Je suis fou du Clairet !
« À Bordeaux le Clairet de château Massereau des Chaigneau fait le miel du Taulier »
« Le taulier est fou du Clairet mais les Bordelais emboitant le pas à la tendance se sont mis dans la tête de faire du « rosais » comme ces marauds de Provençaux. Grand bien leur fasse mais, tout même, lorsqu’on a le privilège de pouvoir élaborer du Clairet on en fait un must, parole de Taulier. Je sais le Clairet n’est pas du rosé mais pour une fois qu’une ambiguïté linguistique concernant une dénomination d’un de nos vins, à Bordeaux de surcroît, est le fruit de nos amis anglais, si prompt à nous moquer pour les subtilités de nos AOC, je ne résiste pas au plaisir de chroniquer. Claret, clairet, sont des héritages so british, et dans son chapitre 4 Jane Anson conte avec détails et précisions l’histoire des New French Clarets dès les années 1660, « où Arnaud III de Pontac s’était aperçu qu’il ne suffisait pas de faire un grand vin, il fallait le vendre… » et il envoya son fils, François-Auguste, accompagné d’un de ses maître-queux, à Londres en 1666 à la fin d’une épidémie de peste bubonique et le grand incendie de la ville… »
Tout ce plaidoyer pour tenter de détourner l’accusation de participer au Bordeaux bashing. Je concède que j’aurais pu moquer les indigènes de la NAP parisienne qui s’exilent sur les planches de Deauville, le remblai de la Baule ou même les pistes cyclables de l’Ile de Ré, mais étant chroniqueur vin comme aime me le rappeler mon ami Michel Laurent qui a fait le négociant à Bordeaux je me dois de me pencher sur la faune du Ferret (appellation d’origine contrôlée du Cap Ferret, tout comme Rolland pour Rolland Garros).
Comme l’écrit Marc Beaugé eut égard à l’amplitude thermique des bords de l’Atlantique, pour ne pas prendre froid, « il s’avère parfaitement utile de disposer, au-dessus de son polo Lacoste, d’une petite laine ».
Cette pratique nous vient des WASP américains « le pull jeté sur les épaules apparaît pour la première fois au début des années 1960 dans les catalogues de vente par correspondance de la marque américaine Sears, particulièrement populaire dans la communauté WASP. »
« Au même titre que le col de polo relevé, il devient rapidement, le signe d’appartenance à une forme d’élite, et finit par traverser l’Atlantique… En France, c’est au milieu des années 1980 que la tendance émerge dans les cercles BCBG, jusqu’alors entièrement voués à l’art de coordonner chaussettes Burlington et mocassins Weston. »
Beaugé est féroce pour lui le pull noué sur les épaules est « le gimmick le plus à droite sur l’échiquier stylistique. »
« … le pull jeté sur les épaules reste très marqué par cette identité et s’avère sujet à un véritable rejet social. Au vrai, l’adepte de ce style court toujours le risque d’être violemment strangulé par un partisan du Front de Gauche, d’un geste sec et simultané sur les deux manches de son pull. »
Même punition pour le col du polo relevé « marqueur social » qui aujourd’hui aux USA « équivaut en terme de distinction, à coller ses fesses contre la fenêtre de l’autocar, le geste semble bénéficier chez nous d’une cote de sympathie grandissante. Il est ainsi de plus en plus fréquent de croiser, dans des coupe-gorge du type Jasmin ou La Motte-Piquet-Grenelle, des grappes de jeunes bien nés et bien peignés vêtus de polos Ralph Lauren ou Vicomte Arthur au col dressé… »
Notre cher maire de Bordeaux, candidat aux primaires des Républicains, adepte du pull noué sur les épaules, devrait rectifier le tir pour séduire les déçus de la gauche…
Enfin, conseil du Taulier, pour protéger son cou des fraîcheurs diurnes rien ne vaut une écharpe nouée…
Ainsi, assis sous la tonnelle face à l’océan il vous sera loisible de boire un bon Clairet…