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27 avril 2021 2 27 /04 /avril /2021 06:00

 

L’Aude, le département : 11, fut pendant des décennies, celles du fleuve rouge, le creuset du leadership de la coopération viticole française au travers d’Antoine Verdale, l’homme de Trèbes qui régna d’une main de fer dans un gant de velours, la CNCV : confédération nationale des coopératives vinicoles.

 

L’Aude, il fut un temps, celui où je portais les dossiers de Michel Rocard, où j’y passais beaucoup de temps avec un savant équilibre avec l’Hérault pour ne pas froisser les susceptibilités de Marcelin Courret et de Jean Huillet face au « parrain » des caves coopératives Antoine Verdale. Le Gard et les PO comptaient pour du beurre.

 

Et pourtant, lorsqu’il prit sa retraite, ce fut un Gardois, Denis Verdier, qui repris le manche, pour disait-on, ne jamais le lâcher. Détail d’importance, le jeune loup audois, Joël Castany, de la coop de Leucate, homme d’avenir, moderne, tête bien faites, beau parleur : il ne jurait que par les grands négociants espagnols, préféra les délices bruxellois du COPA-COGECA. Pour Antoine, il était frappé d’un péché originel, il était du Val d’Orbieu, le bébé de l’autre autre audois madré de Bizanet, Yves Barsalou, qui avait le bras très long et des picaillons, ceux du Crédit dit Agricole.

 

Yves Barsalou rêvait de faire du Val d’Orbieu un grand groupe du vin concurrent de celui de Pierre Castel, mais, plus financier que vendeur, après avoir racheté Cordier puis Listel, en espérant se refinancer sur le second marché, il échoua. Le Val d’Orbieu fut détricoté mais, fidèle au poste, rêvant lui aussi d’un grand groupe, le Joël Castany attendait son heure.

 

Elle vint avec l’irruption dans le paysage de la coopération viticole d’un grand mégalomane : Thierry Blandinières, l’homme du groupe coopératif In Vivo, plein de picaillons, qui porta sur les fonds baptismaux : IN VIVO WINE ICI

 

Joël Castany, à la tête de Cordier by In Vivo

 

Encore quelques mots sur l’Antoine :

 

24 octobre 2005

Antoine, Gérard et le petit frère ICI 

 

« Le président national des caves coopératives, Antoine Verdale, issu de la Cité de Carcassonne (...) était une figure pittoresque, passionné comme il se doit par le vin et le rugby dont il était un des dirigeants chevronnés. La Confédération et la Sopexa tenaient bi-annuellement un salon du vin à Londres, à la veille de France-Angleterre (...) Dans l'après-midi, toujours dans un grand hôtel de classe, on voyait passer et faire halte devant les stands Albert Ferrasse et les grands du rugby, Rives, Paparemborde, les ardéchois Fouroux ou Camberabero (...) »

 

« Au Mondial du vin à Bruxelles, il tenait le stand de la cave coopérative de Trèbes (sa cave). J'allais le saluer à chaque fois. Il me disait : «  à midi, viens sur mon stand, je reçois les grands fonctionnaires du Marché Commun et je cuisine pour eux quelques confits de canard. Ils apprécient et cela facilite l'instruction des dossiers viticoles européens. »

 

Qui se souvient d’Antoine Verdale ? La RVF Au coeur du "Midi rouge" sonde les viticulteurs de l’Aude avant la Présidentielle.

Extrait n°5 : Rocard et l'Antoine Verdale de Trèbes ICI 

 

Q : Quelles sont vos relations, sur ce problème de la vigne, avec vos interlocuteurs et notamment avec le plus puissant d’entre eux, le président de la Fédération des caves coopératives viticoles ?

 

 

MR : C’est un peu grâce à lui aussi que l’affaire va être gagnée. D’ailleurs, il se passe une scène extraordinaire que je ne résiste pas au plaisir de vous raconter. Je crois bien que c’est la première fois que je raconte toute cette période avec force détails. L’homme puissant était précisément le président de la Fédération des caves coopératives viticoles. Il s’appelait Antoine Verdale et il était de l’Aude. Je me dis alors que seul Verdale peut ou non décider d’avaler ça. Si ça ne passe pas avec lui, on fera ce qu’on pourra, mais on ira à la guerre civile. Avec son accord, c’était presque assuré. C’était un potentat. Il terrorisait un peu. C’était un vieux de la vieille de la SFIO que j’avais le souvenir d’avoir rencontré dans quelques congrès. Bref, on se connaissait un peu.

 

L’interview  donnée par Joël Castany à La Dépêche du Midi est un bijou, une mine pour qui sait y déceler les pépites ICI

 

Joël Castany en 2018, lors du forum mondial des coopératives vitivinicoles à Narbonne.	 Archives Ph. L

 

Narbonne. Joël Castany, à la tête de Cordier by In Vivo : "Avec la fusion, nos sites régionaux seront renforcés"

 

   

Viticulture, Narbonne, Aude

Publié le 22/04/2021

 

Le 30 mars à Paris naissait sous le nom de Cordier by InVivo un géant européen de la coopération viticole, fruit de la fusion d’InVivo Wine et de Vinadéis, deux sociétés holdings de coopératives parmi les plus importantes en France. Joël Castany, aujourd’hui à la tête du conseil d’administration revient sur les dernières heures du groupe Vinadeis, et trace des perspectives d’avenir. Il dénonce notamment la rumeur de vente de l’Uccoar et annonce la cession des bâtiments de Narbonne à G. Bertrand.

