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1 juin 2020 1 01 /06 /juin /2020 06:00

 

Pour Jean-François, après une analyse, comme toujours précise et argumentée, le levier essentiel pour changer notre vieux pays fourbu, et au fond très conservateur, c’est redonner des couleurs à la démocratie par la reprise en main des peuples sur leur destin.

 

« C'est un vaste programme comme disait le Général, mais ça n'empêche pas d'avancer et de marcher ! » avait lancé Macron dans une référence de plus en plus récurrente à de Gaulle, lors de son meeting de campagne à Lyon chez son ami Gérard Collomb (je suis taquin, le « en même temps »  permet tous les glissements ou dérapages politiques, ici en direction du fou du Puy)

 

En réalité de Gaulle aurait répondu: «Lourde tâche!», ce qui n’est pas tout à fait la même chose, les programmes sont le délice des politiques en campagne mais, une fois élus, s’atteler aux manchons de la charrue pour tracer le sillon annoncé c’est « une autre paire de manches »

 

L’ami Jean-François n’est pas de ceux qui se dérobent face aux difficultés de la mise en oeuvre du « changement c’est maintenant », slogan utilisé dans sa longue adresse aux Français de François Hollande pour le lancement de sa campagne électorale, il  sort alors de sa besace un outil qui, selon lui, permettrait de le mettre en pratique : la VIe République.

 

En le découvrant, je me suis dit « mon vieux Berthomeau » toi qui est vaguement juriste-publiciste sur les bords, qui as vécu l’ensemble de ta vie de citoyen sous la Ve, qui a bossé dans le privé, qu’as bourlingué dans les cabinets ministériels, qu’as terminé sa carrière au « gagatorium » comme médiateur dans la France profonde, ça t’interroge !

 

En effet, c’est l’arme atomique, balancer la Constitution de la Ve (œuvre du Grand Charles reléguant le régime des partis de la IVe au rang des antiquités poussiéreuses) aux orties, même le père François, l’homme du « coup d’État permanent » n’a pas osé, même qu’il a fait bien plus que s’en accommoder, en surjouant les vieux monarques patelins, ne sera pas une partie de plaisir. Faudra pas trop compter sur le cheptel politique, avec en tête l’actuel Président, pour se faire Hara-Kiri. Alors, le peuple, les Français, mais qui sait ce qu’ils veulent ces Français.

 

Un lecteur m’a écrit :

 

Pays assez étrange que la France quand même. Anarchiste, contre les lois, contre les  forces de l'ordre, contre les politiques, contre les partis politiques, souvent contre le parlement, contre l'Etat, mais un goût immodéré pour les chefs, ses chefs, son chef et son Etat. Napoléon, Louis XIV, de Gaulle. Tout le monde marche à l'ombre de ces « grands personnages » : Mitterrand, Sarkozy. Macron y va comme ses prédécesseurs, mais les autres y vont aussi. De Gaulle par ci, de Gaulle par là.

 

Le rêve d'un Etat fort qui nous protège de tout et d'où tout vient, même les masques. Mais ne pas payer d'impôts.

 

Mais, comme en 1968, « Soyons réalistes, demandons l’impossible ! »

 

Depuis j’ai vieilli, de mon parcours je tire de moins en moins la capacité à me positionner comme érecteur de pistes de solutions afin de remettre les citoyens-consommateurs au centre de l’exercice de la démocratie.

 

C’est vrai que j’ai toujours été minoritaire en politique, je n’en garde ni amertume, ni envie d’affirmer que nous avions raison contre ceux qui emportaient la mise. Simplement, pour virer de bord, changer, en respectant la règle de base de la démocratie représentative qui est le vote, encore faut-il qu’une majorité le souhaite après avoir reçu une information, j’ose l’écrire : objective.

 

D’expérience je reste très sceptique sur ce soudain accès des Français à assumer un changement qui risque de mettre à mal leurs fameux droits acquis, leur confort matériel et intellectuel, leur bonne conscience. Le changement pour les autres, oui ! Faire table rase du passé c’est ouvrir, pour des majorités ou des minorités, une porte sur l’inconnu, et l’inconnu fait peur.

