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2 septembre 2018 7 02 /09 /septembre /2018 07:00
En juin 1970, De Gaulle, son aide de camp, tante Yvonne en DS noire vont faire une petite virée dans l’Espagne du Caudillo et vont déjeuner au palais du Pardo avec Francisco Franco

8 juin 1970, Madrid. Francisco Franco, 77 ans, reçoit Charles de Gaulle, 79 ans. L'un est au pouvoir de façon implacable depuis trente et un ans, l'autre ne l'est plus depuis un an. Franco, l'allié des nazis ; de Gaulle, symbole de la Résistance. Tout semble les opposer, pourtant ils se rencontrent à la demande du Général...

 

Pourquoi ce tête-à-tête ?

 

Et pour quelles raisons déjeunent-ils en familiers ?

 

Qu'ont-ils bien pu se dire ?

 

Tâche malaisée pour l’auteur, Claude Sérillon, puisque rien ou presque n'a filtré de la rencontre des deux généraux, alors il imagine leurs échanges.

 

 

Très bonne idée sauf que Sérillon se noie et nous noie dans un remplissage confus.

 

Le bon plan eut été d’adopter la stratégie du double livre Prends garde, écrit à quatre mains pour une révolte par Milena Agus, la romancière sarde, qui m’a conquis avec Mal de pierres Liana Levi, 2007, Battement d’ailes, La Comtesse de Ricotta, tous chez Liana Levi, et Luciana Castellina, journaliste, écrivaine et grande figure de la gauche italienne, ancienne parlementaire et cofondatrice du journal Il Manifesto, il me prendra une grande envie de poser ma plume et de me reposer…

 

 

D’un côté l’Histoire, de l’autre le roman, Sérillon a été trop gourmand, il n’est ni historien, ni romancier, seulement journaliste, l’invention commence chez lui page 75 mais déjà on a du mal à faire la part du vrai et du romancé.

 

Lire ICI

 

Ceci écrit, avec un petit effort, le livre est lisible même si Sérillon aurait pu évacuer des scories.

 

Ce que je vais en relater c’est la logistique du déplacement, très gaullienne !

 

« Alors il est libre, Charles. »

 

« … Il veut aller en Espagne, il veut voir naturellement Franco. Et basta ! »

 

« … La réalité oblige à dire que cela fut préparé, planifié, géré, jamais à son insu. L’intendance suit, certes, et comme tout bon militaire, il ne s’en mêle guère. »

 

Le 1er averti c’est Maurice Schumann, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Chaban-Delmas. Il prévient Chaban à Matignon et profite de la traditionnelle réunion avec le président Pompidou avant le Conseil des Ministres pour mettre au parfum celui-ci.

 

« Le Général nous fait un cadeau empoisonné…

  • Ni cadeau ni crime.

 

  • Tout de même, pour les combattants républicains…

 

[…]

 

  • On le laisse faire ?

 

  • Bien sûr que nous ne ferons rien… »
  •  

« Et il part.

 

Un mercredi matin avant neuf heures. La route est longue. Charles, Yvonne et Emmanuel Desgrées du Loû, ainsi que les deux chauffeurs (Fontenil et Marroux) chargés de la sécurité du Général : ils feront des milliers de kilomètres ensemble dans deux DS noires. »

 

Ils vont traverser la France jusqu’au château de Roumégouse dans le Lot. 600 km. « C’est encore l’époque des petites routes départementales, des nationales étroites et de la non-limitation de vitesse. Pas de cortège, pas de carrefours protégés, pas de gendarmes en faction pour esquisser un garde-à-vous, un salut protocolaire. »

 

Le jeudi 4 direction Béhobie, commune des Pyrénées-Atlantiques face à Irun. Tante Yvonne veut aller d’abord à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils sont en territoire espagnol. À la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, Mgr Pelayo montre au Général une coupe en or portant une inscription signée Philippe Pétain (celui-ci a été ambassadeur à Madrid)  qui lui aurait répondu « Lui aussi, je le trouverai donc toujours sur ma route, et jusqu’à la fin […] Il est vrai que le diable a toujours aimé barboter dans le bénitier… ! »

