Les chefs de LR pilonnent Hollande, Juppé salue un «très bon discours», l’Assemblée Nationale se comporte mal, les aboyeurs de la droite sont dans la surenchère, n’épiloguons pas seul notre poulain se tient bien et ça nous va bien. Il assume les erreurs, critique à bon escient, pour l’heure nous n’avons rien à faire sinon à engranger les points.
Je vais m’asseoir pour lire en terrasse.
« La guerre civile qu’ourdissent les maos, c’est surtout dans l’usine Renault-Billancourt, la « forteresse ouvrière », qu’ils vont la mener : parce que, entreprise nationalisée, modèle industriel et social, elle symbolise le triple pouvoir contre lequel ils se révoltent, l’État flic, le patronat, le syndicalisme jaune, c’est-à-dire : la complicité « objective » du gaullisme et du communisme – complicité datant de la guerre –, cette « complicité nauséabonde », dirait Alain Geismar.
« … les démocrates bourgeois… pourquoi se priver de ces alliés même temporaires, même nauséabonds ? » lit-on par ailleurs dans les Cahiers prolétariens.
Pierre Victor, alias Benny Levy, grand timonier de la Gauche Prolétarienne :
«Et vous me mettrez quatre caisses de « démocrates » pour la manif de Saint-Nazaire! »
« Par « démocrates », les maos désignent, non sans mépris, les universitaires, écrivains, peintres, acteurs, membres de professions libérales diverses, qu’ils ont recrutés comme compagnons de route – et qu’ils rançonnent financièrement… »
« La célébrité de ces personnalités permet par ailleurs aux maos de médiatiser leurs coups :
- Si les flics, tabassaient des manifestants, il valait mieux qu’ils s’appellent Claude Mauriac que Mohamed ou Dupont, car on était sûrs, alors d’avoir les gros titres… »
« Quand, avec 30 ans de recul, on parcourt les interviews incendiaires que certains intellectuels de gauche donnèrent au début des années 70, et qu’on s’en étonne auprès des ex-maos, ils vous expliquent que c’est i=un langage « situé », « daté »…
Sauf que, « Le problème de ce « double langage », c’est que nombre de jeunes marginaux (peu au fait du jésuitisme normalien) n’en perçoivent qu’une seule dimension qu’ils prennent à la lettre, ce qui en a conduit bon nombre au terrorisme – no verbal celui-là. « La fraction Armée Rouge, s’est inspirée des textes des Temps Modernes. »
Que disait Sartre sur son tonneau à Billancourt ?
« Qu’il préférait parler aux prolétaires, parce que qu’à l’usine les prolétaires sont directement victimes de la violence bourgeoise. « Et contre cette violence, il n’y a pas de moyens légaux ! »
Pierre Overney a suivi avec enthousiasme les consignes de la GP. Celle-ci prépare en effet la « lutte armée ». Elle décide de multiplier les « actions de partisans » : bris des cadences à l’usine, représailles directes contre les contremaîtres, séquestrations, expropriations, sabotages, manifestations violentes… »
« Le modèle à suivre, pour le général mao Pierre Victor, c’est la rébellion des ouvriers de Sochaux en juin 1968 : « Onze CRS ont alors été tués, de l’aveu des ouvriers, pas de l’aveu du ministre de l’Intérieur, confie-t-il dans une longue interview à Michèle Manceaux. »
« La prochaine fois c’est avec les flingues qu’on accueille les CRS » lui auraient-ils dit !
« Renault doit prendre exemple sur Sochaux. Le pouvoir est au bout du fusil ! »
- J’en veux à Pierre Victor et à Alain Geismar de nous avoir menés en bateau, confie aujourd’hui Dédé. Les gens comme moi et Pierrot, on a été utilisés… On était impressionnés par des types qui nous faisaient faire n’importe quoi. Victor, il ne regardait que son intérêt : le pouvoir ! Aujourd’hui, je ne le ferais plus avoir…
- À la GP, explique Michel Chemin, on transformait les ouvriers en singes savants qui récitent leurs leçons : le Petit Livre Rouge… on n’essayait pas de leur ouvrir des horizons. On les abaissait. On cherchait à en faire des brutes qui cassent du contremaître.
Morgan Sportès « Ils ont tué Pierre Overney » Grasset