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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 06:00
Ne tirez pas forcément sur Gérard Bertrand le Languedocien… il vient de loin… l’ADN du Languedoc…

Le vin populaire, celui du peuple, a existé, il ne s’agit pas pour moi de le magnifier mais de rappeler à ceux pour qui le monde commence avec eux, qui pensent qu’ils sont le monde à eux seuls autour de leur petit nombril, que les leçons de l’Histoire ne peuvent être occultées.

 

Daniel Halévy qui « écoutait et observait » avait l’art de s’effacer derrière ses interlocuteurs, puis de les faire revivre sous sa plume : « la mère dispose sur la table le pain rond à côté du fromage de chèvre et les verres où luit bientôt ce clair et chaud vin blanc que les vignerons coopérateurs de MARAUSSAN vendent à bon compte aux syndiqués du Bourbonnais. » Ce vin blanc fort est « rouge », car il provient de la première cave coopérative de France qui, fondée en 1901 à Maraussan, au nord de Béziers, se dote en 1905 d’un nouveau bâtiment au fronton de laquelle sera gravée : « Les Vignerons libres, tous pour chacun, chacun pour tous » Comment ce vin parvient-il jusqu’à Bourbon-l’Archambault en 1907 ?

 

Par le chemin de fer qui traverse le Massif Central indique Jean Jaurès dans un article de l’Humanité du 7 mai 1905 :« j’ai eu une grande joie à visiter, avec les vignerons qui chômaient le 1er Mai, le vaste terrain acquis par eux et où seront creusés les fondations du nouvel édifice. Il est tout voisin de la gare, et des conduites mèneront le vin aux wagons-réservoirs qui portent aux ouvriers parisiens le bon et loyal produit des vignerons maraussanais. »

 

« Fille de la misère » selon l'expression de Charles Gide, grand universitaire, oncle de l'écrivain et théoricien des coopératives de consommation, « filles de la misère et de la nécessité » : pour ceux qui sont dépourvus de moyens financiers, le regroupement et la solidarité sont les seules armes disponibles. La coopération vinicole le fut incontestablement dans les premières années de ce siècle. Face à la crise, face aux difficultés économiques accablantes, il fallait résister, se grouper pour être plus forts et la solution coopérative, avec ses immenses qualités, s’imposa.

 

Il est de bon ton, pour certains plumitifs, de brocarder la coopération vinicole du grand Sud, qualifiée par l’un d’eux, qui en a pourtant longtemps sucé le pis, de kolkhozienne, mais, que ça leur plaise ou non, le Languedoc du gros rouge était rouge ne l’oubliez pas…

 

Ayant vécu le lent effondrement du Midi Rouge, l’extrême difficulté des grosses coopératives à accepter l’implacable mutation de la consommation, j’ai beaucoup de mal à supporter cette ironie facile. L’Histoire ne s’écrit pas en noir et blanc, pour comprendre l’état d’esprit, les façons d’être et de faire des vignerons et de tous ceux qui vivent de la vigne dans la grande région du Languedoc il faut savoir décrypter son ADN.

 

Comme j’ai passé beaucoup de temps dans ma vie professionnelle sur le dossier Languedocien, ce n’est pas Jean Clavel qui me démentira, je crois encore être en mesure de faire une bonne lecture de cet ADN.

 

Alors, les jugements à l’emporte-pièce, définitifs, péremptoires, sur les uns et les autres, les Val d’Orbieu, ADVINI, Gérard Bertrand font l’impasse sur ce passé qui imprègne encore lourdement l’ADN des grands intervenants.

 

Ce matin j’ouvre le débat à propos de la saga de Gérard Bertrand qui n’est pas en odeur de sainteté dans les cercles de beaucoup de mes amis. Pour ouvrir le débat 2 conditions sont requises :

 

  1. Il faut que sur le plateau toutes les sensibilités soient représentées, il est si simple de « débattre » entre soi ;

2. ​ Ecouter, ici lire, ce que dit l’autre.

Ensuite, le champ des possibles est ouvert.

 

Entre la lourde pensée majoritaire représentée par la FNSEA, la CNAOC dans le secteur du vin et les divers courants minoritaires qui se bouffent le nez, s’ignorent, se condamnent même parfois, il y a une forme d’accord tacite : ignorons-nous, invectivons-nous, c’est bon pour notre fonds de commerce…

 

Lorsque je publie le point-de-vue de madame Brunel, j’informe ;

 

Ce matin lorsque je publie l’interview de Gérard Bertrand à Capital le 1er mai : Le gros rouge qui tache, ce sera bientôt fini, j’informe.