 

Alors, la VIe République, grand coup de torchon constitutionnel, c’est séduisant, beau comme après plus de 60 ans de vie commune, changer de compagne ou de compagnon, laisser sur le bord  de la route le ou la précédente bien fatigué(e), usé(e), sans plus beaucoup de charmes, pour vivre une nouvelle expérience avec quelqu’un bardé(e) des qualités dont on a toujours rêvés.

 

Comparaison n’est pas raison, mais en général les séparations se font dans le bruit et la fureur, ce qu’affectionnent ou affectionnaient les Français, disons pour faire simple par le passé, une révolution, plutôt de nos jours des mouvements types bonnets rouges, gilets jaunes, le dégagisme, le front populaire d’Onfray, la vénération d’un nouveau gourou type Raoult…

 

Les fractures dans ce pays sont telles que je ne vois pas bien comment les réduire afin de retrouver une envie nouvelle de vivre ensemble. Mon âge accentue ma misanthropie et, le vieux cycliste parisien que je suis, qui subit l’incivilité de tous les usagers de la chaussée, pense que c’est l’image de la citoyenneté dans notre vieux pays.

 

Bref, à la radicalité constitutionnelle je souhaite ajouter une radicalité bien plus forte : celle du faire, avec qui le faire… sur les bases de l’analyse de Jean-François que voici :

 

France - Monde | Le changement c'est toujours maintenant

 

Pour Nicolas Hulot « le temps est venu» de poser les premières pierres d’un nouveau monde solidaire, relocalisé, respectant l’environnement. A quelques jours de là, cent cinquante personnalités de gauche ont signé un appel à l’organisation d’une convention du monde commun. Les appels à la construction d’un monde plus écologique, plus beau, plus coopératif se multiplient et qui pourrait être en désaccord avec ces déclarations d’intentions ? Peu de gens souhaitent un monde plus dur, des inégalités plus grandes, des ressources naturelles gaspillées, même si beaucoup s’en accommodent.

 

D’ailleurs, ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, et leurs prédécesseurs ont adopté au cours des dernières années des documents internationaux et nationaux qui disent la même chose que tous ces appels et même parfois plus.

 

Lisez « l’agenda 2030 » adopté par l’ONU en 2015 Rien n’y manque. Les 17 « objectifs de développement durable » qui constituent cet agenda visent à éradiquer la pauvreté, les discriminations, à permettre l’accès de tous aux services essentiels (eau, électricité, éducation, santé), à renforcer la démocratie et la participation des citoyens, à réduire la consommation des ressources non renouvelables, la pollution, à développer une agriculture saine et durable, à assurer la paix et la solidarité internationale. Pour s’assurer de la mise en œuvre de ces objectifs, l’ONU a défini 232 indicateurs.  La « feuille de route » française présentée par E. Borne, le 29 septembre 2019, traduit en « programme d’action » pour la France cette résolution de l’ONU. La mise en œuvre en sera contrôlée grâce à 98 indicateurs.

 

Il faudrait, pour être complet, ajouter les plans produits à la chaîne, un jour en faveur de la biodiversité, le lendemain pour éradiquer la pauvreté, le jour suivant en faveur de l’hôpital, par des ministères qui ont d’autant plus d’ambition qu’ils ont moins de moyens pour agir.

 

La situation du monde s’en est-elle trouvée améliorée ? Si l’on en croit les discours catastrophistes tenus par les signataires d’appels, il ne semble plutôt que non.

 

Alors pourquoi cela ne marche-t-il pas ?

 

Il me semble que c’est en raison d’un diagnostic erroné, d’une sous-estimation des difficultés et d’une erreur de méthode. Seule la démocratie peut nous sortir de cette impasse.

 

Une erreur de diagnostic

 

Les êtres humains ne détruisent pas l’environnement parce qu’ils sont animés par de mauvaises intentions mais parce qu’ils vivent dans des sociétés structurées par une rationalité qui ne peut pas prendre en charge, autrement qu’en paroles, les objectifs de développement durable.

