La formule est de Marcel Duchamp et elle me va bien au teint. Comme l’expliquent l’auteur du charmant livre Les plus belles fesses du Louvre « quel que soit le nom que l’on donne à celui qui regarde, c’est l’exercice de son regard qui lui permettra de trouver le mode par lequel l’œuvre le touchera. »
C’est une quête essentielle, vitale, elle me construit.
« C’est ce que je trouve qui m’apprend ce que je cherche » résume en 1934 le peintre Pierre Soulages.
« En prenant conscience de la singularité de mon regard, je le libère. Ainsi : je regarde donc je suis. » Bruno de Baecque in Les plus belles fesses du Louvre.
Les croquis sont de Joëlle Jollivet
« Souvenons-nous avec quelle tendresse le représentant en parapluies, joué par Jean-Pierre Marielle dans le film Les Galettes de Pont-Aven dit à sa jeune maîtresse : « Je vais peindre ton cul, ton cul surtout… Montre-le-moi bien. Là. Cambre-toi, tends-le bien vers moi. Oh ! comme il est beau. On dirait un Courbet dis donc »
Le même Marielle, dans son livre Le Grand n’importe quoi, écrit « Regarder est mon activité favorite, je peux rester des heures à une terrasse, devant un verre vide, à observer les démarches, les visages, les vêtements. Je laisse filer mon imagination, leur invente des vies, des amours, des chagrins, leur prête des caractères et des intentions. Parfois, cela servira pour jeter les fondations d’un rôle ; souvent, c’est un plaisir qui honore sa vocation, il est gratuit. »
« Regarder prend du temps, car l’opération se fait en plusieurs couches, en laissant ou non un délai de séchage entre deux visions, couches, en laissant ou non un délai de séchage entre deux visions. C’est en regardant encore et encore que la joie du regard peut venir. » Bruno de Baecque.
Catherine Ringer chante cette joie dans la chanson « Alors c’est quoi » soutenue par la guitare de Fred Chichin dans l’album Cool Frénésie (2000)