Suite à mon questionnement sur la sélection des rosés par Régal, sur Face de Bouc le sympathique Yannick Burles, ex-acheteur de Monoprix devenu vigneron après un passage dans nos écoles de viticulture du Ministère de l’Agriculture me taille un costard pour l’hiver au début de l'été territoire de prédilexion des rosés pâles.
« Pourquoi ?
Je n'ai certes pas lu l'article mais j'ai un élément de réponse bien simple: vin nature et vin rosé ne font pas bon ménage. Au-delà du débat sur les vertus du vin Nature, un exemple: je produis un rosé "conventionnel" mais très limité en intrants par rapport à la moyenne (pas de gros collages, fussent-ils bio comme le charbon - beurk! - et une dose très raisonnable de sulfite): le résultat est d'une couleur bien trop soutenue pour le marché, et dès lors il est très difficile, et le plus souvent impossible de faire reconnaître ses qualités. Même les bobos chers à Berthomeau s'arrêtent à la robe, d'autant plus qu'ils ne risquent pas pour la plupart de sortir de leurs chapelles pour goûter un "vrai bon rosé de Provence" (dixit le Jury Prix-Plaisir Bettane+Desseauve cité dans En Magnum)
Jacques, votre croisade pour le vin nature est bien sympathique, de même que la conversion de la RVF, trop radicale et trop subite pour ne pas paraître douteuse, mais cela entretient beaucoup de confusion pour le grand public qui a déjà du mal à comprendre le Bio et tous les "signes de qualité". Là est la bêtise, car de fait le vin nature a plus d'accointance avec le phénomène bobo qu'avec le bon vin et la transcription du terroir, même s'il y a d'heureuses exceptions, chacun en convient, et votre ami Michel Smith a écrit tout ce qu'il y avait à écrire là-dessus! A l'heure où, n'en déplaise au "1 bouteille consommée sur 3", le rosé a encore du mal à se faire accepter comme un "vrai vin", le faire rentrer dans les cases du "vin nu" me paraît un nano-problème au regard des enjeux que vous avez l'habitude d'embrasser avec plus de hauteur de vue! »
Tout y est, Smith, B&D, manque plus que le Pape François qui se préoccupe du Climat, et comme je n’ai nulle envie de faire entrer les vins nus dans une quelconque case mais seulement demander aux éminents dégustateurs délivreurs de la mention le meilleur d’embrasser l’ensemble des vins rosés qui sont proposés sur le marché, y compris ceux qui ne sont pas « conventionnels ». À leur place, rien qu’à leur place, aussi petite soit-elle. Marre des gros culs qui occupent toutes la place.
Point c’est tout, quand à ma hauteur vue, vu que la mienne baisse, elle n’est que celle d’un consommateur acheteur de vin qui choisit et paye, ne déguste pas à l’aveugle et qui en a ras-le-bol des prescripteurs vendeurs de papier glacé, salon incorporé.
Je proposerai à mes chers lecteurs dans les jours qui viennent une palette de rosés nus appréciés par mes amis au féminin et au masculin.
Ce qui m’a fait bondir c’est la référence et à la couleur, et au recours au charbon, pour les rosés pâles.
Un détail aussi : sur la photo la pub pour Listel ses rosés gourmands sont des aromatisés au pamplemousse et autres arômes, certes naturels, ça colle bien avec l’image du vin rosé si difficile à imposer comme étant un vrai vin.
Reste le charbon qui déplaît à juste raison à notre néo-vigneron « conventionnel »
Pour INFO je suis allé :
- A l’IFV pour consulter la GRILLE D'EVALUATION DES PRATIQUES ŒNOLOGIQUES Dernière mise à jour : 08/06/2015 où il y a une rubrique Charbon œnologique
- Charbon œnologique : attention aux effets secondaires par Laure CAYLA - ITV France - Antenne de Vidauban « Depuis peu, les charbons œnologiques sont autorisés sur les moûts blancs, rosés et rouges aux seules fins de décontamination ou de correction de défauts organoleptiques. Leur intérêt, dans ce cadre, a fait l’objet de plusieurs communications récentes. Mais l’utilisation de charbon sur moût rosé affecte également la couleur et le profil gustatif des vins. Le Centre du Rosé a donc évalué, à titre expérimental, les effets secondaires de l’utilisation des charbons œnologiques sur les caractéristiques des jus et des vins obtenus.
Ce teint de visage pâle des rosés me fait penser au bronzage : j’ai commis une chronique le 13 août 2003 suite à la parution du livre de Pascal Ory, très sérieux historien, « L’invention du bronzage » Les Bronzés ont le pouvoir (hymne aux produits de terroir incorporé)
« L’état pigmentaire de nos élites ne laisse aucun doute sur la véracité de mon affirmation, sur les écrans de la télévision : politiques, patrons, peoples arborent tout au long de l’année un hâle plus ou moins prononcé. Signe de puissance, de différenciation sociale : le bronzage accompagné du port ostensible de son accessoire obligé, les lunettes de soleil – dont le format est de plus en plus voyant – est un phénomène social qui mérite qu’on s’y arrête un petit instant en une période de l’année où l’activité principale de beaucoup de nos concitoyens va consister à se dorer au soleil. Pour ma part étant un mauricaut, je prends le soleil sur mon vélo ce qui me vaut de me faire chambrer par ceux d’entre vous que je croise. Je le prends très bien eu égard à ma position si éloignée des lieux de pouvoir »