 

Les décisions prises par les gouvernements et les agents économiques sont rationnelles dans un monde organisé pour produire et échanger des marchandises sur un marché. Dans ce monde-là,  notre capacité à accéder aux biens et services essentiels (et beaucoup d’entre nous n’y ont pas accès) aussi bien que superflus (mais qui en décide) dépend du revenu généré par les activités de production et d’échanges. La capacité d’action des Etats est liée au montant des impôts qu’ils pourront prélever sur ces activités, donc à la croissance économique. Dans ce monde de la gouvernance par les nombres (Alain Supiot), notre bien-être économique est mesuré en termes de PIB par habitant, il se comparer à celui des autres, sa progression (ou sa dégradation) est visible et chiffrée.

 

La « science économique » a pris le pas sur les autres sciences sociales pour devenir la pensée commune. Elle considère que nous agissons tous pour maximiser les satisfactions que nous pouvons tirer de la consommation et de l’échange marchand et que nos décisions sont pour cette raison rationnelles ; elle considère aussi que le marché permet d’ajuster de la moins mauvaise façon possible les besoins individuels et les décisions collectives. Cette description de la réalité s’appuie sur une métrique qui permet de ramener nos comportements à une mesure commune.

 

Elle est très contestable. Nous savons depuis longtemps que la croissance du PIB ne fait pas le bonheur et même qu’il y a de moins en moins de corrélation entre la croissance du PIB et les indicateur de bien-être social (espérance de vie, éducation, optimisme sur l’avenir). Les sociologues, les philosophes et les spécialistes de marketing savent que nos décisions sont loin d’être rationnelles,  influencées qu’elles sont par celles des autres, par les phénomènes mimétiques, par les présupposés du moment. C’est pourquoi la croyance dans la force du « signal prix », si chère aux économistes, est si souvent déçue. Peu importe puisque de crise en crise, les échanges marchands progressent.

 

Ce système économique, le capitalisme, est sans doute condamné parce que sa tendance à l’expansion perpétuelle se heurte aux limites physiques des ressources qu’il mobilise, aux déséquilibres écologiques qu’elle entraîne et qui menacent non pas la planète mais l’humanité. Mais comme nous vivons en ignorant notre mort certaine, le capitalisme vit en ignorant la sienne.

 

Cependant, si l’économie dominante ment en décrivant un équilibre qui n’existe pas, elle traduit une partie de la vérité de notre monde fondé sur le fétichisme de la marchandise et la réduction du commerce entre les humains au commerce tout court.

 

Nous ne passerons pas d’une rationalité à une autre, d’une représentation du monde à une autre par la seule vertu d’appels à la responsabilité et sans que le monde change. C’est là toute la difficulté car le changement des mentalités ne peut résulter que d’un processus long au cours duquel nous changerons le monde en même temps que nous nous transformerons.

 

2 – Une sous-estimation de l’importance des changements à opérer

 

Les écologistes accédant aux responsabilités ont pris conscience que leurs sombres prédictions sur notre avenir et leurs appels aux renoncements de toute sorte risquaient de ne pas séduire les foules. Ils ont donc abandonné « l’écologie punitive » au profit d’un récit plus coloré dans lequel la « transition écologique » n’était plus porteuse que de bonnes nouvelles pour nous tous. Les nouveaux convertis, de gauche et de droite leur ont emboîté le pas : « ne craignez rien, l’écologie n’est pas une contrainte mais une promesse ».

 

La réalité risque de n’être pas aussi riante, ce qui n’infirme en rien la nécessité de changer de monde et son mode de développement, mais il vaut mieux être averti de ce que cela signifiera pour nous tous pour que ça réussisse.

Un exemple. L’objectif des politiques publiques est de découpler la croissance économique de celle des émissions de gaz à effet de serre qui bouleversent le climat de la planète. L’intensité carbone de l’économie française (la quantité de carbone émise par euro de PIB) diminue d’un peu moins de 1,5 % par an depuis 1990. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050 (c’est l’objectif du gouvernement), il faudrait multiplier par quatre ce taux annuel de réduction. Aucune technologie connue ne le permet.

 

Soit cet objectif n’est qu’une déclaration de jours de fête tenue par des gens qui n’y croient pas, soit on y croit réellement et il faudra dire comment faire et dire que le coût social et économique d’une transformation de cette importance sera considérable. L’économiste Jean Tirole a le mérite de le dire; mais il en déduit une solution théoriquement juste mais socialement et politiquement impraticable: une taxe carbone de même niveau dans le monde entier puisque l’impact d’une molécule de CO2 est le même quel que soit l’endroit où elle est émise. On est prié de voir plus tard pour la compensation des dommages sociaux que créerait cette mesure pour les plus pauvres. Voilà qui permettrait au moins la constitution d’un mouvement international, celui des gilets jaunes.

