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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 00:09

Avant de découvrir le Davodeau dans les bras d’Eva, un soir, au Siffleur de Ballons j’ignorais qui était Étienne Davodeau, et pire encore pour un soi-disant chroniqueur qui affirme que le vin lui tient compagnie j’ignorais qui était Richard Leroy. Le premier est un auteur de bande dessinée qui, selon une dépêche AFP du 26 novembre, « est devenu une figure de proue du 9e art français avec des reportages au plus près des gens, comme dans « Les Ignorants », son dernier opus, où un vigneron et un auteur de bande dessinée s'initient à leurs arts respectifs. » Comme vous venez de le comprendre le vigneron en question c’est Richard Leroy qui se trouve être le voisin et l’ami du dit Davodeau. Ils habitent le même village de Rablay-sur-Layon, en Anjou.

 

Ainsi, preuve est donc faites de ma grande ignorance, sans plus aucune contestation je ne fais pas partie du premier cercle des initiés comme Olif link ou Philippe Rapiteau link qui ont chroniqué de concert sur le livre de Davodeau dès le 9 octobre. Toute honte bue je vous avoue que cet aveu me fait du bien, me soulage, me conforte dans mon statut d’infréquentable et de pas sortable. Et pourtant je me soigne ! J’écoute mes petits camarades. Je prends des cours du soir. Je potasse mais je souffre, c'est tout dire... 

 

Qu’importe, l’important c’est le livre ! Et celui d’Étienne Davodeau est, dans son aspect purement physique, d’une beauté stricte, cistercienne, loin des fanfreluches que s’offrent les jaquettes putassières de certains livres. Si je l’avais rencontré couché sur la chaintre d’une de mes librairies préférées, l’Écume des Pages par exemple, sans aucun doute je m’en serais saisi, délicatement, je l’aurais senti, soupesé : il est lourd vous savez, puis je l’aurais feuilleté avec soin et bien sûr je l’aurais acheté. Là, pour écrire cette chronique je l’ai emprunté à Eva qui, elle aussi a posté une chronique, link .En le rapportant chez moi, bien enveloppé sur le porte-bagage de mon vélo, c’est sans doute idiot mais c’était comme si j’avais un gamin assis derrière moi dans son petit siège en osier.

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Dernier aveu : la BD m’est sans doute moins étrangère que les vins d’auteurs mais je n’y consacre plus beaucoup de temps – je n’en ai guère – alors je suis devenu un occasionnel. Le dialogue de la page 151 entre les deux compères, dans la voiture de Davodeau, à propos de « Mauss » d’Art Spiegelman, montre toute la pertinence et la justesse  de ce livre.

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-         RL : « Ah écoute. C’était pas gagné… Son petit dessin tout charbonneux, ça m’attirait pas vraiment. Mais alors incroyable… dès que tu mets le nez  dedans tu  es happé. Sur l’histoire des juifs pendant la seconde guerre mondiale, c’est un document irremplaçable. Tout le monde devrait l’avoir lu, tu crois pas ?

-         Ph D : « Non seulement je suis d’accord, mais c’est aussi un livre que je donne à lire à ceux qui doutent des capacités de la bande dessinée… »

 

Oui chers lecteurs achetez tous et lisez « Mauss » d’Art Spiegelman

 

Mes 3 petits camarades ayant déjà bien travaillés moi je vais faire dans le pur subjectif imitant ainsi nos deux compères (page 91)

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Scène 1 : la taille, Richard Leroy ironise sur la technique de taille de son compère « ha ha ha ! Je reconnais ceux que tu as taillés hier ! Trop long, hop, trop long, hop, trop long, hop… »  il coupe. « Et celui-là ? Ho ho ho ! Originale, comme forme… » Je m’y serais cru avec le frère Bécot dans le dos. Davodeau tente d’abréger « Ouais bah ça va » mais il reçoit le coup de grâce « Ah tiens ? En voilà un taillé très court… Trop court. Il donnera pas de raisin cette année. » Davodeau un peu vexé « Bon. On s’y met ? »

