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15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 06:00
Ceux qui ont lu Révolution d’1 seul brin de paille de Masanobu Fukukoa lèvent le doigt ? « J’ai vite senti qu’il n’était pas un homme prétendant délivrer des clefs à ses interlocuteurs… ni gourou ni 1 grand maître. »

Anselme Selosse et moi, et bien sûr « il » voir plus bas.

 

Le 23/03/2009 je publiais anonymement, avec son accord, le texte d’un vigneron. Ce garçon discret m’avouait qu’il ne goûtait guère le côté place publique de la blogosphère, qu’il n’avait nulle envie de devenir un icône de tous les milieux alternatifs du microcosme de la viticulture française, qu’il ne souhaitait pas rejoindre telle ou telle micro mouvance, qu’il n'avait rien demandé à personne et n’avait aucune aspiration de la sorte.

 

Je pense, que son expérimentation est intéressante, la méthode Fukuoka, après avoir occupée pas mal les jardiniers dans les années 70/80, n'était à ma connaissance pas (ou rarement) pratiquée sur vigne - une des raison: comme le « maître l'avait mise en pratique sur d'autres plantes, il fallait soi-même « décider », si on osait faire une entrave à la doctrine, en taillant les vignes - mesure d'intervention dans le « naturel » pas négligeable et bien décisive, comme le dit aussi Éric Texier dans son texte.

 

« J'ai en horreur la confusion, savamment entretenue par beaucoup, entre méthodes d'agriculture bio ou «naturelle» et vins «nature» ou «naturels »

 

Ce texte avait provoqué une discussion très vive : 27 commentaires ce qui à l’époque était peu coutumier.

 

Si je le republie c’est qu’il pose assez crûment certaines questions. Bonne lecture.

 

ICI 

 

 

« Il » page 91 de son opus note :

 

« C’est grâce à Anselme Selosse, se souvenait-il en reprenant les notes préparatoires de Théorie de la bulle carrée, qu’il avait découvert les travaux de l’agronome Masanobu Fukukoa, grâce à lui qu’il avait lu La Révolution d’un seul brin de paille et l’Agriculture naturelle, théorie et pratique pour une philosophie verte. Mort en août 2008 à l’âge de quatre-vingt-quinze ans, Masanobu Fukukoa était un philosophe-paysan japonais qui avait tenté d’apprendre à ses contemporains à effacer les catastrophes de la société industrielle en revenant aux sources mêmes de la civilisation paysanne dans une espèce de corps-à-corps amoureux avec la terre. Limiter autant que possible les interventions humaines pour laisser faire la nature : voilà la philosophie du non-agir de Masanobu Fukukoa. Anselme Selosse l’avait adoptée en faisant en sorte qu’elle soit une pensée vivante, jamais une coquille aussi dure que l’acier.

 

En février 2004, à l’occasion d’un premier voyage au Japon, le vigneron avizois avait même eu le privilège d’être présenté à l’agronome nippon. « J’avais entendu parler de lui par l’Italien Francesco Batuello, ami de Freddy Girardet, le chef suisse du restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier. Francesco Batuelllo est un gastronome étonnant, qui a tout vu, tout lu, tout bu. Il n’est pas considéré par hasard comme le meilleur gourmet du monde par les Américains. Dans les années 1999-2000, lorsqu’il m’a parlé de Masanobu Fukukoa, j’ai retenu son conseil et lu la Révolution d’un seul brin de paille. Quelques années plus tard, lorsque des clients japonais m’ont invité dans leur pays, je leur ai demandé s’il était possible de rencontrer Masanobu Fukukoa. J’avais un contact grâce à Yasuko Goda, la directrice de Racines, le plus grand importateur de vins naturels au Japon. Cette grande dégustatrice connaissait Masanobu Fukukoa et allait me permettre de lui être présenté. »

 

Lui, ça ne l’étonnait pas que toutes les portes se soient ainsi ouvertes devant Anselme Selosse à l’occasion de son premier voyage au Japon. À l’est des nuages, le vigneron était l’objet d’une vénération singulière. Entendons ce mot selon la définition du Littré : « Grand respect joint à une sorte d’affection. » L’estime, l’admiration et la considération que l’on portait à cet homme n’allaient jamais sans un élan sensible, tant son caractère était attachant : de l’affinité, de la tendresse, de l’amitié. »

 

[…]

 

«… les amis nippons d’Anselme savaient l’importance qu’avait eue la découverte de l’œuvre de Masanobu Fukukoa dans son itinéraire « J’ai l’impression qu’il y a chez eux une reconnaissance de notre mise en avant de Masanobu Fukukoa. Nombre d’entre eux sont heureux d’avoir redécouvert le penseur qui leur a donné une autre vision de la nature et de l’agriculture. » On s’en souviendra dans un siècle. Jetant un pont entre l’Orient e l’Occident, la visite d’Anselme Selosse à Masanobu Fukukoa avait été un moment capital de l’histoire de l’agriculture moderne à l’instant où elle était en train de se perdre. »

 

[…]

 

« Quand je suis allé rendre visite à Masanobu Fukukoa dans sa ferme familiale, sur l’ile de Shikoku, il avait déjà plus de quatre-vingt-dix ans. Il était alité. Ce n’est pas facile d’avoir une conversation avec quelqu’un dont on ne comprend pas la langue. J’étais tétanisé, attentif à ne perdre aucun des mots qui sortaient de la bouche du traducteur. Masanobu Fukukoa m’a dit «  Seul le paysan peut comprendre son pays. » Il parlait peu, mais savait trouver des métaphores capables de tout illuminer. Je le sentais dans la compréhension,  dans l’aide. Mes questions le faisaient réfléchir, mais il n’était pas dans la posture d’un enseignant ou d’un maître s’adressant à son élève. Il m’a proposé de m’envoyer des graines d’orge pour que je les sème. J’ai vite senti que Masanobu Fukukoa n’était pas un homme prétendant délivrer des clefs à ses interlocuteurs. Il n’avait pas la vanité de les rendre intelligents comme quelqu’un qui dominerait tout. J’ai été frappé par son humilité. Le mot s’applique à tous ses compatriotes que j’ai rencontrés depuis, mais à lui de manière plus forte encore. Ce qu’il voulait faire partager, ce n’était pas tant son savoir que sa sagesse. C’était l’époque où j’avais décidé d’abandonner la biodynamie. À côté de cette école trop normative, j’avais besoin de poser quelque chose de beaucoup plus libertaire, envisageant l’homme non plus comme l’organisateur de la nature mais comme son découvreur. J’ai expliqué à Masanobu Fukukoa que je n’aimais pas les églises et les chapelles. Comment a-t-il entendu cela, lui qui vivait à proximité des temples Ni gourou ni un grand maître, il a dû comprendre. Sa conviction était que seule une personne intimement liée à une terre peut ressentir toutes les subtilités. »

 

 

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