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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 07:00

Adeline voulait un chat et moi un chien, résultat elle revint un matin avec un chaton ébouriffé dans son cabas alors que moi, plus sournois, je fis le coup du voyage en province pour entraîner Adeline dans un élevage de beagle. Face aux chiots, elle fondit pour le plus timide. Bien évidemment j’avais pris le soin de le réserver sans prévenir mon amoureuse et nous pûmes ainsi repartir avec lui. Comme c’était l’année des J, et que c’était un garçon, nous le baptisâmes de suite, sur proposition de ma chérie et sans débat entre nous, JOJO. Profitant de l’état de faiblesse d’Adeline face à un Jojo qui l’inondait joyeusement, je lançai : « et notre chat si nous l’appelions Beria !

-         Ça ne va pas la tête !

-         Si, tu sais ton chat, comme tous les chats, va faire régner la terreur à la maison et ce pauvre Toto vivra dans l’angoisse.

-         Tu dis vraiment n’importe quoi…

-         Tu as déjà eu un chat ?

-         Non…

-         Un chien ?

-         Non…

-         Donc tu devrais me croire…

-         Tu me manipules comme toujours…

-         Et pourquoi je ferais ça ?

-         Parce que tu as décidé d’appeler notre chat Beria ce qui est horrible il est si mignon.

-         Parce que c’est un chaton, tu verras quand il sera grand…


Adeline éclatait de rire. Jojo lui léchouillait les mains.


-         Tu ne me prends pas au sérieux ?

-         Mais si mon amour mais tu as oublié un détail d’importance.

-         Lequel ?

-         Notre chaton est une nénette.

-         Comment tu sais ça ?

-         Le vétérinaire…

-         Tu es déjà allé chez le vétérinaire…

-         Oui en passant.

-         Pour ses beaux yeux…

-         Tu es jaloux ?

-         Oui.

-         Arrête-toi !

-         Pour quoi faire ?

-         L’amour !

-         Mais…

-         Y’a pas de mais, la minute n’est pas au discours !

-         Dans la voiture…

-         Oui dans la voiture

-         Et Jojo…

-         Ça lui fera son éducation sexuelle…


Nous fîmes donc l’amour pendant Jojo dormait comme un bienheureux. C’était la première fois que nous consommions. Tout ça à cause de Beria, doublement d’ailleurs, car constatation faite notre chaton était bien un chat et, bien sûr, Adeline l’appela Beria.


Le soir avec Toto et Beria nichés entre nous deux Adeline termina de lire ma petite histoire avant de s’endormir en me confiant d’un air ravi « j’ai gardé ta semence, j’espère avoir un petit que nous appellerons Jacques puisque c’est l’année des J… »


Plus petite conne que moi, tu meurs ! (suite et fin)


Mon salut vint de mon beau militaire. Lorsque je lui annonçai la nouvelle, après un coït violent dans la paille d'une grange, il se montra à la hauteur de l'évènement. Tendre il s'enquit d'abord de ma santé, puis, jugulaire, jugulaire, il m'assura qu'il assumerait toute sa responsabilité. Il tint parole. Quinze jours plus tard je partais par le Nantes-Lyon-Genève rejoindre une clinique suisse huppée.


Plus petite conne que moi, tu meurs ! Je n'étais jamais sorti de mon trou et la perspective d'entreprendre un aussi long voyage, qui plus est de me rendre dans un pays étranger pour séjourner dans une clinique de riches, me ravissait. Je m'agitais comme une puce sous le regard indifférent de ma mère. Mon gendarme, en plus d'affronter un paquet d'emmerdements, j'étais mineure, se révéla un type d'une rare efficacité. Nous forniquions comme des morts de faim. Les derniers jours avant mon départ il venait même passer la nuit à la maison. Sans vouloir médire je crois qu'il en prenait pour son argent car ma petite virée helvétique lui coûtait un max.


