Je ne parle pas de moi mais des vignerons et je n’écris pas en leur nom.
Alors pourquoi diable une telle affirmation qui frise la provocation ?
Tout simplement parce que l’un d’eux le dit sur le GJE.
Comme je n’ai que peu d’appétence pour les forums : LPV et GJE par bonheur j’ai de bons informateurs.
L’un de ceux-ci, samedi matin, me signalait que sur le blog du sieur Mauss celui-ci avait posté le 27 mai « Incohérences de journalistes du vin » et que s’ensuivait une longue litanie de commentaires.
Parmi ceux-ci, mon informateur me copiait-collait l’un de ceux posté par Hervé Bizeul le vendredi 29 Mai 2015, 21:32 GMT+
Intéressant, très intéressant, comme le diraient les journalistes tendance : clivant, très clivant…
Donc à lire mais, afin de ne pas sortir ce commentaire du contexte de la discussion, si vous souhaitez en prendre connaissance je vous invite à aller sur le site du GJE ICI.
Je n’en retiens pour ma part que la conclusion, même si je partage l’ensemble de l’analyse d’Hervé Bizeul.
« Le temps où les journalistes avaient du « pouvoir » sur les vignerons est révolu. On a plus peur. En tout cas pas moi. »
Les journalistes dégustateurs, à l’aveugle ou en plein jour, critiques de vin qui étaient des faiseurs de roi ne le seraient donc plus !
Leur titanesque travail, lors des Primeurs de Bordeaux ou des dégustations groupées des zinzins du vin débouchant sur des notes sur 20 ou sur 100 ne compterait plus que pour du beurre pour les vignerons et les propriétaires comme on dit dans certaines hautes appellations.
Pourquoi ce soudain dédain de l’utilité des notations pour la prescription et la notoriété des vignerons ?
Petite réflexion matinale sur ce qu’est une note :
- À quoi servent les notes en général ?
À juger la valeur du travail fourni ;
À s’étalonner par rapport aux autres notés ;
À se situer dans le peloton de tête des meilleurs pour passer la barre des concours chers à notre beau pays plein de Grandes Écoles ;
À se motiver…
Je ne sais car mon rapport aux notes a toujours été strictement utilitaire :
- En avoir de bonnes en cours d’année scolaire me permettait de couler des jours tranquilles, qu’on me fiche la paix, la croix d’honneur à la boutonnière plaisait à ma mère ça me laissait donc une large marge de liberté.
- De même pour les examens, mes deux bacs, ma stratégie avait la simplicité de la guerre éclair : cultiver exclusivement les bonnes notes dans les matières à fort coefficient qui vous font passer l’obstacle sans trop de danger. Je visais les 18/20 en dissertation : banco pour le capital de points !
- Mais ayant aussi enseigné j’ai dû noter.
Ma pratique de la notation fut à l’image de la conception que j’avais en tant que noté : pas de notes molles type écarts en 8 et 12, non des très bonnes et de très mauvaises. Ça motivait le noté. Rassurez-vous n’ayant jamais noté ni des examens, ni des concours je n’ai, en procédant ainsi, jamais nuit à l’avenir de vos chérubins.
- Revenons à nos chers notateurs de vin qui, eux, sont des gens beaucoup plus prudents du type ratiocineur « ils fignolent et se pignolent sur une mesure de longueur avec un double de décimètre alors que le km a été estimé au jugé. »
Conséquence de cette prudence : les notés forment un gros peloton groupé comme cela les « agences de notation » ne risquent pas de fâcher les notés qu’il faut savoir dorloter car ils peuvent être aussi de bons clients pour salon ou régie publicitaire !
Tout ça pour ça a-t-on envie de dire ? Tout ce cinéma pour des résultats où les notés se tiennent dans un mouchoir de poche.
Autre point à soulever : est-ce qu’un 16 de Tartemolle a la même valeur qu’un 16 de Tartempion ?
La réponse est d’une simplicité biblique : non !
La valeur d’une note dépend, aussi bien pour le vigneron que pour l’acheteur, du poids spécifique de celui qui note.
Au temps de l’aventure des vins de garage j’imagine aisément l’angoisse de Jean-Luc Thunevin, et Dieu sait qu’il s’angoisse vite le Jean-Luc, lorsqu’il attendait la note de Parker.
Était-il dans le même état pour les autres notes venues de la concurrence ? Sans doute un peu mais si vous le lui le demandez, comme il est sympa et qu’il ne veut pas faire de peine à qui que ce soit, il sourira. Bien sûr une bonne note de Tartemolle ou de Tartempion ça ne peut pas faire de mal, ça ne mange pas de pain, mais quand à faire péter les ventes ça ne me semble jamais avoir été un jour à l’ordre du jour.
Je sais qu’en écrivant cela que je vais irriter Périco Légasse qui tonne à nouveau dans Marianne «Quand l'infamie vinicole devient une référence».
Désolé cher Périco ça reste toujours d’actualité même si le gourou a plié bagage.
« On croit rêver ! Désormais, il en est pour nous vendre des vins "parkerisés" du nom de Robert Parker, ce journaliste américain qui, avec son guide, est responsable de tant de dégâts dans le secteur vinicole français.
Afin de plaire au gourou, dont le palais est étalonné aux vins californiens, les châteaux bordelais firent appel à des œnologues, dont le plus célèbre est Michel Rolland, pour donner à leurs vins la matière, la structure et la vigueur entrant dans les canons conformes aux critères parkériens. Reniant la finesse, en privilégiant des raisins surmûris, et l'élégance, pour obtenir des moûts concentrés, ont produit ainsi des monstres dont l'élevage prolongé en barriques de chêne neuf leur donne la musculature d'un athlète olympique en masquant le terroir et le millésime, c'est-à-dire l'âme du cru. Tout le contraire de l'esprit du vin de France. »
Or voici que le site Wineandco, pourtant sérieux, valorise une promotion avec l'expression « prix imbattables sur 20 crus parkérisés ». Le « label » porte même sur des vins de la vallée du Rhône. Déconcertante réalité d'une époque où ce qui doit servir de repoussoir vire au compliment. »
Avec nos Tartemolle et nos Tartempion nationaux les sites de vente sont beaucoup plus modestes : ils se contentent parfois d’accoler aux flacons proposés leurs notes et leurs commentaires lapidaires.
De plus, mon petit doigt me dit que dans la GD, dont la poignée d’acheteurs fait la pluie et le beau temps dans la vigne France, la ménagère de plus de 50 ans est plutôt sensible aux macarons, pas ceux de Ladurée mais ceux généreusement distribués par les nombreux concours.
Pour finir une petite dernière question naïve d’un gros nul aux grands experts qui naviguent à longueur de jour sur les forums :
Hormis celles de Parker qui font chauffer les prix, est-ce qu’une très bonne note de Tartemolle ou de Tartempion, dans un bon millésime, permet d’amplifier le coup de pouce au tarif et, dans un millésime moyen (espèce en voie de disparition) de les maintenir au même niveau ?
Oh ! là, là, là cachez-moi ce prix que je ne saurais voir c’est affreusement mercanti… comme chacun sait les vignerons sont comme les oiseaux du ciel… qui ne sèment ni ne moissonnent… façon de parler… ils vivent de l’air du temps…
À propos d’argent je me pose une question qu’il ne faut pas poser aux vignerons qui vont dans les grands salons : est-ce que l’investissement en vaut encore la peine au plan commercial ?