Rappeler un fait d’histoire enterré et ignoré, surtout par les Français, ce n’est pas faire injure au présent, ni verser dans la stigmatisation d’une équipe de football.
Le football yougoslave m’a toujours séduit et passionné, un régal pour ceux qui aiment le beau jeu.
Dans cette Coupe du monde j’ai visionné peu de matches mais le hasard veut que j’aie vu jouer la Croatie qui possède l’essentiel des talents de cette Yougoslavie oubliée. Avec la Belgique, elle est sans contestation une grande équipe.
Elle s’est qualifiée à plusieurs reprises après prolongation et tirs au but.
Les tirs au but ne sont pas des pénaltys car ce sont des fusils à un coup.
« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois… » Albert Camus
« On se souvient de ce titre magnifique du roman et film éponyme de l'écrivain autrichien Peter Handke : «L'angoisse du gardien de but au moment du penalty».
Gigi Riva, dans son livre le Dernier Penalty écrit :
« Dans les Balkans, dire que le sport est comme la guerre n’est pas une métaphore. La guerre est la continuation du sport par d’autres moyens.
Le Dernier Penalty, est une formidable enquête, histoire de football et de guerre, ne manque pas de le rappeler, l’explosion de la Yougoslavie, «une idée romantique à l’agonie» alors, bruissait depuis quelque temps – dix ans après la mort du dirigeant Tito, la fédération socialiste n’était maintenue à flot qu’à coups d’illusions. Ainsi, ça avait chauffé fort lors d’un match entre le Dynamo Zagreb et l’Étoile Rouge de Belgrade. Dans le stade, les supporters avaient déployé des banderoles avec des slogans identitaires et créé une émeute.
Gigi Riva est rédacteur en chef de l’hebdomadaire italien L’Espresso, homonyme d’une légende de la Squadra Azzura et il a couvert la guerre des Balkans. Son livre raconte comment foot et politique se sont croisés durant un demi-siècle, jusqu’au paroxysme de Florence en 1990.
En 1990, l’Italie accueille le Mondial de foot, le 30 juin à Florence, les Yougoslaves affrontent, en quarts de finale, les Argentins de Maradona. Au coup de sifflet final, le score est nul. La séance des tirs au but s’achève sur ce qui a été qualifié à tort le penalty raté du capitaine, Faruk Hadzibegic.
Ce sera l’ultime apparition de l’équipe nationale d’un pays en voie d’implosion. C’est dans les virages des stades, tenus par la pègre, qu’ont été formés, en Serbie et en Croatie, les groupes paramilitaires, dont les méfaits, dans les années 1980, préfigurent les conflits de la décennie suivante.
Ce « penalty manqué » par Faruk Hadzibegic devenait soudain une histoire de football et de guerre. Le symbole, le déclencheur de l’éclatement d’un pays.
Croates et Serbes jouaient sous le même maillot, celui de la Yougoslavie – ce fut la dernière fois, une fin précipitée par le dernier penalty… Dans les mois qui suivirent, tant et tant de supporters devinrent les miliciens d’une guerre civile. Une guerre durant laquelle les nationalismes se sont affrontés dans le sang, sous les bombardements. »
Ce sont des pages d’Histoire les rappeler n’entache en rien le moment d’une finale de Coupe du Monde, que le meilleur gagne et quel qu’il soit, loin des excès de nationalisme chauvin, lever un verre de vin naturel de Croatie me va, j’aime ça comme j’aime l’eau de Vichy aussi.
né le 7 octobre 1957 à Sarajevo, Yougoslavie, en Bosnie-Herzégovine fut un footballeur international yougoslave d'origine bosnienne, mais désormais de nationalité française, qui évoluait au poste de libéro. Il s’est reconverti en entraîneur depuis 1995.
Le Vestiaire - Hadzibegic raconte comment la guerre a fait voler en éclat la sélection yougoslave
" Il faut le voir pour comprendre ", se rappelle l'entraîneur de Valenciennes, Faruk Hadžibegić, qui a porté le maillot yougoslave à 61 reprises.