 

- Pouvez-vous revenir sur les raisons de la fusion de Vinadéis avec In Vivo Wines pour devenir Cordier by In Vivo ?

 

 

Une entreprise régionale, fruit de la fusion avec l’Uccoar n’est pas rentable, elle a de très faibles moyens de développement en matière de marketing, de commerce, de recherche et d’innovation, à tel point qu’à un moment on décide même de fermer l’usine, et que malgré cette fermeture, elle n’est toujours pas la championne de la rentabilité. Elle est très liée aux producteurs dont elle a pour mission d’écouler la production et d’essayer de la valoriser. Elle s’adosse par l’effet d’un partenariat, puis d’une fusion à un leader de l’agroalimentaire français qui a une bonne rentabilité et qui, dans sa vie récente a vendu Néovia, une société pour laquelle il a reçu un prix très élevé. Ce cousin germain auquel on est associés en termes d’union de coopératives, dans des réflexions de réutilisation des moyens récupérés dans la cession de Neovia, décide des priorités.

 

 

Quelles sont-elles ?

 

Le commerce de détail (d’où l’achat de Jardiland), une plus forte présence dans le secteur agro alimentaire (le rachat de groupe Soufflet en cours), l’amélioration de ses performances en matière de trading, être un grand acteur du bio contrôle et devenir effectif dans le vin. Pour ça, il met des moyens au service de la filière vin.

 

D’où la fusion ?

 

Ces moyens s’expriment par de la croissance externe, c’est le cas de Vinadéis avec la fusion, et par des moyens amenés dans le marketing, la recherche, etc.

 

Mais pourquoi acheter des sociétés déficitaires ?

 

Si elles étaient hyper rentables peut-être n’auraient-elles pas été à vendre ? C’est un mythe qu’on gagne beaucoup d’argent ; la rentabilité globale du groupe Vinadéis est faible à négative suivant certains arrêtés comptables. Car de quoi était constitué Vinadeis ? Trois sociétés plus importantes : Uccoar, Trilles, et Vignerons de la Méditerranée. Puis de Sud Vin et VSI à Béziers, et de la marque Inno’vo.

 

Trilles, historiquement, fait preuve d’une rentabilité récurrente, en revanche ne le sont ni Uccoar ni VIM, ni Sud Vin. Aucune société n’est largement bénéficiaire.

 

Pourquoi ?

 

C’est le drame de l’activité. Les producteurs qui ont une partie importante à charge sont payés au prix du marché, et n’ont pas de rentabilité.

 

Et la société hollandaise Baasma Wines, c’est elle qui achète tout le vin des coop du groupe en Languedoc ?

 

Pas du tout, son activité est ridicule, In Vivo l’a acheté, pensant à un ancrage en Europe du Nord, mais ils ont déchanté, ça ne représente rien pour nous, à peine 7 000 à 8 000 hl.

 

Vous n’allez pas vendre l’Uccoar ?

 

C’est totalement l’inverse. Les sites de Carcassonne, Maureilhan et Béziers vont être renforcés au profit de ce développement.

 

Donc aujourd’hui, les sociétés composant Vinadéis sont déficitaires, mais, au profit de cette fusion, quelles sont les perspectives d’avenir ?

 

Ça ne peut pas rester déficitaire. L’effet escompté de la fusion, c’est de maintenir cette mission auprès de ses actionnaires, ses sociétaires, pour arriver à un niveau de rentabilité acceptable pour maintenir l’investissement, une chose, qu’on a connu à une époque. Et qui pour des raisons de marché est difficile aujourd’hui.

 

Que devient le site narbonnais du Val d’Orbieu ?

 

Le site de Narbonne est vendu. Les bâtiments de l’ex-entreprise Vignerons de la Méditerranée ont été vendus il y a quelques jours à Gérard Bertrand.

 

Pourquoi à lui ?

 

Nous avions plusieurs propositions. Parce que c’est une entreprise narbonnaise, que Gérard Bertrand est un acteur leader du coin et qu’il collait à notre cahier des charges économiques. Il récupère un outil en bonne forme, tant au niveau de la cuverie que de l’embouteillage et du stockage.

 

Revenons sur votre départ de Narbonne l’an dernier…

 

Nous étions face à l’obligation de restructurer notre industrie qui portait sur les trois sites : Maureilhan, Narbonne et Carcassonne ; c’est celle de Narbonne qui a été malheureusement choisie. À partir de là, le personnel a fait l’objet de procédures assez longues avec l’appui des pouvoirs publics. Une proposition a été faite aux salariés avec le choix pour Narbonne Jonquières, Béziers ou Carcassonne car une partie du personnel, l’administratif, a été réaffectée dans des bureaux à Jonquières. On a été très attentifs. La gestion en amont a été correctement réalisée.

 

Le siège de Jonquières est-il à vendre ?

 

C’est compliqué. Jonquières ne nous appartient pas. La propriété de Jonquières appartient au Crédit Agricole. Le foncier, 400 ha de landes et le vignoble, est détenu par une SCI dont le Crédit Agricole est l’actionnaire majoritaire. Nous, aujourd’hui devenus Cordier by In Vivo, avons une petite participation, dont "le château". Le vignoble fait l’objet d’un bail emphytéotique en faveur d’une société civile d’exploitation agricole que nous pilotons et ce bail prend fin en octobre 2021. Nous ne sommes pas enclins à la renouveler en tant qu’exploitant. N’oublions pas que la LGV est redevenue d’actualité et qu’elle passe en plein milieu.

 

   

Véronique Durand

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« L'avenir ne sera pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire » <br /> Henri BERGSON
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