Désolé François-Régis mais là je suis 100% Lucky, j’aime les voyous et les bucatini ! ICI
Luciano, de son vrai nom Salvatore Lucania, expulsé des USA en 1946, après que sa peine fut de prison fut réduite à dix ans pour services rendus aux alliés en Sicile, vivait à Naples 11 via Tasso dans le quartier résidentiel du Vomero. Son appartement dominait la baie de Naples et le panorama qui s’étalait de la terrasse de 110 m2 était exactement celui que décrivait Virgile.
Luciano adorait les journalistes, il reçoit le 7 janvier 1962, l’un d’entre eux de l’hebdomadaire milanais Le Ore. Il était vêtu d’un costume croisé anthracite, sa chevelure grisonnante et ses lunettes dorées lui donnaient l’air respectable d’un expert-comptable de grande société, la poignée de main ferme et chaleureuse, la voix un peu sourde, teintée d’un léger accent new-yorkais.
Son équipe préférée était l’Inter de Milan qui tenait le haut du Calcio italien avec ses Buffon, Corso, Suarez, Fachetti et autres Mazzola.
Ha ! le catenaccio, “le verrou”, d’Helieno Herrera...
Le repas préparé par Lucky était simple et raffiné :
- Caviar et saumon fumé
- Pastasciutta con le sarde
- Filet de bœuf à la Napolitaine accompagné d’asperges chaudes à la crème de brebis
- Salade
- Sabayon et biscuits aux amandes
Vins : champagne, Vittoria et Alcamo pour accompagner les pâtes et le bœuf, et Malvasia avec les biscuits aux amandes.
« Les pâtes aux sardines étaient pour Lucky Luciano sa madeleine de Combray. Quand il lui arrivait de cuisiner, le capo Lucky ne travaillait pas en amateur et respectait les traditions de la Terra Nostra. S’il était devenu un mafioso riche sans pudeur, il avait su rester humble aux fourneaux. Il avait toujours dans ses réserves les ingrédients, pour le moins insolites, nécessaires à la confection de ces étranges pâtes aux sardines à la saveur mâle, et ne se serait jamais mis à l’œuvre sans ces petits fenouils de montagne fortement aromatisés, dans lesquels Alexandre Dumas décelait « un irremplaçable goût sauvage » prodigué par le soleil, le vent et l’air… »
Le 27 janvier 1962, Lucky Luciano se rendit à Capodichino, l’aéroport de Naples, l’avion de Madrid devait atterrir vers 10 H 15, en avance il se dirigea vers l’un des bars et commanda un double café très fort. Il en buvait une quinzaine par jour. Au bar, 4 hommes, Luciano, 2 carabiniers et le barman. Soudain, Lucky s’affaissa au sol, et roula par terre, une légère bave à la commissure des lèvres. Deux minutes plus tard, il était mort. Il ne fut procédé à aucune autopsie du corps qui perdait, en même temps que la vie, son pseudonyme de « chanceux ».
Cet arrêt du cœur ne trompa pourtant personne et surtout pas le FBI, tous les symptômes notés pendant les deux minutes qui précédèrent la mort ne laissaient aucun doute sur la nature du décès : empoisonnement au cyanure.
Les funérailles furent à la mesure de l’homme. Elles coûtèrent 72 millions de lires. Corbillard baroque noir et argent traîné par huit chevaux emplumés, soixante fourgons portant près de cinquante millions de fleurs et de couronnes, douze mille personnes. Et puis le banquet funéraire…
La Mafia perdait l’un de ses plus importants capi ; la cuisine sicilienne, un de ses meilleurs chefs.
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