Depuis le jour où je me suis colleté à l’élaboration de la fameuse loi Évin j’ai compris que, faute d’être en capacité de s’attaquer aux racines de ce fléau, les autorités sanitaires, les associations type ANPAA, les alcoologues, se contentaient de faire de la communication.
C’est commode, y’a des budgets pour ça, on se donne bonne conscience a peu de frais, on crie haro sur les lobbies, on est secrètement prohibitionniste avec le fameux premier verre, on en reste à une vision de l’alcoolisme de l’ancien monde.
Janvier sans alcool, déclinaison du Dry January qui existe notamment en Grande-Bretagne depuis des années. Portée par Santé Publique France et le ministère des Solidarités et de la santé, était la quintessence de cette bonne conscience à deux balles.
La lecture de ce projet, qui a été purement et simplement écarté par l’Élysée, est édifiante :
C'est à partir du 18 décembre qu'on aurait pu s'inscrire sur un site dédié pour recevoir "des messages de soutien" et profiter de conseils et astuces pour relever le défi du "Janvier sans alcool". Il n'en sera donc rien. Pour rappel, 41.000 décès sont imputables chaque année à l'alcool, dont 30.000 chez les hommes et 11.000 chez les femmes.
Vous imaginez un addict à l’alcool se ruer sur son clavier pour bénéficier de messages de soutien, de conseils et d’astuces pour se sortir de son alcoolisme ?
C’est grotesque !
D’ailleurs pourquoi ce site n’existerait que pour un mois ?
La lutte contre l’alcoolisme doit être permanente, proche des populations à risques qui ne sont guère sensibles aux campagnes de ce type, c’est une vision des gens d’en haut déconnectés des réalités sociales.
Du côté des gens du vin, les réactions violentes m’étonnent tout autant, outre qu’elles accréditent l’existence d’un lobby hostile aux politiques de santé publique, main dans la main avec les grands groupes alcooliers, elles nous prennent, nous, les buveurs que je qualifierais, non pas de responsables, mais de citoyens soucieux de leur santé, de leur bien-être, pour des incapables.
Toutes ces injonctions publiques ou privées, ces mois de ceci, mois de cela, black Friday, soit pour acheter des trucs ou des machins, ou pour ne pas boire, ne pas sortir sans cache-nez, se faire vacciner, dire bonjour à ses voisins, signer des pétitions en ligne, du prêt à penser, du prêt à agir, nous infantilisant, des jamais contents, des victimes…
Comme je suis un vieux con indécrottable je revendique, comme je l’ai toujours fait, le droit de choisir ma trajectoire de vie, du moins ce qu’il en reste et j’en ai plein le cul de tous ces conseilleurs appointés, perfusés d’argent public, qui viennent me dire fait pas ci fait pas ça, en me balançant des statistiques à la gueule, en tentant de me culpabiliser avec des comptes d’apothicaire sur la charge que je serais pour la sécurité sociale.
Tout ça c’est de la poudre aux yeux, de l’argent jeté par les fenêtres, la lutte contre le fléau qu’est l’alcoolisme mérite mieux que des gadgets de bureaucrates impuissants.
Je signale en passant que lors de mon opération de jeûne je n’ai pas bu une goutte d’alcool alors camembert les prohibitionnistes masqués !
Le président du Fonds Actions Addictions précise que ce mois sans alcool n'est pas une mesure d'abstinence. "On n'est pas comme dans le mois sans tabac où l'on cherche à ce que les gens arrêtent de boire", indique-t-il.