Gamin ou gamine la première bulle goûtée, avec les yeux comme disaient nos mères pour tout ce qui était interdit, était celle d’une bande-dessinée : il y eut Boule&Bill, Sylvain&Sylvette, Fripounet&Marisette, Tintin&Milou, Buck Danny, Kit Carson, Michel Vaillant, Bibi Fricotin... et puis, l’âge aidant, les accros de la bulle se sont trouvés d’autres héros, d’autres auteurs (peu de femmes dans la BD mais une grande dessinatrice Annie Goetzinger qui, avec Pierre Christin, nous a donné une superbe BD La demoiselle de la Légion d’honneur) : Hugo Pratt, Tardi, Enki Bilal, Guido Crepax pour les canaillous avec sa Manara, Floch&Rivière, Régis Franc, Pétillon, Manu Larcenet... Bien évidemment, je ne puis terminer cette rapide évocation des bulles de papier sans évoquer la bulle kitch, celle des romans-photos de Nous Deux, pleine de sirop d’amour et de princes charmants en 404 décapotable épousant des soubrettes... et où le comble de l’érotisme se nichait dans la transparence d’une nuisette...
De la bulle de papier aux nôtres, effervescentes, il n’y a qu’un pas que bien évidemment je franchis allègrement en vous proposant tout au long de ce mois de décembre une série de chroniques finement intitulée : des bulles dans une Bulle où des tâteurs de bulles de haute volée vous feront part de leurs coups de cœurs. Comme je ne suis qu’un petit bricoleur de la Toile mes montages sont d’une rare indigence graphique mais, comme me le disait ma mémé Marie pour m’encourager, c’est l’intention qui compte.
Le premier à s’y coller c’est l’ami Jacques Dupont qui, comme chaque année, vient de sortir dans le Point son spécial Champagne n°1994 www.lepoint.fr . D’ordinaire je pratiquais la stratégie du Coucou, profitant sans vergogne de la rude besogne de Jacques dit Merveilleux du Vignoble. Cette année, en dehors de ses « amours » champenoises, rien que pour ma petite boutique sur la Toile il vous révèle un énorme coup de cœur.
Allez Jacques, à toi de buller le premier !
La bulle de Jacques est calligraphiée en plus gros caractères sous sa photo pour ceux qui n'y verrait goutte
Il y a une bulle que je trouve exceptionnelle, c'est « Vive la Joie » de la cave de Bailly-Lapierre.
Je suis très admiratif du travail engagé depuis plusieurs années par le directeur José Martinez dans cette cave coop qui récupérait en somme tout ce que les vignerons ne voulaient pas et qui est devenue le fleuron du crémant de qualité en France. Approvisionnements sélectionnés de façon impitoyable, travail sur les dosages qu'aucune, je dis bien aucune grande maison de champagne n'a fait. Des années d'essais pour chaque cuvée. C'est de l'orfèvrerie en cave coopérative avec l'aide de James Darsonville, le discret oenologue que l'on retrouve chez quelques uns de nos vignerons favoris en Champagne. Ils viennent de lancer cette nouvelle cuvée après, comme d'habitude, mure réflexion.
Dans leurs caves immenses, anciennes carrières où (juste à coté) les allemands avaient installé une usine de fabrication d'avions de guerre (pour vous dire la taille de ces grottes) ils conservent des crémants depuis la création de la coopé en 72. La belle évolution de ces vins leur a donné l'idée d'élaborer avec des vins un peu anciens, élevés en cuves, mûrs, une cuvée de blanc et une de rosé à base de pinot et de chardonnay. Les deux sont excellentes mais j'ai eu un vrai coup de coeur pour le rosé, d'une élégance incomparable. Rien à voir avec les rosés cocotant la framboise de yaourt ou la fraise tagada. Un vin, en subtilité, étiré (tendu pour te faire plaisir), tout en finesse. www.bailly-lapierre.fr
www.francis-boulard.com et Champagne Emmanuel BROCHET 7 impasse Brochet
51500 VILLERS AUX NOEUDS tél : 03 26 06 99 68 fax : 03 26 06 99 68 http://www.lepoint.fr/vin/champagne-emmanuel-brochet-02-12-2010-1269968_46.php