux rois, plus un trône qu’une simple loge, siège le Tout-Puissant.
Il est salué par les tuniques tournoyantes des novices qui chantent ses louanges en récitant le Masnavi. Son propre fils est présenté sous les traits du berger dans Chants d’innocence. Dans La Bohème de Puccini, Colline, le miséreux philosophe, résigner à déposer au mont-de-piété son unique manteau, chante l’humble aria « Vecchia Zimarra ». Il dit adieu à son manteau adoré bien qu’usé, qu’il imagine gravissant la pieuse montagne, tandis que lui reste derrière, à parcourir la terre amère. Le Tout-Puissant ferme les yeux. Il boit au puits de l’humanité, étanche une soif que nul ne pourrait comprendre. »
Sur l’écran de mon IPhone un message s’affichait « t’as vu Huchon, c’est vraiment le pompon ! »
Copinage ?
« Manuel Valls lui a promis la présidence de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer). Un poste qu'il pourrait occuper dès le 20 juin, date à laquelle le mandat de l'actuel patron de l'Arafer, Pierre Cardo, prendra fin.
Une retraite dorée en somme pour l'ancien président de la région Ile-de-France, qui avait accepté de ne pas briguer un quatrième mandat lors des dernières élections régionales pour laisser le champ libre à Claude Bartolone, le candidat de... Manuel Valls.
Il fallait bien recaser Jean-Paul Huchon, contraint et vexé d'avoir abandonné son siège à la région à son rival - avec le succès que l'on sait. Mais pas d'inquiétude, la présidence de l'Arafer, avec une rémunération de 148.000 euros bruts annuels pendant six ans, n'a rien d'un placard poussiéreux et misérable. »
Je tapote sur mon écran : « Huchon a toujours aimé le pognon, les gros nichons et les moches dondons… »
Ironie de l’histoire : s’il succède à M. Cardo, ex-maire (UMP) de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), à la présidence de l’Arafer, Huchon prendrait la suite de celui qui fut le tombeur de Michel Rocard, dans son fief des Yvelines, aux législatives de 1993. M. Cardo avait aussi battu M. Huchon, candidat à son tour dans la circonscription, d’une courte tête, en 1997.
Triste fin, à 70 balais on dégage d’un paysage où Huchon a croisé, dit-il, « tellement de traîtres, de médiocres et de connards ». Sans doute ne se souvient-il plus de la manière si élégante dont il a trahi Rocard pour un plat de lentilles.
L'éternelle "doublure" se libère progressivement de ses figures tutélaires : il rompt avec Michel Rocard en 1998, lors de la campagne des élections régionales, en déclarant dans Le Parisien que "sa candidature serait paradoxale. Où serait le renouvellement qu'illustre Lionel Jospin ?" et acquiert une image de traître chez certains caciques du PS.
Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'Economie et porte-parole de la campagne, après un long suspense sur sa propre candidature, finit par l'introniser comme "le meilleur pour l'Ile-de-France". La tête de liste PS a pour adversaire à droite Edouard Balladur qui un jour, lui avait dit "votre réputation n'est pas parvenue jusqu'à mes oreilles". Le 24 mars 1998, Jean-Paul Huchon devient le premier président de gauche de l'Ile-de-France.
A la tête de la « gauche plurielle », il dispose d'une majorité relative face à la droite et au Front national. Fin tacticien, Jean-Paul Huchon déploie des trésors de diplomatie, élabore de subtils compromis, fait preuve de pragmatisme. Lui qui se définit comme "libéral-social en économie et libertaire sur les mœurs", dont les rondeurs lui valent les surnoms de Big Cat, l'Edredon ou le Polochon, sera réélu par deux fois. La liste PS-Europe-Ecologie-Front de gauche bat largement la liste de droite menée par Valérie Pécresse en 2010.
Jean-Paul Huchon connaît aussi des difficultés judiciaires. En 2008, il est condamné pour prise illégale d'intérêts pour avoir poussé le conseil régional à contracter avec trois sociétés de communication où émargeait son épouse, intermittente du spectacle. Mais la cour d'appel annule la peine d'inéligibilité prononcée en première instance, car il n'y a ni préjudice pour la région ni enrichissement personnel. »
Tourner la page, je l’ai fait.
Elle m’interroge sur Macron ?
Emmanuel Macron ou l’art de brouiller les lignes par Françoise Fressoz
« Emmanuel Macron s’apprête à présider la traditionnelle cérémonie des fêtes en l’honneur de Jeanne d’Arc, dimanche 8 mai à Orléans, à l’invitation du maire Les Républicains de la ville, Olivier Carré. L’occasion pour lui de développer sa vision de la République, quelques jours après que François Hollande a explicité sa vision de la gauche.
