Joseph Paxton, Le Crystal Palace réalisé dans Hyde Park pour l’Exposition universelle de Londres, 1851. © Bridgeman.
Les nénuphars sur les mares de ma jeunesse qui donnaient l'impression de flotter sur l'eau avec leurs grandes feuilles ovales se divisant en deux lobes laissant pointer de très belles fleurs aux coloris variés, qui ont beaucoup de pétales avec des étamines au centre. Leurs fruits sont semblables à des baies, me fascinaient.
Les Nymphéas de Claude Monet, série de 250 tableaux commencées en 1895, ont certainement contribué à l'intérêt que l'on porte pour ces fleurs de bassin, de différentes couleurs, avec de larges feuilles ovales et arrondies, très esthétiques.
La Victoria regia, fut découverte en 1801 par un botaniste venu de Bohème, Thaddeüs Haenks qui en rédigea une description très détaillée. Il mourut sur le bateau du retour terrassé par une mauvaise fièvre tropicale. Ses confrères botanistes jetèrent son travail au panier « Allons soyons sérieux ! Une fleur géante ! Des feuilles sur lesquelles un enfant peut rester assis ! Ce pauvre Thaddeüs ne savait plus ce qu’il disait, c’est évident ! »
18 ans, c’est le temps qu’il fallut pour que sa découverte soit réhabilitée lorsqu’Aimé Bonplan, un botaniste français, corrobora ses écrits.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là : « La première exposition universelle ouvrit ses portes le 1er mai 1851 à Londres, au sud de Hyde Park. Elle se tenait sous une gigantesque verrière, une serre de fer et d’acier, 560 m de long et une surface de 8 ha édifiée par 5000 ouvriers.
Tel était le Crystal Palace, conçu par un jardinier, Joseph Paxton. ICI
La racine de ce projet grandiose et un peu fou plonge dans les eaux c’une rivière sauvage ; en bref, la Crystal Palace n’aurait jamais existé sans le Victoria regia, le nénuphar géant de l’Amazonie.
Quatre ans plus tôt, un certain Thomas Bridges en rapporte quelques graines. Ses prédécesseurs en ont fait autant, elles n’ont pas survécu au voyage. Lui, il a l’idée de les installer dans une boîte remplie d’argile humide. Le jardin botanique de Kew lui en achète 22, en vend quelques-unes à Joseph Paxton, le jardinier du château de Chatsworth, propriété du duc de Devonshire.
Le 9 novembre 1849, le premier Victoria regia anglais s’épanouit sous la grande serre dessinée par Paxton pour ses plantes tropicales ; une dizaine d’autres vont suivre pendant tout le mois. Kew doit attendre le 21 pour l’imiter : sur toutes ses graines, deux seulement ont levé.
Les fleurs géantes sont escortées par des feuilles démesurées, capables de porter Annie, 7 ans, la fille de Joseph : l’expérience fut tentée par le duc lui-même, le jour où lady Newburg vint lui rendre visite, émit quelques doutes sur leur robustesse ; la petite fille se tint debout, les mains croisées, attendit bien sagement que les grandes personnes finissent de jouer avec elle afin qu’elle puisse revenir à ses poupées.
Quand l’Angleterre décida d’organiser cette première exposition universelle, Paxton proposa les plans d’un pavillon orné d’une sorte de rosace au-dessus de l’entrée. Une rosace dont les armatures métalliques copient à la perfection le dessin des nervures d’une feuille de Victoria regia. L’eau ne menaça jamais l’édifice ; c’est le feu qui le détruisit, en 1936.
À l’issue du concours lancé en 1850 par le prince Albert, époux de la reine Victoria, pour la construction d’un palais destiné à recevoir les plus récentes inventions technologiques, industrielles ou artistiques des nations invitées, aucun des 245 projets reçus ne convainc le jury. Joseph Paxton, horticulteur et jardinier, propose alors de soumettre un projet qu’il dessine en une semaine. Désigné comme l’architecte du palais de l’exposition, il s’inspire de la construction des serres et imagine un bâtiment en verre, en fer et en fonte, de 564 mètres de long, atteignant jusqu’à 34 mètres de hauteur et offrant une surface de 92 000 mètres carrés. L’édifice est construit en six mois seulement grâce à l’emploi de matériaux préfabriqués et montés sur place, introduisant une nouvelle façon de concevoir et de bâtir. Déplacé dans la périphérie de Londres en 1852 et agrandi, il est malheureusement détruit lors d’un incendie en 1936.
verso de la feuille de Victoria Regia
Victoria regia de son vrai nom Victoria cruziana, découverte en Amazonie en 1838 et baptisée en l'honneur de la reine Victoria, est une plante aquatique aux feuilles si grandes (jusqu'à 1,50 mètre de diamètre) qu'elles peuvent supporter le poids de deux enfants.
Victoria amazonica, ICI le nénuphar géant ou la victoria d’Amazonie est l’une des plus fascinantes plantes aquatiques flottantes appartenant à la famille des Nymphéacées. Ce géant est originaire des zones inondées résiduelles après la crue de l’Amazonie, dans ce milieu la victoria d’Amazonie devient rapidement une espèce dominante. Elle est présente en Guyane, Brésil et Bolivie. Ramenée en Europe en 1800, les divers jardins botaniques d’Europe n’ont eu de cesse de réussir sa culture : magnifique, elle représente l’exotisme dans toute sa démesure. Il fallut néanmoins près de 50 ans pour maîtriser sa culture loin de sa latitude.
Rare en France car difficile à cultiver, il est toutefois possible d'en voir dans la serre de Chaumont-sur-Loire ou celles de la Tête d'Or à Lyon, au jardin botanique de Nancy ou encore à l'arboretum du Canet-en-Roussillon.