Tout ça pour tirer des coups avec une petite écervelée. Les mecs pour leur bite sont capables de faire les pires conneries. Pour les piéger y’a qu'à leur faire ce que leurs femmes refusent de faire. Mon militaire, lui, c'était différent, il aimait ça comme certains aiment le bon vin. Je ne sais pas ce qu'il me trouvait mais il était insatiable. Si je le sais, mes seins, il leur vouait un tel culte que jamais depuis je n'ai retrouvé un type capable de me faire jouir seulement en me caressant la pointe de mes tétons. D'ailleurs, je devrais dire que la vie que j'ai menée depuis ne m'a guère donné l'occasion de prendre mon pied.


Je jouais donc les stars. L'extraordinaire entrait enfin dans ma petite vie. Ma mère, face à un tel capital de stupidité, baissait les bras. Elle préparait même du café pour mon militaire. Je suis sûre qu'après mon départ ce foutu étalon se l'est faite. Si je dis ça c'est qu'avant mon départ elle se pomponnait de nouveau. D'ailleurs je crois bien qu'ils ont commencé avant. Fraîche et pimpante maman est venue me conduire à la gare Nantes.


Dans le train plein de types m'ont dragué. Je ne leur ai prêté aucune attention. Dans le Lyon-Genève, lorsque je pénétrai dans le compartiment, un beau monsieur qui sentait le vétiver m'a déshabillé du regard. Ma petite d’oiseau perfusée au roman-photo broda.


Il se levait. Je le suivais. Dans la pénombre du couloir il me pressait contre la vitre et ses belles mains allaient sous ma jupe. Avec une infinie douceur il me faisait pivoter. Ses caresses m’ouvraient plus encore. Humide je l'attendais. À ma grande surprise il me prenait là où jamais mon gendarme n'avait osé me prendre. Je poussais un léger cri. Son lent va et vient m'obligeait à me mordre les lèvres pour ne pas crier. Lorsqu'il se retirait je sentais la caresse rêche du papier sur ma poitrine. 200 Francs. Pour la première fois de ma vie je vaudrais quelque chose.


Sitôt le départ de la gare Perrache mon beau monsieur qui sentait bon le vétiver s’est assoupi.


À la clinique j'entrai dans un univers étrange, d'une beauté froide, lisse, où chaque geste du personnel semblait dicté par le souci de mon confort. La nuit venue, dans la solitude douillette de ma chambre, apeurée, coupée de mon univers étriqué, perdue, oppressée, j'aurais voulu pleurer. Qu'on me consolât. Des grands bras rien que pour me câliner, des grands bras où je me laisserais aller à sucer mon pouce. De vraies caresses, simples, tendres, pas des mains qui me fouillent. De la tendresse, des mots de sucre d'orge, des petits baisers dans le cou.


Tout se passa bien. Mon éveil se fit sans heurt. Ma peur de la veille semblait s'être diluée dans l'anesthésie. Personne ne m'appela pour prendre de mes nouvelles. L'infirmière de garde me contemplait comme si j'étais un petit oiseau juste sorti du nid. Elle avait une face chevaline et un corps musculeux. Dans ses yeux, d'un bleu délavé, je crus entrevoir un mélange d'envie et de dégoût.


Plus tard, bien plus tard, lorsque je découvris que les filles pouvaient aimer les filles, j'en compris les raisons. Sur le moment, dans ma naïveté, je pensais qu'elle me jugeait. Sans réfléchir, avec un petit sourire implorant, je lui demandai de me frotter le dos. Elle le fit avec une infinie douceur. Tout mon corps s'emplit d'une douce chaleur. Ce n'était pas du plaisir mais comme de la vie. Sa main hésitait, se suspendait au-dessus de mes épaules. Allait-elle la faire courir sur ma poitrine ? Elle n'en fit rien se contentant de m'aider à passer ma chemise de nuit.


Cette nuit-là une grande fatigue me tomba dessus. Je sombrai d'un bloc dans un large égout nauséabond où flottaient, pattes en l'air, des rats poilus avec des queues immenses. Et puis, ce bruit lancinant de chasse d'eau que l'on tirait. La cataracte, le trou, on m'aspirait.


Je coulais.

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