 

Autre exemple, la finance doit devenir verte et cesser de financer les énergies fossiles. C’est très juste. Mais les grandes banques possèdent dans leur bilan des dizaines de milliards d’actifs liés aux énergies fossiles. Si ceux-ci doivent être brutalement dévalorisés, combien de banques feront faillite et avec quelles conséquences sur l’économie tout entière ? Elles sont piégées et nous avec. Les banques européennes sont dangereusement sous capitalisées, leurs fonds propres excèdent rarement 3 % de leur bilan et la politique de  fourniture de liquidités à tout-va de la Banque Centrale Européenne ne les incite pas a plus de raison. Une crise comparable à celle de 2008 est donc toujours possible. Pour ne rien arranger, beaucoup d’investissements « verts » sont peu rentables en raison du bas prix de la tonne de carbone, Environ 44 € la tonne aujourd’hui quand il faudrait  attendre 250 € /tonne en 2030.

 

L’Europe qui signe en permanence de nouveaux accords de libre-échange avec ses partenaires commerciaux aura-t-elle la volonté et l’unité nécessaire à l’instauration d’une véritable taxe carbone à ses frontières ?

 

Fixer des objectifs jamais tenus et des délais jamais respectés n’est sans doute pas le meilleur moyen de crédibiliser l’idée d’une nécessaire transition écologique. Pourtant ceux qui sont fixés actuellement au sein de l’UE ne sont jamais atteints et après avoir fait ce constat, les responsables européens concluent généralement en fixant des objectifs plus ambitieux pour la période suivante.

 

3 – Une erreur de méthode

 

Les plans décrits ici, qu’ils émanent de l’ONU, de l’Union européenne ou du gouvernement français font comme s’il était possible de tout changer en même temps. Tous sont également illisibles. Interminables, on en a oublié le début en achevant leur lecture. Les objectifs qu’ils fixent sont innombrables ; ils sont assortis d’indicateurs de suivi beaucoup plus nombreux encore.

 

Pourquoi cette complexité ?

Parce que les sujets sont « transversaux » ; il faut donc sortir des « silos » et traiter tous les sujets en même temps. Comment ? Il suffit que des stratèges définissent les objectifs à atteindre dans trente ans et la société se mettra en mouvement. Les dirigeants contrôleront la marche en avant de la société sur leur grand tableau de bord munis de 232 indicateurs qui brilleront de couleurs différentes, rouge, orange ou verte, parce qu’il faut bien tout de même ramener la complexité du monde à des choses simples et contrôlables par l’administration. Cette conception de l’action publique s’accompagne d’une restructuration permanente des administrations qui courent derrière la transversalité, en même temps que se renforce la centralisation du pouvoir et son illusion de contrôler « le changement ».

 

Mais la vie ne fonctionne pas comme cela. Ni un être humain, ni une entreprise, ni une société ne peuvent poursuivre sérieusement un grand nombre d’objectifs en même temps et certainement pas 17 (c’est le nombre des objectifs de développement durable) et encore moins 232 (c’est le nombre de sous actions traduites en indicateurs). Ce qui l’emporte dans nos existences, c’est l’habitude, la répétition de gestes et de savoirs acquis sans lesquels nous deviendrions fous et perdrions beaucoup de temps. La transversalité a ses limites et une société tient d’abord sur les savoirs acquis et les institutions publiques ou privées bien organisées, la crise du coronavirus vient encore de le démontrer. Ce ne sont pas les institutions transversales qui ont été d’un grand secours, mais les hôpitaux, les médecins, les éboueurs, les paysans et autres chauffeurs routiers. Une société ne peut se mobiliser et se transformer qu’autour d’un ou deux objectifs bien définis. En les atteignant elle n’aura pas tout réglé, mais elle aura avancé. Le reste relève soit de la mystification, du récit pour endormir les enfants, soit d’un rêve de planification sociale que même le stalinisme n’a pas osé formuler de façon aussi caricaturale.