 

C’est connu l’homme des principes. »Pas question de superflu ni de se faire pincer en train de dilapider les deniers d’un État qu’il sert de sa hauteur […] En tout cas, il est pointilleux sur le coût présidentiel et encore plus dès lors qu’il n’est plus en fonction. Pas question de se faire acheter ou que l’on puisse le soupçonner de se faire entretenir gracieusement. Lorsqu’il arrive dans ces paradors (hôtellerie de luxe fondée dès 1928 par le roi Alphonse XIII, en 1970 on en recense environ 90), il entend payer sa chambre. Mais Franco a fait passer l’ordre : le Général est son invité. Au matin, quand le cortège est prêt à partir et que le Général réclame la note, on décline. Il maugréé, remercie et met la main à la poche, laissant en pourboire l’équivalent de la note. Il y tient. Il salue tandis que les têtes se courbent de remerciements. »

 

« Imaginez aujourd’hui un président démis de ses fonctions partant dans une voiture noire, banalisée sur les routes de France : il aurait à ses trousses des motards de presse, des drones, il serait  sommé de s’arrêter pour s’expliquer… Un touriste en cravate nommé Charles de Gaulle assis à l’arrière d’une DS Citroën, en compagnie de sa femme, fait pourtant des milliers de kilomètres sans susciter l’intérêt des médias d’alors. »

 

Pour terminer cette chronique : « Au menu, un consommé froid, suivi de saumon grillé avec pommes vapeur à la sauce tartare et un plat de veau d’Ávila cuit dans du porto. Pas vraiment léger ! »

 

« On ne vous a pas servi de vin ? »

 

Franco se montra constamment attentif.

 

« Je ne préfère pas le midi. Sinon, vous savez bien, les militaires s’endorment l’après-midi.

 

  • J’aurais pu vous proposer du porto, je sais que…

 

  • Ah oui, c’est vrai, vous êtes bien renseigné, c’est mon péché mignon.

 

  • Nous avons des goûts simples, général. »
  •  

« La chronique n’a retenu qu’une promenade touristique et une entorse pittoresque à la compréhension juridique. »

 

« Commence alors une série de visites au grand galop. Enfin, c’est ce que racontent les encenseurs qui détaillent les lieux que la grande silhouette est venue arpenter : des rues de Madrid jusqu’au musée du Prado. Tolède, l’Andalousie avec surtout Jaén, au  nord de la province, ville dit-on, la plus ancienne. Très traditionnaliste, elle fut l’une des étapes symbole de la Reconquista franquiste… Puis Grenade et l’Alhambra, la mosquée de Cordoue, les alentours de Malaga, Ronda, Cadix, Séville, pour la cathédrale, Cáceres, Ségovie, Burgos… »

 

Le vendredi 26 juin, les deux voitures passaient  le col de Roncevaux, comme l’avait expressément souhaité Yvonne de Gaulle, revenaient en France… »

 

« Glaçant, écrira Mauriac.

 

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commentaires

P
Ok mais finalement on ne sait toujours pas quelle mouche a piquer le Général d'aller voir ce fasciste qui arrangeait bien tout le monde comme rempart contre le communisme.<br /> " C'est peut être un salopard , mais c'est notre salopard ! " selon la qualification de F.D Roosevelt à propos des dictateurs <br /> 3 ans et 3 mois plus tard à plus de 89 ans ce fervent catholique pratiquant * et renouant avec ses plaisirs favoris condamnait Puig I Antich ,25 ans et Heinz Chez ( 30 ans ) à mort par le supplice du garrot .Cela devait le démanger car il n'y avait plus eu d'exécution en Espagne franquiste depuis 1963 * Vraisemblablement en vertu du cynique principe essentiel qui semble tout permettre, tout excuser :<br /> " Rien de personnel " " just buisiness as usual " comme proclament les ricains spécialistes du genre.<br /> Angélique le Pax ? et oui, on ne se fait pas à la turpitude du monde et on ne se refait pas.
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