Tout fout le camp ma bonne dame, mon brave monsieur, après que les vaches soient devenus folles à force de bouffer des farines animales les raviolis ont été fourrés au minerai de cheval, et voilà que les coccinelles allemandes, voitures cultes des bobos de la Côte Ouest, trichent à plein pot catalytique et que nos salades bodybuildées sont aromatisées au DDT…
Et pourtant nous avions confiance, car c’est beau, même très beau, la confiance car elle peut être admirable, aveugle, candide, filiale, fraternelle, ingénue, mutuelle, naïve, profonde, sereine, touchante… absolue, sans bornes, sans limites, sans réserve.
Naïfs comme nous sommes nous étions bien incapables d'imaginer que des maisons ayant pignon sur rue, de « belles et anciennes marques » puissent abuser de la nôtre par tromperie, trahison ou incompétence.
Eh ! bien si, force est de constater que les maisons de confiance sont à remiser au rang des vieilleries, des colifichets pour gogos, et que leur réputation de sérieux bien établie qui impressionnait favorablement la clientèle n’est plus qu’un lointain souvenir.
Cocus nous sommes, trompés certes mais n’avons-nous pas dans ces affaires une part plus ou moins large de responsabilité ?
Victimes nous sommes mais aussi parfois des victimes bien consentantes, attirées par les lucioles des slogans publicitaires gobés à la télé, des fanfreluches du marketing, des beaux emballages, des belles bouteilles emplis de 2 sous de matière première.
Si les maisons de confiance ont tiré leur rideau de fer c’est que beaucoup d’entre nous les ont désertées leur préférant les grands et hideux temples païens du bord des villes où l’on se rend dans sa voiture diesel qui pue un max pour pousser des caddies que l’on empli jusqu’à la gueule de tout ce que l’on dit avoir besoin.
Faut arrêter de chouiner braves gens vous ne recevez là que la monnaie de votre pièce. Tant que vous achèterez les yeux fermés des produits à deux balles fabriqués n’importe où de par le monde par des petites mains payées dix fois moins que 2 balles, ne vous plaignez pas lorsque vous êtes les dindons de la farce.
La confiance ça se mérite et pour faire confiance à une personne physique ou morale il est nécessaire que se tissent des liens de réciprocité entre elle et nous : ça se nomme la confiance mutuelle comme dans un couple. Ça nécessite une forme de proximité qui n’existe plus dans une relation avec des entreprises mondialisées obsédées par le seul profit, la compétitivité, dirigées par des managers interchangeables et rémunérés pour leur performance financière. Le produit qui nous est vendu n’est plus qu’un véhicule sur lequel on a accolé une marque mais dont le contenu est interchangeable en fonction des coûts du minerai. Les marques de distributeur en sont des exemples frappants.
Le capital de confiance accumulé au cours des années peut se dilapider, s’évaporer, éclater comme les bulles financières, c’est ce qui vient d’arriver à Volkswagen et plus largement à la motorisation diesel.
Alors à qui donc pouvons-nous faire confiance si tout le monde ment à tout le monde et que de surcroît nous nous mentions à nous-même ?
- La société de défiance s’installe et se ramifie : « Quand les règles passent pour universellement tournées, ceux qui les respectent se sentent floués.»
« Un employé raconte son travail à la sociologue du travail Marie-Anne Dujarier : «Si je respecte la procédure qualité au moment de la réception des palettes de viande congelée, les poulets ont le temps de décongeler. Alors je fais mon travail, et après, je m’occupe de leurs papiers.» C’est-à-dire mettre les poulets au congélo avant de remplir le formulaire D32 ! Ainsi, le salarié désobéit, fausse les procédures de reporting… mais pour le bien du client.
La réflexion de ce restaurateur, la chercheuse l’a trouvée typique des stratégies de dissimulation qui ont envahi, selon elle, le monde du travail. «Combien de fois j’ai entendu un salarié me dire : "Qu’on nous laisse bosser !" Dans toutes les grandes organisations, on demande à chacun d’atteindre des scores et des objectifs chiffrés - qui ont un impact sur l’avancement, les augmentations, la fermeture d’un service entier. Les salariés sont donc incités à fabriquer des chiffres conformes à ce qu’on attend d’eux : un travail en soi, qui vient en plus de leur "vrai" travail.»
Nouvel exemple de la façon dont des économistes font la « une » des médias avec de la « gonflette », ici spectaculaire, sur les coûts. Il s’agit du « coût social des drogues en France » (lien vers l’étude ). Chiffre choc dans la presse : près de 250 milliards d’euros par an, tel serait le coût social en 2010 de la consommation de tabac et d’alcool (dites « drogues légales », environ 120 milliards chacune), et des drogues illégales (8,7 milliards).
Comme l’écrit Le Monde du 11 septembre, « à trois jours du début de l’examen du projet de loi de santé au Sénat, [ces chiffres] tombent à point nommé pour la ministre de la santé, Marisol Touraine, qui s’apprête à faire face à de nouveaux assauts parlementaires contre la loi Evin ou la mise en place du paquet de cigarettes neutre ». Au fait, qui a financé l’étude ? Marisol Touraine, via la Direction générale de la santé.
C’est pourtant une étude « sérieuse » (au regard des théories économiques dominantes fondant les « analyses coûts/bénéfices »), bourrée de références, appuyée sur des choix méthodologiques transparents. Mais vous auriez tort de la prendre au sérieux, de la prendre au mot, ou au chiffre. Voici pourquoi, à vous de juger ensuite si mes arguments vous semblent recevables ou non.
La défiance est au coeur du mal être des Français car elle détruit notre lien social. La société française est refermée sur elle-même et la défiance par indifférence réciproque s'entretient d'elle-même...
Ce manque de confiance collectif en nous-même ouvre la porte aux peurs, nous sommes craintifs, repliés sur nous-mêmes et c’est du pain béni pour les vendeurs d’illusions, les charlatans qui guérissent les écrouelles par des promesses mirifiques…
Que faire alors ?
«Allez avec confiance dans la direction de vos rêves! Vivez la vie que vous avez imaginée» – Henry David Thoreau
Le poète à toujours raison…