 

L’autre erreur est de considérer la transition écologique comme un ensemble de solutions techniques à mobiliser. Substituer les véhicules propres (sous-entendu électriques) aux véhicules thermiques, les énergies renouvelables aux énergies fossiles. Mais les technologies vertes sont en partie un mirage. La voiture électrique est abusivement présentée comme un véhicule sans émissions alors que son bilan carbone intègre les émissions liées à sa fabrication, qu’il dépend des conditions de production de l’électricité qu’elle consommera et  qu’il n’est positif par rapport à un véhicule thermique qu’au bout d’un nombre important de kilomètres parcourus. Ses batteries requièrent du cobalt et du lithium, dont l’extraction est très polluante et les réserves limitées.

 

L’expression de « technologies propres » est un abus de langage, la seule technologie propre est la réduction de nos consommations et de nos déplacements. L’innovation technologique ne résout pas le problème écologique mais le déplace.

 

Le numérique est présenté comme un autre élément de la solution à nos problèmes. Il représente déjà 10 % de la consommation d’électricité. La 5G, dont le déploiement est soutenu par les gouvernements de l’Union européenne et la commission en même temps que le « Green Deal », est très énergivore, alors que la consommation d’électricité liée aux usages croissants du numérique augmente déjà de 9 % par an. Dans certains scénarios, le numérique représenterait bientôt 7,5 % de la demande finale d’énergie, et 30 % de la consommation d’électricité.

 

4 – La démocratie comme solution à l’impasse

 

Je ne critique pas les démarches actuelles pour nier la nécessité de la transformation écologique du monde. Au contraire, je suis convaincu de cette nécessité et persuadé que nous n’y parviendrons que si nous ne nous leurrons pas sur l’importance des changements à réaliser et sur les délais nécessaires pour y parvenir. Les murailles du « productivisme » ne tomberont pas au bruit des appels ou parce qu’on leur présentera les plans imaginés par des experts et leurs indicateurs de suivi.

 

Pour transformer la société il faut des leviers, de ceux qui permettent de soulever le monde.

 

J’en vois essentiellement un : la démocratie. La reprise en main par les peuples de leur destin.

 

Rien ne sera possible en France sans un changement d’état d’esprit des citoyens qui se méfient comme rarement auparavant de leurs dirigeants et de leurs institutions. La confiance ne pourra pas être rétablie sans une transformation profonde de nos institutions.

 

Le président de la république se croit tout puissant mais il n’a dans les mains qu’un sabre de plastique. Le roi est nu. L’inflation législative et réglementaire qui ne s’est pas arrêtée avec lui, bien au contraire, est un des rares secteurs de croissance dynamique du pays. Mais elle ne change rien à la situation. Des textes bâclés sont adoptés par une assemblée nationale aux ordres. Ils sont oubliés à peine votés et le contrôle sur l’exécutif et toujours plus défaillant.

 

Les déploiements policiers sont une métaphore de la situation l’Etat: puissants face aux manifestants, à ceux qui contestent l’autorité de l’Etat, ils sont absents là où la population a besoin de protection.

 

Oui, la sixième république est nécessaire, elle mettra fin à l’élection présidentielle au suffrage universel, elle instaurera une représentation proportionnelle à l’assemblée nationale et une représentation plus équilibrée au Sénat. Elle garantira un vrai contrôle de constitutionnalité des lois par un conseil constitutionnel dont les membres auront une compétence juridique mieux assurée et une implication politique moins immédiate. Elle abrogera toutes les lois d’exception qui ont rogné les libertés individuelles. Elle assurera l’indépendance de la justice et une politique judiciaire digne. Elle ne multipliera pas les lois limitant la liberté d’expression qu’elle garantira au contraire, comme l’a toujours fait la République lorsqu’elle se respecte elle-même, dans les limites des troubles graves à l’ordre public dont un juge judiciaire doit décider. Elle laissera les collectivités locales, administrées par des conseils également plus représentatifs, exercer librement les compétences qui leur reviennent sans intervention permanente de l’Etat qui crée cet entrelacs d’irresponsabilité croisée. Elle fera sa place au referendum d’initiative citoyenne. Une partie des membres des assemblées locales et nationales pourrait être tirée au sort de façon à permettre l’exercice de responsabilités politiques par des citoyens n’appartenant pas tous  à des partis politiques.