Emmanuel Macron, c’est d’abord un âge (38 ans), une tête bien faite (DEA de philosophie, ENA), un parcours atypique (jamais élu, ex-banquier d’affaires), une ingénuité politique revendiquée : « Je suis dans la bienveillance, je n’ai jamais dit une phrase négative contre tel ou tel, je ne veux pas être embarqué dans la comédie humaine », jure-t-il tout en flirtant allègrement avec la ligne jaune. En réalité, une sorte de flibustier qui « casse le verrou de cette profession réglementée qu’est devenue la politique », dixit son ami Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne. Mais Emmanuel Macron, c’est aussi une offre politique atypique qui prétend enjamber le traditionnel clivage gauche-droite pour construire une majorité en 2017. Macron ou l’art de brouiller les lignes avec quelques idées bien arrêtées.
Le mot « idée » est fondamental chez ce novice qui, avant même de faire une entrée fracassante en politique, a revendiqué l’importance de l’idéologie pour soigner un pays dépressif. Il l’a fait en marge du Parti socialiste qui, depuis l’échec de 2002, a le plus grand mal à se définir, et au côté du président de la République, qui n’a jamais voulu conceptualiser ses propres évolutions. « On a créé un pragmatisme au quotidien. Il manque quelque chose », a diagnostiqué Emmanuel Macron dès le début du quinquennat en fustigeant « une gauche postmoderne qui a renoncé aux grandes histoires pour régler de petits désaccords locaux ». Pour lui, pas de politique sans récit ni de récit sans idéal.
Dans un long article publié en juillet 2015 dans la Revue des deux mondes, il préconise de réinvestir « les trois rêves » qui fondent, selon lui, l’identité française : « le rêve de l’égalité, le rêve d’Europe, le rêve industriel ». Mais quand on lui demande aujourd’hui de dire ce qu’est le « macronisme », il botte en touche : « Je suis incapable de le définir, je crois dans mon pays, son énergie, ses valeurs, sa capacité à réussir dans la mondialisation, je crois au progrès », se contente-t-il de répondre. Macron ou la confiance retrouvée. Un peu court.
« Tony Blair jeune »
Le jeune ministre de l’économie avait cependant le sourire lorsque, à la mi-avril, le journaliste de la BBC Andrew Marr l’a comparé à « Tony Blair jeune ». Blair, le héraut de la troisième voie, l’homme qui, dans les années 1990, avait porté l’estocade au travaillisme britannique. Depuis, non seulement la troisième voie a perdu le pouvoir, mais elle a été rangée au rayon des accessoires par l’opposition britannique. « Macron, c’est un Tony Blair mais adapté à son temps », corrige l’essayiste libéral Mathieu Laine, fondateur de la société de conseil Altermind, qui s’enthousiasme : « Personne dans le monde politique français n’a aussi bien compris les opportunités qu’offre la nouvelle économie. »
«Liberté » est le mot dominant dans le vocabulaire d’Emmanuel Macron. « Liberté » qui rime avec « individu », « opportunité », « prise de risque », « optimisme », « progrès ». Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, constate : « Il entre dans tous les sujets par le prisme de la liberté, c’est un vrai libéral. » Cela explique sans doute l’accusation récurrente qu’une partie de la gauche lui fait : trahir son camp. Pourtant, nuance l’historien Alain Bergounioux, membre du secrétariat national du PS : « Il existe à gauche une famille libérale, de tendance libertaire, c’est un héritage de mai 1968. »
Démocrate protéiforme
Rien ne dit cependant que Macron, qui se revendique « de gauche », soit un libéral-libertaire. Sur les sujets de société, on ne l’a guère entendu, sauf lors du débat sur la déchéance de la nationalité où sa contestation était d’ordre philosophique. « Je ne pense pas qu’on puisse traiter le mal en l’expulsant de la communauté nationale, la responsabilité des gouvernants est de prévenir et de punir implacablement les actes terroristes », avait-il déclaré en se démarquant fortement de François Hollande et de Manuel Valls, qui menaient à l’époque un combat constitutionnel pour priver de la nationalité française ceux qui avaient été condamnés pour actes terroristes.
