Le dîner fila comme sur des roulettes, lubrifié au vin nu de Catherine Ledétenté, sur une pasta Cacio e Pepe, des fraises à la cassonade, légèreté, le narrateur que je suis ne souhaitant pas être édité par Harlequin en restera à ce degré de détails. Ambrose, sagement regagna son domicile muni de son attestation de couvre-feu pour garde d’enfants, Beria détestait qu’il découche. Il se fit une verveine-menthe poivrée, lui qui détestait la tisane, elle l’avait converti. Le ciel était clair, l’air vif, Beria, repu, en écrasait lourd sur le canapé du salon. Le WhatsApp bipa « Demain, procédure ball-trap, le pigeon d’argile s’impose ! Bonne soirée à toi vieille crapule, à demain… » Sacré ADN, pénaliste un jour, pénaliste toujours, Ambrose répondit « Tirer à blanc ça donne soif. J’apporte du carburant, je sais qu’il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, alors je jouerai au con. Bises à toi… »
L’exactitude est la politesse des rois ! Ambrose toujours à l’heure se pointa 15 minutes avant 11 heures, avec les contrôles il poserait ses fesses dans l’antichambre pile poils pour attendre, ADN, comme tous les hommes de pouvoir, le ferait mariner. Les préposés à la fouille, des planqués de la Pénitentiaire, tirèrent la tronche en le voyant arriver avec un cabas floqué « Terroirs d’Avenir ». Il les rassura, gouailleur, « Pas de souci mes braves – il avait évité de justesse mes matons – ce ne sont pas des cocktails Molotov, seule la roteuse peut péter si vous la secouez ! » Ils sourirent jaune. Ambrose en passant sous le portique, leur balance la vanne qui tue « Mon pote Garde ne doit pas être dépaysé, c’est comme à la Santé ! ». Ils rirent, je l’avoue de bon cœur, même que le plus jeune, grêlé d’acné, osa un « Vous êtes un comique, vous… » Alors qu’une jeune femme, bien gaulée, se pointait juchée sur des talons aiguilles qui piquetaient bruyamment les dalles, je me la jouais ancien combattant « J’ai signé l’appel pour que Coluche se présente à la présidentielle de 81, avec un ancien Garde, le petit père Nallet, et plein de beau linge… » Le grêlé leva le pouce, « Le Garde vous attend… » m’annonça celle qui se présenta comme la chargée de communication du Ministre, Annabelle me précisa-t-elle.
Dupont-Nanetti, à l’heure, planté devant son bureau empire, le meuble, bras grands ouverts, donna une mâle accolade à Ambrose, le genre Brejnev sans le baiser sur la bouche, « Toujours aussi jeune et beau mon grand ! » Annabelle pouffa. « Tu as déjà fait une nouvelle conquête sacré séducteur… »
- Je suis rangé des voitures…
- Je sais…
- Les dossiers de la grande maison sont à jour, mais franchement c’est gaspiller l’argent du contribuable que d’espionner un vieux retraité nickel chrome.
ADN, s’esclaffa.
« Tu ne fumes plus, je crois…
- Oui, ce n’est pas ton cas. Je t’ai apporté des vins nu pour éduquer ton goût de buveur d’étiquettes.
- Ha, l’amour, l’amour, l’amour Ambrose, voilà où ça te mène. Tu as bon goût, elle est jeune et belle.
- Impayable, vous avez aussi ses mensurations, la taille des bonnets de ses soutiens-gorge, la pointure de ses baskets, pas touche mon ami !
- Bien sûr mon Ambrose, je ne mange pas de ce pain-là, tu le sais. Si ça ne te dérange pas Annabelle va assister à notre entretien.
- Pas de souci, comme dit mon petit-fils, j’espère que vous ne rédigerez pas un communiqué suite à cet entretien entre grands de ce monde.
Annabelle pouffa, à nouveau, ADN commenta « Tu pètes le feu mon Ambrose, ça me rassure pour la bonne fin de notre petite entreprise… »