Les Échos écrivent « La procédure de divorce entre les dix crus du Beaujolais, d’une part, les beaujolais et beaujolais-villages, d’autre part, est engagée. Le retrait de l’Organisme de défense et de gestion (ODG) des crus du Beaujolais de l’Union des vignerons du Beaujolais (UVB) a été entériné mardi 30 décembre à Villefranche-sur-Saône (Rhône) par le conseil d’administration de cette instance. « La scission aura lieu doucement, inéluctablement », assure Audrey Charton, présidente de l’ODG des crus du Beaujolais, à l’origine de cette séparation.
En reprenant « l’entière gestion administrative et financière » de cet organisme, déléguée depuis 2007 à l’UVB, les dix crus du Beaujolais entendent « gagner en efficacité » et accélérer le traitement de certains dossiers vitaux pour leur avenir, comme le classement en climats après le travail de caractérisation des terroirs entrepris. L’objectif est de délimiter des crus de lieu-dit puis des premiers crus, comme en Bourgogne voisine, pour mieux valoriser leurs vins. Les crus veulent se différencier, dans un contexte régional marqué par une érosion des volumes de vente de primeurs, encore constatée en 2014, et par une forte dépréciation du prix des vignes de l’appellation générique et des beaujolais-villages. »
Au-delà de gloses souvent approximatives, mais c’est un « journaliste bourguignon du vin » qui l’écrit, comme celle-ci « Les crus du Beaujolais font sécession : ils ne souhaitent plus apporter leur contribution à l'Interprofession. »link, ce qui est faux, ils se contentent de quitter l’UVB à qui ils avaient confiés la gestion administrative et financière de leur ODG. Bien sûr, lorsqu’il y a rupture un bon état des lieux s’impose afin d’éviter des contentieux. Cependant, il serait difficilement compréhensible que l’Interprofession du Beaujolais puisse avoir un quelconque crédit sans ses crus. Quand à une éventuelle fusion avec celle du grand voisin bourguignon elle ne serait que de pure gestion : l’appellation Beaujolais ne serait pas passée par pertes et profits.
Indépendance non, autonomie oui, et comme je l’ai écrit en titre « Un bon divorce vaut mieux qu’un mariage bancal »
Suite à la réforme de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) en 2007, les ODG se sont substituées aux syndicats de défense de l’appellation et, fait capital qui change la donne, les vignerons n’ont plus le choix comme au temps des syndicats, ils sont automatiquement membres de l’ODG et doivent casquer.
Cette caporalisation voulue par des soi-disant libéraux, et dont on n’a pas suffisamment pesé les conséquences, change radicalement la donne en renforçant le pouvoir de ceux qui se cooptent depuis des décennies.
Le système dit des familles professionnelles, production, négoce, qui sert de socle au vote des fameuses CVO, est totalement verrouillé du côté des vignerons par le syndicalisme historique. Bien sûr on vote mais il suffit d’assister aux assemblées générales pour être édifié sur la santé démocratique de ces organisations.
Lorsque Gilles Paris, président de l’interprofession beaujolaise déclare que « l’important est qu’il n’y ait pas de scission et que la base, les viticulteurs, soit consultée » il reconnaît le peu de représentativité de ceux qui ont pris la décision.
La bonne question face à l’empilement des organismes, aux prélèvements financiers obligatoires, est : à quoi ça sert ?
Quels sont les services rendus aux cotisants ?
Quel bénéfice le consommateur tire-t-il de ce système ?
Il ne s’agit pas pour moi de jeter le bébé avec l’eau du bain mais de redonner de la vigueur, de la représentativité à des corps intermédiaires qui sont indispensables au bon fonctionnement de la démocratie économique.
On se retrouve trop souvent face à des pratiques formelles, maniées avec dextérité par une poignée de dirigeants s’appuyant sur une technocratie privée, qui permettent de profiter de la passivité de la masse. Les minoritaires actifs sont souvent marginalisés, parfois combattus. La confiance s’érode. Les discours populistes fleurissent.
Alors, au lieu de spéculer sur une éventuelle OPA du négoce bourguignon sur le Beaujolais des crus, il me semble qu’il serait plus intéressant d’engager un réel choc de simplification dans les structures « privées » du vin, concurremment bien sûr à celui que les pouvoirs publics se doivent de faire.
Vœu de début d’année, SGDG...
La remise en cause dépasse largement la spécificité beaujoloise, faute de traiter les problèmes à temps le risque est grand de voir fleurir ceci : l'avocat Gilbert Collard et des viticulteurs contre Interloire link
Pas joli, joli, ce mélange des genres... Sortez les sortants, air connu, certes, mais si c'est pour faire la place à ces gens-là