Les proches d’Emmanuel Macron brouillent à loisir les pistes en rappelant qu’étudiant, il a fait un bout de chemin avec Jean-Pierre Chevènement avant de fréquenter, sous l’impulsion du philosophe Paul Ricœur, l’équipe de la revue Esprit, en pointe dans la réhabilitation du libéralisme politique. « Macron a le sens de l’Etat un peu raide », souligne un de ses amis. « J’accepte la verticalité du pouvoir », plaide l’intéressé. Et même plus si l’on en croit cette interview surprenante accordée à l’hebdomadaire Le 1, en juillet 2015. Interrogé sur le malaise démocratique, Macron répond : « Je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort du roi. La terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là, la démocratie ne remplit pas l’espace… »
Un troisième ami le décrit pourtant comme un « vrai démocrate » tendance girondin, comme Rocard, accordant « une grande place à la responsabilité individuelle » et à « la délibération publique ». Il le situe dans la continuité d’Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue Esprit, initiateur du personnalisme, ce courant spirituel qui cherchait une troisième voie entre le capitalisme libéral et le marxisme.
Jacques Delors, un modèle critique
Dans l’histoire compliquée de la gauche, un autre homme, mal-aimé par le parti socialiste, s’est nourri de personnalisme : Jacques Delors, chrétien engagé, convaincu que chacun, dans la société, doit prendre sa part de responsabilité. A cinquante-deux ans de distance, les deux hommes se ressemblent. Non seulement à cause de leur foi en l’Europe et de leur combat revendiqué pour une zone euro plus intégrée, mais aussi par leur approche des problèmes nationaux. Lorsque Emmanuel Macron se fait fort de « déplier les problèmes pour lutter contre l’opacité, mettre à jour les rentes, attaquer les privilèges », il marche dans les pas du Jacques Delors des années 1960 qui, au côté de Jacques Chaban-Delmas, avait tenté d’accoucher « la nouvelle société » en débusquant les jeux de rôle du patronat et des syndicats.
Toutefois, comme rien n’est simple, Jacques Delors se déclare aujourd’hui « déçu » par Macron à cause de cette tirade prononcée en janvier 2015 depuis les Etats-Unis : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires. » L’ancien ministre sous François Mitterrand y voit comme le signe d’une déviance, révélatrice de l’époque : « Le rôle excessif de l’argent est néfaste. On s’en sert même pour encourager l’individualisme », s’est-il indigné devant la journaliste Cécile Amar, qui le rapporte dans son livre L’Homme qui ne voulait pas être roi (Grasset, 234 p., 18 euros).
Mais, sur l’autre rive politique, un observateur bienveillant applaudit : Alain Madelin, le seul à avoir osé, sous la Ve République, se présenter à l’élection présidentielle sous l’étiquette libérale. C’était en 2002. Il avait obtenu 3,91 % des suffrages exprimés. « Macron a le bon discours, il est avec nous », se réjouit l’ancien président de Démocratie libérale, reconverti dans la finance mais toujours en alerte.
Au lendemain des attentats de janvier 2015, M. Madelin était sorti de son silence pour appeler à un « projet rassembleur », axé sur la relance de la croissance. Il y voyait l’ultime chance pour les politiques de sauver la mise. C’est à cette aune qu’il juge les propositions de Macron : « Ouvrir à la concurrence pour casser les rentes, très bien ; agir sur la fiscalité du patrimoine pour favoriser le capital productif, indispensable. » Mais il ajoute : « Je lui dénie la possibilité d’entraîner la gauche parce qu’il n’a pas l’épaisseur de gauche, il lui manque un discours d’empathie sociale. »
Nouvelle école keynésienne
Qu’y a-t-il de social dans la pensée d’Emmanuel Macron ? Question cruciale pour cet adepte de la politique de l’offre qui ose dénoncer « la préférence française pour la hausse des salaires et des dividendes », quitte à être accusé par une partie de la gauche de faire la politique du Medef. Son message le plus explicite concerne le marché du travail qu’il décrit comme dual : d’un côté les « insiders », bénéficiaires d’un contrat stable, de l’autre les « outsiders », travailleurs précaires ou chômeurs, tenus à l’écart. Des jeunes, pour la plupart, qui ne parviennent pas à se faire une place dans la société.
« L’ambition est de prendre des risques par rapport à notre clientèle électorale, de tenir un discours sur la capacité de la gauche à ouvrir des droits réels en partant du réel ... »
Dans cette vision, inspirée par la nouvelle école keynésienne, les acquis sociaux s’apparentent à des rentes injustes et inefficaces qui élèvent une barrière entre les uns et les autres. Pour la faire sauter, une seule solution : flexibiliser le marché du travail, encourager les entrées comme les sorties. La représentation a le mérite d’être claire, mais elle heurte de plein fouet la tradition de la gauche française. L’intéressé en est conscient. « L’ambition est de prendre des risques par rapport à notre clientèle électorale, de tenir un discours sur la capacité de la gauche à ouvrir des droits réels en partant du réel », plaide-t-il.