  

Elle sera fondée sur la responsabilité des dirigeants devant les citoyens et sur celle des citoyens eux-mêmes qui doivent être libres et responsables.

 

La République fera confiance aux citoyens au lieu de s’en méfier et de les traiter en mineurs. Ensemble ils décideront des transformations de la société. Mais il n’y aura pas de transformation sans  rétablissement de la confiance et réduction des inégalités.

 

L’Europe ne survivra aux chocs successifs qui la frappent que si elle aussi devient démocratique. Il n’est pas possible d’aller plus loin dans l’intégration d’une Europe traversée par tant d’inégalités entre les pays qui la constituent et tant de fractures politiques. Il faut décréter la pause de l’intégration. Accepter que l’Europe ne peut vivre pour le moment que comme une union de Nations souveraines qui ont accepté d’en abdiquer une partie mais veulent coopérer sans disparaître. A quoi sert-il d’augmenter le budget européen ou de créer un budget de la zone euro ou des fonds de solidarité si le prix à payer doit être la poursuite des « réformes structurelles », expression qui signifie à Bruxelles destruction des services publics nationaux et libre concurrence dans un marché qui ne sait pas se protéger du dumping fiscal et social? C’est pourtant ce qui se joue en ce moment même sous nos yeux sous couvert de renforcement de la solidarité européenne. Pourquoi le parlement européen ne serait-il pas composé de fractions des parlements nationaux ? Ce sont bien les ministres des différents gouvernements qui se retrouvent à Bruxelles, pas un gouvernement européen. Pourquoi pas une fraction des membres de ce parlement rénové tirée au sort là-aussi ?

 

A rebours des plans trop complets qui ne connaissent jamais leur réalisation, il faut en revenir à des objectifs simples. Le besoin de démocratie et de liberté est primordial. Il conditionne la satisfaction de tous les autres. C’est par là qu’il faut commencer.

 

Le 26 mai

 

JF Collin

Alors j’ai répondu (en bleu) à Jean-François et il m’a répondu (ses réponses sont en rouge)

L'analyse me va

Je donne à chaud mes interrogations sur la solution constitutionnelle :

 

-          Mettre fin à l’élection présidentielle au suffrage universel, pourquoi pas supprimer le Poste ou en refaire un pot de fleurs de type allemand, le caractère bicéphale du pouvoir exécutif est une particularité bien française. Tout fait d'accord

 

-          Instaurer une représentation proportionnelle à l’assemblée nationale et une représentation plus équilibrée au Sénat. Pourquoi ne pas supprimer le Sénat et la proportionnelle pour les députés est, on le sait d’expérience, la prime aux appareils des partis politiques. La proportionnelle permettrait de modifier le paysage politique, quitte à l’aménager un peu et le tirage au sort permettrait de renouveler le personnel politique, mais il n’y a pas de panacée. Quant au Sénat, il permet avec tous ses défauts de limiter les embardées et pour le moment d’être un contre-pouvoir au présidentialisme. (Si le président inaugure les chrysanthèmes il ne fera plus d’embardées)

 

-          Garantir un vrai contrôle de constitutionnalité des lois par un conseil constitutionnel dont les membres auront une compétence juridique mieux assurée et une implication politique moins immédiate. Qui les désigne ? Le parlement à la majorité des deux tiers

 

-          Abroger toutes les lois d’exception qui ont rogné les libertés individuelles. Je suis d’accord en élargissant le balayage à l’ensemble du corpus législatif. OUI

 

-          Assurer l’indépendance de la justice et une politique judiciaire digne. Là encore, je ne connais de par le monde une justice vraiment indépendante du pouvoir, mais je suis prêt à étudier le modus operandi de la gestion des carrières des juges assis et debout.

 

-          Elle ne multipliera pas les lois limitant la liberté d’expression qu’elle garantira au contraire, comme l’a toujours fait la République lorsqu’elle se respecte elle-même, dans les limites des troubles graves à l’ordre public dont un juge judiciaire doit décider. Accord total, mais là encore qui va définir les garde-fous ?