 

La lecture complète est ICI 

 

Mes analyses sont connues, elles n’engagent que moi et je laisse à chacun sa capacité de se forger sa propre opinion. Libre à vous, mais de grâce informez-vous!

 

EXTRAITS

 

Capital: Cela explique votre goût pour la culture biodynamique ?

 

Gérard Bertrand: Oui, c'est par respect pour la nature que j'ai développé, à partir de 2002, la culture biodynamique, sans produits chimiques, plus respectueuse des sols et de la biodiversité. J'ai commencé avec 2 hectares, aujourd'hui nous en avons 380, sur 660 au total, qui sont convertis ou en cours de conversion. Je me suis vite rendu compte des effets positifs sur la qualité des raisins, et donc du vin. Le plus spectaculaire concerne les raisins blancs: on est passé en cinq ans d'une acidité très faible à une acidité élevée, ce qui donne des vins très désaltérants, avec plus de fraîcheur et de minéralité.

 

Capital: Votre succès repose-t-il sur le fait que, dès 1993, vous vous êtes rapproché de la grande distribution ?

 

Gérard Bertrand: Celle-ci a été importante parce qu'il y a trente ans, grâce aux foires aux vins, on a pu mettre des vins du Languedoc dans les rayons. Les gens les ont goûtés à cette occasion puis ont voulu retrouver ce goût dans les restaurants. A l'inverse des bordeaux et des bourgognes, dont la réputation a été faite par la restauration, les vins du Languedoc ont trouvé leur légitimité dans les hypermarchés. Il y a vingt ans, 95% des restaurants ne servaient pas de bouteilles de notre région. Aujourd'hui, c'est le contraire.

 

Capital: Dans la mode, les marques partent de la haute couture et se déclinent dans le prêt-à-porter. C'est aussi ce qu'a fait le Bordelais: les grands crus ont lancé leur deuxième vin, puis un troisième. Vous, vous faites l'inverse...

 

Gérard Bertrand: Oui. C'est plus compliqué, mais je n'ai pas eu le choix. Dans le Bordelais, quand vous êtes la dixième génération, si ça marche, forcément vous n'allez rien changer. Moi, comme je ne partais de rien, j'ai pu créer sans contraintes. J'ai commencé par faire des vins populaires puis, avec de la volonté, de l'acharnement, de la méthode, j'ai essayé d'aller vers des vins d'exception. Quand vous faites une pyramide, vous commencez par les fondations et ensuite vous montez.

 

  • En janvier 2015 Gérard Bertrand a publié aux éditions La Martinière Le vin à la belle étoile. Livre que je n’ai pas lu.
  •  

Libération : Gérard Bertrand, le vin de mon père QUENTIN GIRARD 5 FÉVRIER 2015 

 

Le crédit photos : site de Gérard Bertrand

Ne tirez pas forcément sur Gérard Bertrand le Languedocien… il vient de loin… l’ADN du Languedoc…
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commentaires

J
Voila un beau sujet. Hé oui dans le monde feutré du vin on "aime à détester" les réussites. Déjà en France et encore plus dans le Languedoc... <br /> <br /> Mais si on prends un tout petite peu de recul et qu'on sort de la France, il manque des société de cette taille qui défendent le sud aussi bien. Mieux vaut voir Gérard Bertrand comme une locomotive ! C'en est une clairement ! Au delà du personnage, de son caractère trempé ( obstiné, pénible parfois mais on ne réussit pas sans cela...) il a une vraie, authentique passion du Sud. Chevillée au corps et enracinée dans son ADN. Et au moins cela mérite d'être salué.
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J
Devinette suite à lecture du lien Libération : Quand un Quentin Girard fait la promo de Gérard Bertrand, ça peut faire sourire un autre acteur du mondo vino languedocien ...
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H
Lors de l’inauguration de la cave de Maraussan Jean Jaurès déclarait « Ce qui donne à tout ce Midi de la vigne une beauté incomparable, c’est que la force joyeuse de la vie s’y exprime. » La force a toujours été présente ce qui a permis la mise en oeuvre d'une véritable révolution qualitative. Et grâce à des personnages comme Gérard Bertrand le midi a retrouvé la joie
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M
Coïncidence, Jacques : je suis plongé ce matin dans la lecture de son livre - entre rugby, Corbières, audace, biody, ambition et voyages quasi cosmiques - et j'ai déjà repéré un passage pour ma prochaine chronique ! Mais il est vrai que les Français n'aiment pas les succès des autres...
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Y
"qualifiée par l’un d’eux, qui en a pourtant longtemps sucé le pis, de kolkhozienne," <br /> Maitre Jacques ou l'art de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Bravo !
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