Jean-Yves-Decottignies
On connaît la fameuse boutade du Général de Gaulle rapportée par l'ancien ministre de la Culture André Malraux dans «Les chênes qu'on abat».
« Au fond, vous savez, mon seul rival international c’est Tintin ! Nous sommes les petits qui ne se laissent pas avoir par les grands. On ne s’en aperçoit pas à cause de ma taille. »
De Gaulle et la France : plus qu’un duo, une incarnation. « Je suis France ! » disait déjà Louis XI à la fin du Moyen Âge. Mauriac, gaulliste de la première heure, mêlant passion et raison, confirme : « Un fou a dit « Moi, la France » et personne n’a ri parce que c’était vrai. »
De Gaulle, le modèle de Macron ?
Au lendemain de son élection il affirmait vouloir faire de la France une grande puissance, renouer avec l'héroïsme politique...
« J'assume ce discours de grandeur. Il est à la hauteur du moment que nous vivons », affirmait Emmanuel Macron... Il puise ses inspirations : Les mémoires de guerre du Général de Gaulle figurent sur son bureau. De Gaulle, son modèle ?
Et puis patatras un sale petit virus nous tombe dessus et 3 titres :
Charlie Hebdo
« La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention. Et en face d’un virus microscopique, l’orgueil et la prétention, ça ne sert à rien.
Une injustice insupportable. »
Mélenchon dénonce la « clochardisation sanitaire » lors d’un meeting virtuel
Jérôme Fourquet : « Les Français ont vu l’Etat en voie de clochardisation »
Oui, le grand perdant, c’est l’Etat jacobin surplombant. C’est l’Etat central et sa haute administration. Il a été percuté par cette crise sanitaire. L’exemple type, ce sont les Agences régionales de santé. Ce à quoi nous avons assisté, c’est à son “étrange défaite” - pour reprendre le titre du magnifique livre de Marc Bloch - et ça a été un choc. Parce que, dans notre pays en temps de crise, on se tourne spontanément vers l’Etat, très présent et censé nous protéger mais qui là a pataugé. Résultat : les Français ont eu le sentiment de vivre un violent déclassement national. Ils ont vu des scènes - comme ces soignants qui, faute de sur-blouses, mettaient des sacs poubelles ! - qui disaient de notre Etat qu’il était en voie de clochardisation.
« Tout ce qui est excessif est insignifiant. » Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Après une désobéissance caractérisée, du Diable boiteux, Napoléon avait explosé : « Mr de Talleyrand, vous êtes de la …m, dans un bas de soie. » Et Talleyrand avait répliqué le fameux mot : «Sire, vous êtes excessif et ce qui est excessif reste insignifiant ! »
L’air du temps est à l’excès, j’ai vraiment envie de rétorquer aussi bien au petit sondeur Fourquet qu’au Leader Minimo, savez-vous ce qu’est un clochard ? Dans quel pays vivez-vous ?
Je préfère et fais mienne la réaction d’un lecteur :
De Gaulle...
Pays assez étrange que la France quand même. Anarchiste, contre les lois, contre les forces de l'ordre, contre les politiques, contre les partis politiques, souvent contre le parlement, contre l'Etat, mais un goût immodéré pour les chefs.
Ses chefs, son chef et son Etat. Napoléon, Louis XIV, de Gaulle. Tout le monde marche à l'ombre de ces "grands" personnages" : Mitterrand, Sarkozy.
Macron y va comme ses prédécesseurs, mais les autres y vont aussi. De Gaulle par ci, de Gaulle par là.
De Gaulle, c'est quand même le XIXe, une pensée politique qui n'a plus court. Maurras. Nous aurions pu espérer qu'elle était morte avec Mitterrand. Mais non, là revoilà. Le destin de la France Eternelle, centre du monde et lumière du monde. Et si nous acceptions tout simplement la place qui est la nôtre aujourd'hui, sans nous gonfler d'importance, sans narcissisme ? Après tout, l'idée que nous faisions ne se fait qu'au détriment des autres, et avec beaucoup d'oubli.
Le rêve d'un Etat fort qui nous protège de tout et d'où tout vient, même les masques. Mais ne pas payer d'impôts.
Conclusion provisoire : à quand Raoult candidat à la Présidentielles ?
Il était une star des sciences. Puis il a promu un remède douteux pour Covid-19. ICI
L'homme derrière le traitement non prouvé préféré de Trump a fait une grande carrière dans l'orthodoxie. Sa revendication d'un taux de guérison de 100% a choqué les scientifiques du monde entier.
De Gaulle : “L'Ena, c'est moi”
Par François d'Orcival
Publié le 18/05/2019 à 10:17
Le projet d'école nationale d'administration, c'était celui de Michel Debré. Il l'avait mûri avant-guerre, défini à la veille de la Libération. En 1945, de Gaulle lui donne huit mois pour le mettre en œuvre.
Dans son bureau du premier étage de l'hôtel du ministère de la Guerre, le Général fait asseoir devant lui un jeune maître des requêtes au Conseil d'État qu'il avait nommé commissaire de la République à Angers huit mois plus tôt, Michel Debré. Il vient de le faire entrer à son cabinet de chef du gouvernement.
De quoi veut-il lui parler ?
De “refaire la France”, tout simplement. Ses institutions ?
Pas seulement : « Pour l'administration, quelles sont vos intentions ? » , demande de Gaulle. Debré n'hésite pas une seconde ; il s'est préparé à l'entretien comme à un concours. Son sujet, c'est “le recrutement de la haute fonction civile”…
Nous sommes à la fin du mois d'avril 1945. La libération du pays est achevée. À Berlin, l'Armée rouge a lancé l'assaut final sur le bunker de Hitler. La fin approche. En France se préparent les élections municipales, auxquelles participent les femmes pour la première fois. Et puis, il est temps d'en finir avec les institutions qui ont mené la IIIe République au désastre. Mais qui est donc ce Michel Debré, pour être le premier interlocuteur consulté par de Gaulle ?
Une génération les sépare ; il est né en 1912. D'autres choses vont les réunir. Après avoir achevé ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand, entrepris son droit en faculté et couronné son cursus universitaire par la voie royale vers la haute administration, l'École libre des sciences politiques, il a réussi un brillant doublé : sortir major de Saumur, être reçu au concours de l'auditorat du Conseil d'État.
Sa carrière est tracée ; il a 22 ans. Son père, le Pr Robert Debré, qu'il vénère, lui offre une édition originale de Qu'est-ce qu'une nation ? de Renan. À 25 ans, il fait la connaissance de Paul Reynaud, premier homme politique à avoir compris et soutenu la doctrine militaire d'un colonel de 47 ans, Charles de Gaulle. Deux ans plus tard, Gaston Palewski, le directeur de cabinet de Reynaud, ministre des Finances, l'appelle à son ministère....