 

-          Elle laissera les collectivités locales, administrées par des conseils également plus représentatifs, exercer librement les compétences qui leur reviennent sans intervention permanente de l’Etat qui crée cet entrelacs d’irresponsabilité croisée. Vaste programme quand on sait ce que sont les baronnies régionales mais nous pourrions commencer par là, c’est l’une des clés du déverrouillage.

 

-          Elle fera sa place au referendum d’initiative citoyenne. Suis dubitatif sur le phénomène référendaire sauf à ce qu’il s’inspire sur un modèle suisse.

 

-          Une partie des membres des assemblées locales et nationales pourrait être tirée au sort de façon à permettre l’exercice de responsabilités politiques par des citoyens n’appartenant pas tous  à des partis politiques. Pourquoi pas, mais je souhaite ne pas être tiré au sort.

 

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commentaires

P
Une fois de plus belle analyse et bel échange.<br /> Mais qui mettra le feu aux poudres pour déclencher une telle (r) évolution ?<br /> Aussi cohérentes et séduisantes soient ces propositions qui, au moins, ont le mérite de prendre en compte les pierres d’achoppement, les freins et réticences de toutes sortes, nous risquons une fois encore de voir tout cela rangé dans l’armoire des vœux pieux.<br /> Le facteur essentiel est de réussir, autre vœu pieux, à réguler les passions humaines qui, aujourd’hui sont portées à l’extrême l’égoïsme et la soif du pouvoir pour le pouvoir, à l’échelle individuelle comme nationale ou continentale.<br /> Les réformes évoquées et proposées semblent porter leurs limites en elles même par leur l’ampleur.<br /> Il me semble que seules des avancées telle la découverte, de la roue, du zéro, du feu soient de nature à améliorer l’ordre du monde. Rêvons, prions, espérons.<br /> <br /> Petites réflexions et/ou notes de lecture.<br /> <br /> « Un monde dominé par la Force est un monde abominable, mais le monde dominé par le Nombre est ignoble. » George Bernanos<br /> « La preuve du pire, c’est la foule » Seneque<br /> « La justice est une erreur millénaire qui veut que l’on ai attribué à une administration le nom d’une vertu » Casamayor<br /> « Impossible n’est pas français. C’est pourquoi en France on réussit tout, sauf le possible. »<br /> Frédéric DARD<br /> « L’anarchie est la plus haute expression de l’ordre »<br /> Elysée Reclus<br /> « La finance est déjà verte. Tous les paradis fiscaux ne sont t’il pas déjà sous les cocotiers ? »<br /> Pax<br /> Etc. etc.<br /> Je ne peux plus être optimiste sur l’avenir du monde lequel s’en fiche et continue son petit bonhomme de chemin. Pourquoi m’en préoccuperais je plus que lui.<br /> Le bonheur ? Celui des hommes ? Il se fait au jour le jour de chacun. Celui de l’humanité ? Que de crimes n’a t on pas commis en son nom ?<br /> Je finis enfin, par comprendre, tous ces gens que j’ai croisés, même très jeunes, espèces de monomaniaques qui ne s’intéressaient qu’à une seule chose, la musique par exemple et qui se fichaient de la marche du monde.<br /> Le ridicule ne tuant plus osons un parallèle. Comme Pascal qui portait cousu dans la doublure de son vêtement le texte écrit la nuit de l’illumination qui entraina sa conversion, je ne me sépare jamais du texte de l’Ecclésiaste * dans la Troisième et dernière partie de la Bible hébraïque.<br /> Ce texte datant selon les dernières études du troisième siècle avant Jésus Christ est connu pour son célèbre « Rien de nouveau sous le soleil » et « Tout est argent » ( déjà !)<br /> Poussons le ridicule à son paroxysme. C’est la Pentecôte célébrant les disciples remplis par l’Esprit Saint avec son caractère universel, donc un peu pour nous tous, profitons en.<br /> Il fait beau. Ce lundi est un jour férié. Le dé-confinement est dernière nous. Alors, pour aujourd’hui une note plus colorée pour finir.<br /> « Tant qu’il existera des fragments de beauté, on pourra encore comprendre quelque chose au monde » Guido Ceronetti<br /> So long’<br /> <br /> * On peut rechercher une nouvelle édition avec une préface de l'excellent Frédéric Schiffter - Edition Louise Bottu - 8 €
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