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12 juillet 2015 7 12 /07 /juillet /2015 07:00
CHAP.15 opération Chartrons, «Touche pas à mon église» entaille le papier avec autant de légèreté que le soc de la charrue sillonne la terre. On est dans le lourd, dans tous les sens du terme.

« Oublier Palerme… »

 

Au plus vite rendre les armes, confiné chez moi par la canicule je vivais, sans doute possible, l’une des semaines les plus noires de mon existence, forme concentrée d’annus horribilis, furieux contre moi-même, brassant des idées noires, laissant vagabonder, errer mon imagination, je fabriquais les pires images tout en guettant ses messages qui n’arrivaient jamais. Je suis injuste il y en eut, mais il me fallait recevoir d’elle une volée de bois vert. Elle vint. Libération, et puis, comme après l’une de mes affreuses migraines qui me clouaient sur place, le calme revint, un grand blanc, la plénitude, elle était là face à moi à Saint-Germain des Prés. Je me sentais penaud, vidé et heureux. La fureur de l’orage avait nettoyé notre ciel sans déchirer la trame de notre relation, bien au contraire celle-ci s’en trouvait renforcée et je pouvais m’embarquer, l’esprit libéré, dans ce que je savais mieux faire, aider à recoller les morceaux d’une vaisselle que les excités des deux bords s’étaient ingéniés à briser.

 

Je reçus un coup fil du château. Avec quelques précautions de langage, je n’ai pas que des amis dans la maison, mon correspondant me demandait de rappliquer dare à dare à un rendez-vous dans un petit rade du haut du boulevard Saint-Michel. Le café était exécrable, le type aussi. Je le laissai s’enfoncer dans sa suffisance et, alors que je me levais, tout bêtement pour aller pisser, il changeait soudain de registre. Du fiel au miel, ce qui ne m’empêchait pas d’aller vider ma vessie. Là-haut mon action en faveur du déplumé de Bordeaux déplaisait. J’en convenais aisément. Le type souriait jaune. Je l’enfonçai en lui assénant ma façon de penser sur la conduite du quinquennat. Mais, l’urgence aidant, je lui donnai mon accord pour monter dans l’heure sa petite affaire. Enlever une épine du pied de notre cher Président me plaisait à double titre, ça ne pouvait que faire chier l’ignoble Iznogoud et mettre du plomb dans l’aile de ce va-de-la-gueule de Mélanchon.

 

Les détails de l’opération sont bien évidemment à classer « secret d’État »

 

Seul le résultat compte, et il était là :

 

« Selon nos informations, des hauts fonctionnaires de la direction du Trésor et de la délégation française à Bruxelles ont planché discrètement aux côtés des négociateurs grecs, sous haute surveillance de l’Elysée. « Des fonctionnaires se sont mis à disposition de la Grèce pour donner un coup de main, dès le début de la phase aiguë de la crise, concède un conseiller ministériel. Ce sont les Grecs qui tiennent la plume, mais ils se servent de nous comme d’un sparring-partner. »

 

« L’idée n’est pas de dicter aux Grecs ce qu’ils doivent écrire, mais de leur donner des conseils pour faire des propositions de réformes qui soient acceptables par le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne, confirme un autre responsable proche du dossier. Cela revient à leur dire par exemple : attention, telle proposition sur la TVA ou les retraites ne pourra pas passer, telle autre oui. » Avec un objectif : que le plan présenté par M. Tsipras ne soit pas rejeté comme précédemment.

 

Si elle n’est pas endossée par l’Elysée, cette coopération est d’autant moins tenue secrète qu’elle constitue une pièce de plus dans le tableau que François Hollande entend brosser de lui depuis le début de cette crise grecque : celui d’un facilitateur prêt à tout pour rapprocher des protagonistes irréconciliables. « Le président a fait un choix stratégique : tout faire pour obtenir un accord, rappelle un de ses proches. Au-delà du travail de facilitation qui a permis à l’hypothèse d’un accord de redevenir envisageable, on a fait le choix d’agir en coulisse pour aboutir à des propositions crédibles et susceptibles d’être acceptées. On aide beaucoup à ne pas commettre d’impair symbolique. »

 

En clair : apporter une assistance technique aux négociateurs grecs pour les aider à progresser en terrain hostile face à Berlin et au FMI. Le rôle joué par la France est d’ailleurs un secret de Polichinelle à Bruxelles. Depuis le début des négociations en juin, des observateurs de la Commission ont constaté à plusieurs reprises que des documents présentés par Athènes lors de réunions de travail étaient en plusieurs points similaires à ceux présentés par Paris. »

 

Très bonne communication relevée par Le Monde

 

« Ce n’est pas de l’ingérence, c’est normal que la France aide la Grèce puisque la France ne veut pas que la Grèce sorte de la zone euro, explique une source française proche des négociations. C’est bien pour les Grecs parce que ça leur apporte une expertise qu’ils n’ont pas forcément, et c’est bien pour la France parce que cela montre qu’elle est au centre du jeu. »

 

L’obstination présidentielle en la matière semble d’ailleurs n’avoir plus de limites. M. Hollande ne s’occupe plus que de cela, il a encore eu M. Tsipras et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, jeudi 9 juillet, au téléphone. « Il passe des heures avec les uns et les autres pour tisser des fils. Je n’ai jamais vu la France aussi impliquée dans un deal qu’à l’heure actuelle », glisse-t-on à l’Elysée, certain que « ce qui était devenu impossible, aujourd’hui redevient possible».

