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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 00:09

Prénom : Clément, nom Maraud, ça sonne bien pour un écrivain de bord de zinc né me dit-on « dans les marais de l’Aunis. « Têtes de Zinc » est l’un de ses livres découvert au hasard d’une conversation avec France Dumas illustratrice dans la presse et l’édition lors du festival des arts rue Raymond Losserand dans le XIVe arrondissement.

Une douzaine de récits ciselés, plein d’humanité, de « voyageurs sans bagages qui jettent l’ancre dans des rades de hasard dont la clientèle constitue, bien souvent, leur seule famille. » font de ce « Têtes de Zinc » publié par Les éditions de Paris Max Chaleil www.leseditionsdeparis.com une plongée dans les « vies en panne sèche » des gens de peu.

Ce matin j’ai choisi de vous proposer, non un récit au coin du zinc, mais la découverte d’un marchand de vins, plus exactement d’un caviste comme on n’en fait plus. Ce récit a pour titre « Le secret du vin ». Je ne vais pas vous le déflorer dans son intégralité, ce serait à la fois un peu long et contraire aux usages qui n’autorisent que les citations.

Mon découpage restera respectueux du texte tout en vous en proposant l’essentiel. Mon but n’étant que de vous donner envie de lire  « Têtes de Zinc ».

maraud02b.jpg 

Mise en situation : Une femme rentre chez elle à l’heure du dîner. Son homme est un homme au foyer. Elle a la « satisfaction d’avoir un homme à la cuisine, à la plonge, et puis dans son lit. Beau menu « Huîtres, palourdes, amandes, filets de barbue à la crème avec un vin d’Arbois de chez Tissot !... » Lorsqu’arrive le plateau de fromages « elle plongea une main dans son sac-foutoir pour en extraire du premier coup une bouteille de château-ausone 1961. » Effet de surprise, dialogue express, elle lui dit « Je viens de rencontrer un homme qui te plairait. » Il s’agit du marchand de vins de la belle bouteille.

Quelque temps après, il se rend à cette fameuse boutique dans une petite rue au centre de la ville « il s’agissait d’un petit bout de voie ancienne à usage résidentiel sans nulle enseigne de marchand... ». Impression de l’extérieur « cette boutique avait de la bouteille ». Alors il « poussa la porte, qui n’était pas close ; des tiges métalliques s’entrechoquèrent en un tintement menu et clair. » Notre homme découvre le décor d’une échoppe où les casiers en plastique de vins capsulés occupent une place centrale. « Ce monument involontaire pouvait toutefois décourager un amateur éclairé de château-ausone ou de haut-batailley qui en serait resté à ce premier coup d’œil. »

 

1ier extrait : « L’arrivée du caviste le rasséréna d’un coup.

« Bonjour, cher monsieur, comment allez-vous ?

-         Et vous-même ?

-         Je finissais d’écosser des petits pois, vous comprenez...

-         Si une chose n’attend pas c’est bien celle-là !

-         C’est une occasion que j’ai eue, confia-t-il.

-         Il ne faut rien laisser passer.

-         Un maraîcher qui m’a pris du vin... Il m’a juré sur la tête de son chien, qui était présent, qu’il me fournirait des petits pois juste cueillis, qui n’auraient pas vingt-quatre heures de cageot. Autrement, ce n’est pas la peine...

-         Vous avez des petits cailloux dans votre assiette !

-         Vous l’avez constaté ?

-         Hélas !

-         Avec un pigeon et un côtes-du-rhône que je vous recommande...

-         Joseph Delteil* conseillait de les cueillir avant le lever du jour, de les écosser dans la pénombre et de les faire cuire pour le déjeuner.

-         L’homme avait raison !... Je ne connais pas ce Delteil ajouta-t-il.

-         Il n’a pas écrit que de bons livres mais, en cuisine, il avait des idées saines et radicales !

-         Il avait saisi l’esprit du petit pois ! »

 

* voir chronique http://www.berthomeau.com/article-la-cuisine-emoustille-l-ame-je-choisis-mon-pain-entre-cent-a-des-lieues-et-je-foule-mon-vin-moi-meme-53330320.html

 

Intermède : Suit ensuite la description du caviste dont la chute est des plus expressive « Il fallait avoir connu, en son enfance, gens de cette sorte pour interpréter cette bonne figure : c’était un visage d’avant la Sécurité Sociale. »

Le vieil homme, « son âge [...] devait se situer entre soixante-quinze et quatre-vingt-cinq ans. », bien sûr s’enquiert auprès de son visiteur de l’objet de sa visite. Le dialogue qui suit est savoureux. Des bribes rien que pour le plaisir :

« Le soleil répéta le vieux, le soleil doit étreindre amoureusement la vigne. Le vin est le résultat priapique d’un acte de nature. »

« Je suis fort loin, continua-t-il d’un ton ferme et amène, de me conformer à l’opinion commun qui ne voit plus loin que bourgogne et bordeaux. »

Et à propos des vins de la vallée du Rhône, ses préférés, « Dire qu’à mon âge je ne les connais pas tous... »

 

2ième Extrait : « Connaissez-vous, s’enquit-il avec émotion, le secret du vin ?

- Hélas, non. Je n’ai que deux pieds sur la terre et, quoi qu’en répandent certains malveillants, ce ne sont que des pieds de vigne !

- Je ne le révèlerai pas à n’importe qui, mais vous me paraissez avoir tout votre temps... signe incontestable de sagesse.

- Elle m’aura rejoint doucement.

- Et puis, que voulez-vous, il faut que je pense à ma succession... oh, pas dans l’immédiat, se reprit-il, mais comme il y a une fin à tout. Le secret, continua-t-il en baissant la voix tient aux années noires.

- 1929 pour les uns, 1936 pour les autres ?

- Rien à voir avec les évènements économiques ou sociaux, mon cher. Les années où le vin devient noir. Il y faut, bien sûr, les meilleurs cépages, et un soleil du diable. Avez-vous déjà bu du vin noir ? Cela ne m’étonnerait pas.

- Je le confesse, ce plaisir ne m’a pas trompé.

- J’en aurais parié la petite pièce de vieille syrah de ma cave ! se réjouit-il en battant le ciment de sa pantoufle. Que le diable m’emporte si je ne mets pas la main pour vous sur une vraie bouteille de vin noir ! »

 

Si vous souhaitez connaître la fin de cette histoire et croiser « Paul, Gus, Benoît, Julot, Chico, Alice... d’autres encore... » il ne vous reste plus qu’à aller sur les lignes de « Têtes de Zinc » Bonne lecture !

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