« Mille millions de mille sabords de tonnerre de Brest* »
C’est par le capitaine Haddock que Brest est entré dans mon imaginaire…
Depuis, marin d’eau douce que je suis à peine, je ne sais toujours pas distinguer le sabord et le bâbord…
Et puis, toujours au temps de mes culottes courtes, Brest ce fut aussi le Paris-Brest de maman… et Paris-Brest et retour de mon grand-frère qu’aimait la petite reine…
Le Finistère, la fin de la terre, la rade, le quartier de la Recouvrance, la rue de Siam, peuplèrent plus encore mon imaginaire où les ports occupent une place de choix car longtemps je fus ces «… voyageurs retour de Damas qui partaient pour l’Océanie regardaient avec émoi, symbole de la vie errante, des mouettes qui n’avaient jamais quitté Saint-Nazaire. »
Comme les courageux qui me suivent depuis belle lurette le savent j’écris chaque jour que Dieu fait depuis plus de 10 ans, alors parfois il me suffit de puiser dans mon vivier pour trouver de quoi broder (Broderie Glazig bien sûr, du côté de Quimper) sur tout et rien.
C’est le cas aujourd’hui où j’ai mis le Cap sur Brest pour aller assister à 1 Festival des crustacés…
Dans les frimas de fin janvier 2010 j’écrivais :
« C’est un simple pâtissier de Maisons-Laffitte, Louis de son prénom comme pépé Louis, doté d’un patronyme fort répandu : Durand qui ne vous prédestine guère à la notoriété, pouvait créer dans son anonyme « laboratoire » un des musts indémodables de la pâtisserie française.
« Le Paris-Brest qui, comme son nom l’indique, s'inspirait d'une très vieille classique de la petite reine : le Paris-Brest-Paris créée en 1891 par Pierre Giffard du Petit Journal (elle défuntera en 1951 faute de participants). Elle avait lieu tous les 10 ans et comptera en tout et pour tout 7 éditions (interruption pendant le 2d conflit mondial, reprise en 48). »
Le gâteau, créé lui en 1910, est censé représenter une roue de bicyclette avec des rayons en pâte à pain (certains pâtissiers, dit-on, perpétuent la tradition des grands Paris-Brest, si vous en connaissez faites-le savoir). Ceux de maman, fine cuisinière et excellente pâtissière, dans mon souvenir, avaient de 35 à 40 cm de diamètre. Pour faire simple le gâteau consiste en une couronne de pâte à choux garnie d’amandes effilées, garnie d’une crème au beurre ou d’une crème mousseline pralinée… »
Encore un peu d’Histoire pour l’édification des larges masses et mon ami Christophe Larcher :
« Paris-Brest-Paris doit sa naissance en 1891 à un homme, Pierre Giffard, alors « chef des informations » (de nos jours on dirait « rédacteur en chef ») du Petit Journal.
Passionné par les nouvelles technologies de son époque, il a déjà publié un certain nombre d’ouvrages de vulgarisation sur le télégraphe, le téléphone, le phonographe, la lumière électrique.
C’est avec le même enthousiasme qu’il a découvert la bicyclette et ses avantage : « la vélocipédie est plus qu’un sport, c’est un bienfait social » écrira-t-il.
En 1890 il publiera chez Firmin-Didot « La Reine bicyclette ». C’est du titre de cet ouvrage que vient l’expression « la petite reine ».
En cette fin du XIXème siècle les courses cyclistes se multiplient. Les bicyclettes sont maintenant pourvues de pneumatiques gonflables.
En mai 1891, le journal « Le Véloce-Sport » et le « Bordeaux Véloce Club » organisent une course devenue elle aussi mythique : le Bordeaux-Paris. 600 kilomètres en une seule étape.
Les britanniques, alors très en avance sur la France tant techniquement que sur le plan sportif remportèrent la course haut la main. Alors que les organisateurs pensaient que la course allait s’étaler sur plusieurs jours, l’anglais George Pilkington Mills parcouru la distance non-stop en 26 heures 34 minutes. Les trois suivants étaient eux aussi britanniques, le premier français (Jacques Jiel-Laval) ne terminant que plusieurs heures plus tard.
Pierre Giffard qui couvrit l’arrivée pour « Le Petit Journal », enthousiasmé par ce premier Bordeaux-Paris, estima que l’on pouvait faire encore plus fort. Avec le soutien total du patron de son journal il publia peu de temps après, le 11 juin 1891, un article intitulé :
« La course du Petit Journal – De Paris à Brest et retour : 1200 kilomètres ».
À bientôt sur mes lignes…
* L'expression tonnerre de Brest vient du coup de canon qui annonçait chaque jour l'ouverture et la fermeture des portes de l'arsenal à 6 heures et à 19 heures aux pieds du château de Brest.