 

Sous les charmilles d’une terrasse proche de la place de la Réunion, en sirotant un Casanis avec Émilie, je savoure avec délectation le retournement de la situation. Mon âme de médiateur exulte et attise mon ironie à l’endroit de mes amis de la gauche de la Gauche qui marchent en rasant les murs, la queue entre les jambes. Pour rajouter une couche à leur désappointement je vais leur servir sur un plateau d’argent l’interview d’Emmanuel Macron, « L’imparfait en politique » à l’hebdomadaire N°1. Ils vont baver, éructer, me couvrir d’injures. C’est leur façon d’être, la vindicte plus que l’intelligence.

 

Comme l’écrit le graphomane BRP 

 

« … il y avait bien longtemps que l’on n'avait lu, avec intérêt et gourmandise, les propos d’un responsable politique de premier plan délivrant sa part d’intellectuel authentiquement français. Ni diatribe, ni slogan. Ni éléments de langage, ni communication. Dans Le 1, Emmanuel Macron délivre une vision de la France, des Français, du pouvoir et de la politique qui tranche avec les buzz qui nous sont infligés chaque jour. Macron, ce n’est pas du Morano ou du Wauquiez.

 

Lire Macron dans Le 1, on le dit ici parce qu’on le pense, c’est renouer avec la tradition de l’intellectuel engagé en politique, propre au socialisme français. Retour à la tradition de Jaurès, Blum, et Mitterrand.

 

Tel Mitterrand dans La Paille et le grain, Macron parle politique. Il pèse le tout au regard des processus qui règlent notre vie publique. Politique. Démocratique. Médiatique. Enfin, un politique donne le sentiment de penser ! Macron est certes moins intuitif et charnel que Mitterrand contemplant la France vue de la roche de Solutré, « D’ici, j’observe ce qui va, vient et surtout, ne bouge pas ». L’ancien président était un littéraire, Macron est un philosophe. Mais comme son prédécesseur, il s’efforce de comprendre la France, de savoir d’où elle vient, et où il convient de l’emmener.

 

« … Macron plaide implicitement pour le retour à l’homme politique auquel oblige la Ve République. Le De Gaulle ou le Mitterrand. Le souverain charnel et spirituel.

 

L’homme pensant et l’homme d’action. L’homme qui entend incarner la figure du roi qui, effectivement, fait défaut à la France quand celui qui la guide méprise ou ignore l’essence même de son pouvoir.

 

En creux, Macron accable Nicolas Sarkozy, premier président de la Ve République à rompre avec la figure du roi. Mais aussi son successeur, son propre président et ami, François Hollande, le président normal qui se mue désormais en Twittos aventureux et moderne. »

 

Je savoure.

 

Toujours avec ce foutu BRP je me délecte de l’appel « Touche pas à mon église » lancé dans Valeurs actuelles par Denis Tillinac. Une pétition qu’ont signés Charles Beigbeder, André Bercoff, Jeannette Bougrab, Alain Finkielkraut, Gilles-William Goldnadel, Basile de Koch, le Père Alain Maillard de La Morandais, Élisabeth Lévy, Sophie de Menthon, Jean Raspail, Ivan Rioufol, Nicolas Sarkozy, Jean Sévillia, Philippe de Villiers, Éric Zemmour. 

 

« Mais que diable Nicolas Sarkozy est-il allé faire dans cette galère identitaire ?

 

Il faut lire l’appel rédigé par Tillinac, qui entaille le papier avec autant de légèreté que le soc de la charrue sillonne la terre. On est dans le lourd, dans tous les sens du terme. Tillinac est à Barrès ce que Zemmour est à Déon. A droite, l’époque n’est plus au hussard, insolent et indolent, mais plutôt au vieux grenadier de la bien-pensance réactionnaire. C’est le règne des stylistes de sous-préfecture, à Causeur et Valeurs, de Camille Pascal à Elisabeth Lévy. Si on était de droite, c’est bien simple, on aurait honte de signer l’appel de Tillinac, traître à une certaine idée de la littérature à droite.

 

De grâce ! Rendez-nous Nimier et faites vite grandir Consigny. Communiez autant que vous voulez à la désespérance de Drieu mais par pitié, cessez de ranimer le style puceau vengeur de Brasillach. Méditez, encore et encore, Céline, qui disait : « C'est rare, un style. Ce qui m'intéresse, c'est le style. Moi, je suis lyrique... » et ajoutait : « La seule vraie inspiratrice, c’est la mort ».

 

François Hollande en coach politique

 

En quelques jours, Hollande est devenu une sorte de grand frère européen de Tsípras. Voire de coach politique. «Je le lui ai dit dès mardi qu’il ne fallait pas qu’il essaie de chercher une majorité au sein du conseil européen, mais un consensus», a confié Hollande à l’un de ses conseillers. Pour le Français, le Premier ministre grec aura commis au moins une lourde bévue : avoir méprisé les institutions européennes et notamment le président de la Commission Jean-Claude Juncker. La faute à «une certaine inexpérience», souffle un proche du chef de l’Etat.

 

Dès mercredi, Hollande comprend que la liste de réformes structurelles que Tsípras va devoir présenter sera «plus douloureuse» que celles contenues dans le texte de compromis présenté par Juncker une semaine auparavant.«Mais en défendant un plan à moyen terme, Tsípras a quand même la possibilité de parler de dette, d’investissement, et de financement, note-t-on à l’Elysée, et donc de donner un peu de lisibilité à son pays».

 

Grèce : Tsípras a-t-il vraiment capitulé ?

 

«Capitulation», «reddition»… : ce vendredi matin, le concert triomphaliste de tous ceux qui, avec une jubilation parfois suspecte, commentaient les dernières propositions grecques du Premier ministre Aléxis Tsípras, faisait parfois penser au fameux dicton : «Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt.»

CHAP.15 opération Chartrons, «Touche pas à mon église» entaille le papier avec autant de légèreté que le soc de la charrue sillonne la terre. On est dans le lourd, dans tous les sens du terme.
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