Avant lui, Dominique Strauss-Kahn avait joué les défricheurs à l’intérieur même du PS. C’était il y a douze ans, en 2004, dans une note publiée par la Fondation Jean-Jaurès, l’ancien ministre de Lionel Jospin remettait prudemment en question la logique de la répartition en plaidant pour « un socialisme de l’émancipation », davantage tourné vers la promotion individuelle. L’idée n’était plus de corriger les inégalités a posteriori par la redistribution, mais d’empêcher qu’elles se forment en amont. Nul ne sait cependant combien ce « socialisme de l’égalité réelle » pesait au sein du PS, car Dominique Strauss-Kahn n’a jamais pris le risque de se compter. Aujourd’hui, Luc Rouban, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po, évalue à 6 % à peine la proportion d’électeurs qui pourraient se retrouver dans le social-libéralisme. « D’une manière plus générale, la proportion de libéraux ne dépasse pas le tiers de l’électorat », ajoute-t-il en recensant les différentes familles libérales de gauche et de droite.
Mais un tiers de l’électorat, c’est beaucoup dans une élection présidentielle qui, en raison du poids pris par le Front national, se joue de plus en plus au premier tour. Le mouvement En marche ! a été conçu pour cela : tenter d’agréger cette masse d’électeurs, par-delà le clivage gauche-droite, en jouant sur toutes les craquelures du système. »
Ce que cache l'hommage de Macron à Jeanne d'Arc
« Le propos est signé Emmanuel Macron: « La République est un point de départ, je veux parler de Jeanne d’Arc pour en revenir à un récit national ». Cette sentence a été prononcée ce mardi, devant ses proches, par le ministre de l’Economie, en marge de la visite d'une usine Areva du Creusot. Emmanuel Macron expliquait ainsi le but de son déplacement à Orléans, le 8 mai prochain, afin d’y rendre une sorte d’hommage à Jeanne d’Arc. En clair, le dessein que nourrit le favori des sondages, s’il fait ce qu’il dit, n’a pas fini de faire jaser.
De fait, s’il se saisit de cet hommage à Jeanne d’Arc pour se livrer à un exercice de célébration du récit national, avec à la clé une mise en cause du fonctionnement d’une Europe qui a été "impensée" depuis la chute du mur de Berlin et l’écroulement du bloc soviétique, Emmanuel Macron sortira pour la première fois de son domaine de compétence. Evoquer Jeanne d’Arc, trianguler cette figure révérée par l’extrême-droite, pour la réinjecter dans un « récit national » transcendant tous les clivages, c’est s’aventurer sur un champ politique qui relève par nature, en Ve République, du Chef de l’Etat. »
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Michel Serres : « La seule autorité possible est fondée sur la compétence »
On parle partout de la "crise de l'autorité". Tout le monde cherche l'autorité perdue. Mais de quoi parle-t-on ? Il ne s'agit plus de l'autorité "coup de bâton". Cette autorité-là n'est que le décalque des conduites animales, celle du mâle dominant chez les éléphants de mer ou les chimpanzés. C'est pourquoi, quand je vois un patron avec son staff autour, plein de courbettes, je ne peux m'empêcher de penser aux ruts des wapitis dans les forêts de Californie du Nord. Cette autorité-là fait marcher les sociétés humaines comme des sociétés animales.
La hiérarchie est animale, il n'y a pas de doute là-dessus. Dès que vous exercez une contrainte, vous redevenez la "bête humaine". Le nazisme est le symbole de cette autorité, représentée - ce n'est pas un hasard - par un animal. L'autoritarisme a toujours été une tentation des sociétés humaines, ce danger qui nous guette de basculer très facilement dans le règne animal. En France, une femme meurt tous les jours sous les coups de son compagnon, mari ou amant. Est-ce cela, l'autorité masculine ? L'autorité perdue que l'on essaie de récupérer peut vite conduire au retour de l'autorité "coup de bâton".
La véritable autorité, celle qui grandit l'autre
Heureusement, la culture humaine a remplacé le schéma animal. Dans la langue française, le mot "autorité" vient du latin auctoritas, dont la racine se rattache au même groupe que augere, qui signifie "augmenter". La morale humaine augmente la valeur de l'autorité. Celui qui a autorité sur moi doit augmenter mes connaissances, mon bonheur, mon travail, ma sécurité, il a une fonction de croissance. La véritable autorité est celle qui grandit l'autre. Le mot "auteur" dérive de cette autorité-là. En tant qu'auteur, je me porte garant de ce que je dis, j'en suis responsable. Et si mon livre est bon, il vous augmente. Un bon auteur augmente son lecteur. »
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