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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 00:09

Bonne question, comme disait avec son accent faubourien le grand comique Georges Marchais. Elle est à l’ordre du jour. Je vais la traiter, sur mon espace de liberté, à ma façon. Pas pour « faire genre » ni pour vous donner la réponse mais pour vous instruire du génie français.  Genou 8039 C’était au temps où la France était rouge, rouge d’une foultitude de cantons accueillant plus de 10 000 ha de vignes. Ma vieille Vendée en nombre de déclarants : 58 305 sur un total d’un million 500 mille occupait la 3ième place après l’Hérault et l’Aude. Le pépé Louis en était comme le sacristain ou le notaire. En superficie 18 858 ha sur un total d’un million 700 mille ha. En volume 854 000 hl sur 78 Millions d’hl, soit le 19 département viticole français.

Il existait donc un vignoble domestique important alimentant une forte autoconsommation et un vignoble productif dominé par les 2 mastodontes : le Languedoc et l’Algérie. Concurrence ! Sus aux vignobles familiaux ! Haro sur les fameux cépages Clinton, Noah, Jacquez, Herbemont, Othello, Isabelle. La loi va introduire la notion de cépages interdits et rendre leur arrachage obligatoire. Officiellement le gouvernement lutte pour résorber la surproduction : 15 à 20 millions d’hl sur les 93 millions produits. Distiller donc, c’est l’Etat qui paye. Mais aussi, et c’est là où le débat entre le petit peuple des viticulteurs du dimanche et les intérêts des grandes propriétés du Midi « plantées d'aramon, irriguées en permanence, capables de produire plus de 300 hectos à l'hectare » et les « privilèges accordés à l'Algérie : liberté de plantation à très bon marché, taxes pratiquement inexistantes, main d'œuvre peu chère ».

Dans les années 30 le « Statut Viticole » s’est efforcé de réduire la production en pénalisant les hauts rendements et en interdisant la plantation de vignes nouvelles. En 1936, pour tenter de réduire l’appareil productif les pouvoirs publics promeuvent l’arrachage volontaire primé et menacent de recourir à l’arrachage obligatoire. L’acte fondateur des droits de plantation est le Décret n°53-977 du 30 septembre 1953 relatif à l'organisation et l'assainissement du marché du vin et à l'orientation de la production viticole Une stricte discipline d'encépagement est créée. La suppression des cépages prohibés est prescrite ; toutefois, pour en encourager la disparition, les producteurs pourront par exception remplacer par anticipation les vignes à disparaître lorsque celles-ci avaient été régulièrement plantées. Dans chaque région, seront par ailleurs définis les cépages dont l'utilisation sera recommandée et efficacement encouragée. A long terme, cette discipline doit entraîner une diminution du potentiel viticole.

Je viens de plancher sur La grande novation de la dernière réforme est que le Règlement (CE) N°479/2008 du Conseil du 29 avril 2008 portant Organisation Commune du Marché vitivinicole prévoit dans son Titre V : Potentiel de Production au chapitre II : un Régime transitoire des droits de plantation. Article 90 : Interdiction transitoire de plantation de vigne. En clair, à partir de 2015 la plantation de la vigne sera libre sauf si... ça c’est une autre histoire sur laquelle ma réserve naturelle et mon obligation de réserve font que je ne vous en dirai pas plus. Pour que vous ne soyez pas trop frustrés je vous offre un florilège des débats  sur la loi du 24 décembre 1934 concernant les hybrides producteurs directs américains et français.

 

Monsieur Renaud, député de l'opposition attaque: « Vous voulez interdire l'utilisation de certains cépages, vous déclarez la guerre aux hybrides producteurs directs qui pourtant ne jouent dans l'augmentation de la production qu'un rôle insignifiant.
Si vous croyez vraiment à la surproduction, il faut frapper les responsables et eux seulement
 ».
Monsieur Baylet député socialiste s'exprimera dans le même sens. Car, dit-il, « en Algérie, des millions d'ouvriers travaillent de l'aube au crépuscule sous le knout pour un salaire misérable ». Il ne sera pas suivi
.  
La majorité de l'époque fait bloc pour défendre les représentants des grands domaines de France et d'Algérie

A l'Assemblée Nationale, lors des deux premières séances du 15 Décembre on parlera « d'atteinte à la liberté des petits viticulteurs » Monsieur le député Mauger monte à la tribune pour défendre longuement « les productions familiales injustement touchées ».

La conclusion de ces séances restera à Monsieur le député Grandmaison qui déclare :
« Je constate sans l'apprécier, que c'est la totalité de la récolte de nos petits producteurs de cépages condamnés qui est touchée soit par l'interdiction soit par la distillation obligatoire. Alors que dans les régions responsables de la surproduction, c'est une très faible partie qui sera atteinte par les mesures préconisées, mesures véritablement iniques
 ».

 

La troisième séance du 15 Décembre commence dans le même esprit.
Le député Jaubert parle « d'atteinte à la liberté individuelle des petits vignerons ».
Le Ministre des Finances, monsieur Germain Martin, déclare après quelques échanges aigre-doux "depuis quand s'est développée la culture du Noah en particulier, car enfin, c'est de lui qu'il s'agit: depuis deux ans »? Bronca dans les rangs de l'opposition, sifflets, prises de paroles.


Le Ministre rectifie alors comme il peut:« Je parlais de culture, pas des plants qui sont plus anciens je crois »!!!

Le climat restera tendu jusqu'à la fin des débats, il n'y aura pas de véritable échange.

 

Monsieur le sénateur Rouart rapporteur de la Commission de l'Agriculture présente l'article 6 et parle de « cépages primitivement introduits d'Amérique depuis de longues aimées, qui ont des goûts détestables, tel le Noah, d'autres moins mauvais comme l'Othello et le Clinton qui sont tout de même des cépages inférieurs. On a voulu y joindre en même temps tout ce qu'a apporté l'hybridation française qui est une chose admirable » dit-il.

 

Deux anecdotes pour terminer :


Pour enrayer la surproduction, Monsieur le député Chouffet a proposé que la ration de vin par soldat passe de 1/2 litre à 1 litre.


« Je ne pense pas, a t-il dit, qu'il puisse se trouver quelqu'un ici pour affirmer qu'un litre de vin par jour et par homme soit une ration trop élevée ».


Le Président du Conseil a renchéri: « Je suis tout à fait d'avis que dans la période où le vin est bon marché on fasse un gros effort pour en assurer la consommation et que la troupe bénéficie de plus fortes rations »

.
Sauf que cela ne représentait que 300000 hectolitres volume dérisoire par rapport aux 15 ou 20 millions d'excédents.


Monsieur le sénateur Rouart s'exprimant au nom de la Commission de l'Agriculture fait référence à la proscription du Gamay sous Louis XV et déclare :


« Singulière naïveté du pouvoir absolu, croyant dominer les adaptations naturelles.
Si la volonté royale avait été complètement exécutée, nous serions privés d'un des meilleurs
vins courants de France. »

 

Les extraits ci-dessus sont tirés de « Fruits oubliés »

 

Pour tout renseignements à propos de la « libération de plantation » je suis disponible pour le genre, sans « faire genre », causerie autour d’un verre, style de ce que sait si bien faire François le Débonnaire. Ce sera « off » bien sûr !

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