Nos amis de la revue LeRouge&leBlanc savent aller dénicher des vignerons qui sortent des sentiers ordinaires battus et rebattus par les semelles des plumitifs serfs. C’est heureux, ça donne de l’oxygène dans le milieu bien confiné qui brasse de l’air pour se donner l’impression d’exister. Compliment justifié qui doit être tempéré par la constatation d’un léger essoufflement, une forme de ronronnement de cette revue sans équivalent. Un nouveau souffle, un renouveau de la politique éditoriale, des angles plus aigus, l’ouverture à de nouveaux talents… je ne sais, mais ce que je sais c’est que dans http://www.vignes-du-maynes.com/son extrême difficulté à exister l’équipe de LeRouge&leBlanc se doit de remettre l’ouvrage sur le métier. Bon courage !
La famille Guillot, Pierre, Alain, et Julien, 3 générations de fortes têtes, vignerons engagés de la première heure dans la bataille « pour que le vin produit soit le plus naturel possible, de la vigne à la cave. »
Les années 50, l’après-guerre, le plan Marshall, ses tracteurs, sa chimie, ses facilités après la difficulté « Pierre Guillot achète à Cruzille une maison comprenant un clos de 2 ha de vignes. Pionnier pour son époque, il était convaincu que le vins devait s’élaborer sans les nombreux intrants que les œnologues lui conseillaient d’utiliser, d’autant qu’il s’était découvert une intolérance au soufre. Autant dire qu’il ne marchait pas dans le sens du vent et que son petit-fils a grandi dans une pépinière d’avant-gardistes de l’agrobiologie… « Quand j’étais petit, autour de la table il y avait Suzanne Michon, Pierre Rabih, Claude Bourguignon, Xavier Florin (1)… Dans les années 60, ils travaillaient avec Lemaire-Boucher (2-3) pour l’agriculture, ils faisaient partie de Nature&Progrès et de l’école Michon. »
- Divers membres de l’École de Beaujeu, fondée par Victor et Suzanne Michon en 1983, et où étaient enseignées l’agrobiologie et la biodynamie.
« À Beaujeu, en plein cœur du Beaujolais, de 1983 à 1998, se sont croisés agroécologistes, biodynamistes, permaculteurs, vétérinaires homéopathes, phytothérapeutes, microbiologistes des sols...
Créée par Suzanne et Victor Michon, anciens Résistants, l'Ecole de Beaujeu a profondément marqué tous ceux qui ont eu la chance d'y suivre une formation.
Avec Olivier Pichaud, ancien élève puis enseignant, agronome, aujourd’hui cocher-laboureur de vignes. »
« Les Guillot ne font pas bon ménage avec les différentes autorités. Et leurs convictions bio leur ont valu – hier plus encore qu’aujourd’hui – bien des hostilités et des tracas. Julien a récemment dû passer devant une commission pour défendre son Mâcon-Cruzille 2012 qui avait été recalé par ICONE, l’organisme certificateur des vins de Bourgogne, pour des touches oxydatives, alors que tout était vendu, et dans les plus fameux restaurants du monde. »
« Je ne vinifie pas du tout comme mon père, et mon père ne vinifiait pas du tout comme son père ». Il y a bien un fil conducteur entre eux, c’est le moins puisse dire, mais chacun semble avoir appris de l’autre et donné une nouvelle direction en terme technique et stylistique. Le fil conducteur c’est peut-être avant tout un patrimoine et des expériences qu’on ne balaie pas avec sa fringante jeunesse : c’est un régal d’entendre Julien raconter que sa grand-mère disait toujours qu’il ne fallait pas juger ni toucher un vin avant Pâques, et qu’une année où il s’était permis de la faire, elle lui a exprimé son mécontentement à coup de canne sur la tête… »
« Ainsi entre tradition héritée des moines de Cluny et précision permise par les acquis de la science biologique et agrobiologique, les Guillot font parler le terroir de Cruzille avec une volonté d’authenticité toujours plus exigeante. Une volonté qui a fait du Clos des Maynes un domaine pionnier, et aujourd’hui un exemple qui ne manque de faire des émules. »