Je dédie d’un même mouvement cette chronique à nos chers communistes et à leurs fervents compagnons de route ainsi qu’aux petits génies de Face de Bouc qui refont la crise grecque au vue de leur incommensurable compétence.
« Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite. » Talleyrand
C’était un expert : Louis-Philippe à son chevet l’entendit lui souffler
- Sire, je souffre comme un damné.
- Déjà !
Nous sommes gouvernés par ceux que, majoritairement nous avons élus, même si tel n’était pas l’orientation de notre vote, flanqués de leurs technocrates, et la somme de ces majorités souvent contradictoires dans l’Union Européenne devrait amener les redresseurs de torts français de tout poil, de toute obédience à être un peu plus modeste dans leur soi-disant analyse et à bannir l’invective qui souvent leur tient lieu d’argument. Mais il est plus simple d’instruire des procès simplistes que de rechercher un bon compromis.
Le tous pourris est le symptôme le plus grave et le plus pernicieux de l’état de déliquescence de notre système démocratique.
Nous avons les dirigeants que nous méritons. Ils sont à notre image.
Dans ma vie professionnelle j’ai eu l’occasion de travailler au contact de certains grands de ce monde accompagnés de leur suite souvent courtisane : ha les sherpas ! Attali, Lauvergeon… Ce ne sont que des humains avec leurs grandeurs et leurs faiblesses, n’en faisons pas des faiseurs de miracles, des gens qui ne sont pas comme nous.
Puisant dans le livre de Philip Short, un anglais, François Mitterrand le portrait d’un ambigu, je vous rapporte quelques anecdotes.
Mitterrand à Reagan Washington 22 mars 1984 (archives) à propos du complexe d’encerclement des Soviétiques
« Pour l’expliquer, il faut avoir recours à la psychanalyse. Celle-ci nous a enseigné que nous pouvons être marqués par ce qui est arrivé à notre mère à partir du troisième mois de la conception. Eh bien, eux continuent de vivre leur pays au travers de ses trois premières années […]
Permettez-moi de vous raconter une histoire : je sais que vous les appréciez.
Un homme fou croit qu’il est un grain de blé. Pour le guérir de cette grave affection, il faut l’hospitaliser et, après un long séjour et des soins intensifs, il est guéri. Il y a même une petite fête pour sa sortie. Tout le monde est très satisfait. Il sort et, à quelques distances de là, il rencontre une poule. Le fou, terrifié, recule et revient en courant à l’hôpital. « Mais enfin ; lui dit le médecin, vous êtes guéri. Vous savez bien que vous n’êtes pas un grain de blé ! » Et le fou de répondre : « Moi, je le sais bien, mais la poule, elle, est-elle au courant ? »
La blague de Reagan à la fin du même entretien
« Un jour, une femme russe va à la rencontre de Brejnev. Elle lui rappelle qu’ils ont autrefois couché ensemble, et, en souvenir de cet épisode, elle lui demande d’aider son fils à obtenir une place à l’Université. « Ah bon, je ne me rappelle pas, mais, au fond, peut-être. [Mais] dis-moi, où et quand avons-nous couché ensemble ? » « C’était au dernier congrès du Parti Communiste, répond-elle. Nous étions assis côte à côté, et pendant le discours d’un orateur, nous avons dormi ensemble. »
Entretien de Mitterrand avec Konstantin Tchernenko le 21 juin 1984 (Verbatim Attali Vol. I)
« Un communiste français qui faisait partie de la délégation fit remarquer que Tchernenko « avait l’air d’un cadavre ». Pour briser la glace Mitterrand demanda à Gorbatchev, qui venait d’arriver et était assis à la gauche de Tchernenko, pourquoi il n’avait pas fait partie de la délégation lors de la réunion plénière du matin. « Cela ne dépend pas de moi, Monsieur le Président », répond Gorbatchev. À la question de Tchernenko, qui demanda pourquoi il était en retard, il expliqua qu’il venait d’une réunion sur la production agricole. « Tout le monde dit toujours que [notre agriculture] va bien, continua-t-il, mais c’est faux, ça n’a jamais marché. » Déconcerté, Tchernenko lui demanda ce qu’il voulait dire. « Les paysans s’en foutent, les transports sont désorganisés, les fonctionnaires paresseux et incompétents… », commença Gorbatchev. « Depuis quand ? » l’interrompit Tchernenko. La réponse fusa : « Depuis 1917 » L’interprète russe, comprenant soudain l’énormité de ce qui venait de se dire, s’arrêta au milieu de la phrase. »
Le courtisan mitterrandien par Laure Adler, conseillère culturelle à l l’Élysée, l’Année des adieux 1995
« Le courtisan mitterrandien […] dit « Monsieur le Président » au moins une fois par phrase, […] s’exclame au moindre de ces mots en éclatant d’un rire hors de propos, précède ses désirs […]. François Mitterrand, parce que Président, vit à l’Élysée comme dans une bulle. […] le pouvoir, c’est d’abord et peut-être uniquement le pouvoir sur les hommes. François Mitterrand le sait, en use et quelquefois en abuse au palais. Il rend otages […] ceux qui l’entourent de l’affection qu’il leur prodigue. […] Pour combler cet espace entre une vie privée qu’il ne peut plus avoir […] et une vie officielle qui le corsète et l’empêche d’être naturel, il s’est créé ou il a créé une cour [qui] est pourtant, par essence, inégale. Lui seul peut demander. Généralement, il obtient et quand, par exception, il n’obtient pas, […] il ne comprend pas. »