Lorsque nous négociions à Bruxelles avec Michel Rocard le Ministre anglais de l’Agriculture arborait des chemises à rayures rouge avec cravate club sous des vestes à carreaux, ça allait fort bien avec sa bonne mine, tendance vermillon, et pour moi face à la chemise blanche, cravate de VRP et costard gris indécis du père Michel il n’y avait pas photo : le bon goût était du côté « rosbif » tendance Thatcher (la mère de la vache folle). Et pourtant, l’opinion commune, majoritaire, trouvait notre anglais au mieux excentrique, au pire adepte en bon anglais de la faute de goût vestimentaire.Alors assaisonner ses huîtres avec une vinaigrette à l’échalote relève-t-il de la même problématique ? Bien sûr, comme le fait notre Charlier la question peut-être disqualifiée d’un « c’est pas bon » un peut court. En effet, moi quand on me présente un Caol Ila noté 14,5/20 par LeRouge&leBlanc je dis aussi ce n’est pas bon car je trouve que le whisky a goût de punaise. Qu’on ne vienne pas me chanter, dans les deux cas, que je ne suis pas un amateur d’huîtres ou de whisky pour me disqualifier. En effet, dans ces domaines gustatifs, le « tous les goûts sont dans la nature » avancé toujours par notre Charlier est de mise (cf. http://www.berthomeau.com/article-le-japon-le-monde-du-tout-a-l-envers-ou-de-la-maniere-de-boire-de-manger-des-japonais-57669341.html )
Mais comme toujours dans ce genre de débat les codes sociaux pointent le bout de leur nez « allons mon cher ça ne se fait pas... » en référence au Guide des bonnes manières et du protocole (cf. http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2008/02/27/le-flambeau-du-prefet-gandouin / où l'histoire de l'arroseur arrosé) Lorsque mon père mangeait des sardines crues ma pauvre mère en était toute chamboulée non pas pour défendre le bien manger mais parce que pour elle le poisson, comme la viande d'ailleurs, se mangeait cuit. Qui, franchement, dans un pince-fesses oserait proposer de manger de la fraise de veau dans des petites assiettes ou des vérines eu égard à l'odeur putride de ce mets goûteux ? Donc j'en conclus que pour beaucoup ça fait plouc, beauf que de s'assaisonner l'huître à la vinaigrette. Moi je les gobe crue mais comme je l'ai écrit, en fin de parcours, pour émoustiller mes papilles j'adore torturer l'huître, lui piquer les fesses pour qu'elle se trémousse dans ma bouche (merci de ne pas me dénoncer à la Ligue de Protection des Mollusques Bivalves)
Pour finir, je laisse de côté la référence à la naturalité pour justifier le gobage cru, avec ou sans l’eau de l’huître – Charlier est un raffiné comme tous les révolutionnaires – comme si nos coutumes alimentaires proscrivaient le sel, le poivre, les épices et les condiments. Enfin, je n’épiloguerai ni sûr la « souffrance » de l’huître lorsque l’écailler lui sectionne sauvagement son muscle adducteur – la moule ébouillantée par son propre jus est aussi une victime de notre barbarie –, ni sur le côté visuel qui, si l’on est honnête, la rapproche fortement du glaviot.
Bref, comme je n’ai pas le courage d’aller au-delà et comme je sais que tout bon français se pique de philosophie (cf. le succès populaire de Michel Onfray) je propose que vous exerciez vos talents en dissertant sur un sujet de baccalauréat Peut-on nous reprocher une faute de goût ? découvert sur le site PHILOSOPHIE http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-gout-fautif-mauvais-7970.html Pour ceux qui n’aiment pas les clics je vous joins ci-dessous la page de présentation professorale. Enfin je signale qu’un Corrigé de 7050 mots (soit 10 pages) directement accessible pour la somme de 1,80€.
Définitions :
1) peut : est-il possible, est-il légitime.
2) faute : manquement intentionnel au devoir, à la morale ou à la loi. Contrairement au terme péché, la faute n’a pas de connotation religieuse.
3) goût : - sens par lequel on perçoit les saveurs.
- faculté de porter un jugement approprié sur la beauté d’une œuvre d’art, d’une production de l’esprit. Faculté de reconnaître et d’apprécier le beau. Kant définira les caractéristiques du jugement de goût : « Est beau l’objet d’une satisfaction désintéressée », « Est beau ce qui plaît universellement sans concept », « La beauté est une forme de la finalité d’un objet en tant qu’elle y est perçue sans la représentation d’une fin », « Est beau ce qui est reconnu sans concept comme l’objet d’une satisfaction nécessaire ».
Problématique :
Le « goût » a évidemment deux sens principaux. C'est :
1) le « sens grâce auquel l'homme et les animaux perçoivent les saveurs propres aux aliments » (Petit Robert), et
2) l'« aptitude à sentir, à discerner les beautés et les défauts d'une œuvre d'art, d'une production de l'esprit » (id.). Le sujet n'indique pas en quel sens il faut entendre goût, puisqu'on peut parler de « faute de goût » aussi bien à propos de gastronomie qu'à propos d'art. On pourra donc légitimement traiter le sujet en optant soit pour l'un ou l'autre sens, soit, comme nous le ferons ici, en considérant les deux sens.
Extrait :
• Le problème posé par le sujet est celui de savoir si le goût et le bon goût sont l'œuvre de notre liberté et relèvent, dès lors, d'un jugement éthique ou s'ils sont étrangers à cette sphère.
• L'enjeu de la question et du problème sont évidents : le goût et la faculté de juger le Beau sont, dans nos sociétés et nos esthétiques, volontiers sacralisés. Si le goût ne résulte que d'un conditionnement social et si nul ne peut nous reprocher une faute de goût alors une désacralisation générale s'impose en ce qui concerne la position traditionnelle du problème esthétique. Désacraliserons-nous le fameux bon goût ? C'est ce que certains sociologues tentent de faire dans leurs essais ou études.
• Quel plan et quelle structure sont possibles, en ce qui concerne cet intitulé ? On pourrait envisager une structure progressive, avec approfondissement de la notion de goût analysée dans son essence et son contenu purifiés, et relevant progressivement de notre liberté - nous en serions alors tenus pour responsables -. Nous mentionnerons ce plan possible, essentiellement pour bien vous montrer l'extrême liberté dont vous disposez dans la dissertation philosophique - aucun plan n'est obligatoire ! Dans un tel plan, seraient examinés successivement les notions de bon ou mauvais goût, de norme de goût, enfin de jugement de goût, notions vis-à-vis desquelles serait considérée la notion de faute. Ainsi, apparaîtraient progressivement les rôles de notre liberté et de notre responsabilité. Nous pourrions ainsi répondre à la question : une faute de goût peut, dans une certaine mesure, nous être reprochée. »
Au boulot mes cocos, à vos mulots, avec ou sans remontant, je ramasse les copies en fin de journée et attention échalote ne prend qu’un t : ayez pitié de l’ami Michel qui, à juste raison, aime aussi l’Irouléguy avec un seul r. Trop de mots Berthomeau... tu t’emmêles les pinceaux dans les r et les t tu devrais prendre des RTT...