 

J’adore la chute :

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Scène 2 : le papier pour le bouquin de Davodeau

 

RL : « Tout ça c’est pour ton bouquin ? / Ph. D « Je sais pas ? » / Un type qui passe : « ça ? Oui, oui, oui, presque tout. » / RL : « Et dans ces poubelles, c’est les cahiers jetés pendant tes réglages ? Y en a des milliers. »

 

J’adore la chute :

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Scène 3 : Richard Leroy « pourquoi tu me  regardes comme ça ? »

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« Ce que je regarde, qui m’intrigue et que je cherche à comprendre, c’est ce qui relie ce type à sa vigne. C’est bien plus que l’histoire d’une parcelle cadastrale et de son propriétaire. Aux yeux de Richard, Montbenault, c’est une entité vivante et complexe dont il serait le compagnon attentif et l’exigeant partenaire. Ce que je regarde, c’est la singulière fusion entre un individu et un morceau  de rocher battu par les vents.»

 

 

Scène 4 : chez Jean-Pierre Gibrat

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« Viens le  moment du déjeuner. Notre hôte sort « une bonne bouteille ». Nous savons Richard incapable de la moindre politesse lorsqu’il s’agit de vin.(Quand il vient dîner à la maison, je le charge d’amener le vin, comme ça, je suis pas emmerdé.) »

 

Scène 5 : « … Moi je veux que les gens viennent à mes vins uniquement parce qu’ils les aiment. » 

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Scène 6 : la décavaillonneuse link

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Scène 7 : le chevreuil et les voisins

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Scène 8 : L’été et l’hiver de la vigne

 

« Jardin à la Française » bien rangé, la vigne, l’été doit sa beauté à la vigueur irréductible des brins qui échappent à la vigilance du vigneron. Elle  se présente comme une femme un peu trop élégante au charme solaire. »

« L’hiver, elle revendique son autre visage, celui d’un farouche et sombre vieillard agrippé à la caillasse de toute la force de ses pieds noueux. »

 

 

Scène 9 : AOC or not AOC ?

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Scène 10: en guise de conclusion (la seule scène qui ne respecte pas la chronologie)

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Voilà,  « Les Ignorants » c’est 270 pages de bonheur simple, légères, spirituelles, imprégnées du meilleur de la pâte humaine, sans charge militante, la vie qu’ils vivent quoi. C’est publié chez Futuropolis et ça vaut 24,50 €. C’est un très beau cadeau. À lire absolument !

 

Enfin, ce livre, je souligne deux fois ce livre, est une superbe passerelle entre deux mondes, une vraie balade dans deux univers qui paraissent aux antipodes l’un de l’autre mais qui, DAVODEAU-IGNORANTS-definitif.jpggrâce  au talent de crayon et de plume  de Davodeau et la spontanéité rieuse, parfois bougonne, de Leroy, se croisent, se fondent pour se trouver des points de rencontre. Par-delà ce livre témoin d’une belle rencontre, d’une solide expérience du poids de ce que fait la main, ce qui compte c’est l’ouverture des gens du vin au monde bien au-delà de l’univers confiné qui est le sien, cet entre soi si rassurant, des copains, des amateurs. Pour preuve, alors que je circulais dans ma petite auto, j’ai entendu sur Radio Nova une belle chronique sur les « Les Ignorants »,  et je ne suis pas certains qu’on parle souvent de vigne et de vin sur les radios de la bande FM. Merci les deux de Rablay-sur-Layon.

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commentaires

L
<br /> Bonjour, bien aimé votre article... je connais richard leroy, maître du chenin, mais pour info un autre vigneron, bien plus méconnu mais qui vaut le détour, apparaît dans la BD (pulvérisations<br /> des potions 500P et 501P): Bruno Rochard, qui est aussi à goûter, en blanc et en rouge!<br /> <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> <br /> Laurent (je précise, je n'ai aucun intérêt à "faire mousser" bruno: c'est juste un gars sympa qui fait du bon pinard)<br />
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