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11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 08:37
 La résistible ascension de Benoît H L’île aux musées se situait sur la Spree et alors qu’ils longeaient ses berges un cycliste les dépassait en carillonnant. (139)

C’est donc Mohamed Aït El Hadj, cadre du FLN, et son épouse Sonia, d’origine égyptienne, qui le lendemain reprirent le tramway, lui avec un paquet de livres sous le bras, elle, quelques pas en arrière le corps entièrement enveloppé dans un jilbab gris perle taillé dans un rideau et cousu par Emma. Ils rejoignirent l’Alexanderplatz où ils prirent un bus poussif qui remontait Karl-Liebknecht Strasse jusqu’à l’île aux musées. Là ils terminèrent le trajet à pied. Jeanne, pour masquer ses grands yeux verts, avait chaussée des lunettes d’écaille aux verres teintés. Son seul commentaire une fois vêtue, lorsqu’elle s’était contemplée dans le miroir de la chambre où Emma avait déposé ses vêtements, fut « Mon Dieu ! » Elle avait absolument tenu à ce que Benoît l’accompagne alors que la nuit précédente ils avaient fait chambre à part. Quand ils furent en tête à tête Jeanne se contenta de se déshabiller en silence. Pour garder son sang-froid benoît s’était assis sur une bergère près d’une fenêtre tentant vainement de ne pas contempler son effeuillage. Jeanne lui tournait le dos. Ce fut d’abord son corsage puis sa jupe qu’elle laissait glisser, après avoir tiré d’un coup bref la fermeture-éclair, au long de ses cuisses. Déjà Benoît avait le souffle court de la voir ainsi juchée sur ses talons aiguilles avec ses seuls bas, son porte-jarretelles et ses sous-vêtements blanc. Elle dégrafait son soutien-gorge, le jetait sur le couvre-lit puis marquait un temps d’arrêt. « Venez! » Alors que Benoît se relevait elle voltait, lui faisait face et entreprenait de se débarrasser de son minuscule slip en se penchant vers lui. « Vous jouez à quoi ? » Alors que le minuscule morceau de dentelle atteignait ses chevilles elle se redressait, pointait son regard embué vers lui « à exorciser ma peur... »

 

Dans le bus Jeanne lui murmurait « Je ne vous plais pas... » Benoît haussait les épaules « Je ne profite jamais des personnes en état de faiblesse ! » Elle pouffait « Menteur ! Vous êtes un prédateur impitoyable... » Du tac au tac, entre les dents, Benoît la cinglait d’un « Je suis un romantique qui a en horreur les allumeuses ! » Jeanne se cabrait. Benoît ne lui laissait pas le temps de réagir « Nous verrons cela ce soir ma très chère épouse... » Son soupir rageur le comblait d’aise. L’île aux musées se situait sur la Spree et alors qu’ils longeaient ses berges un cycliste les dépassait en carillonnant. Quelques centaines de mètres plus loin il se délestait d’un petit sac de sport qui roulait sur le macadam. Benoît allongeait le pas après s’être assuré que personne n’avait repéré le geste du cycliste. Surprise, Jeanne se figeait. Benoît la hélait « Viens, le cycliste c’était Sacha » Son soudain tutoiement lui tirait un sourire. Le sac ne contenait qu’une clé accrochée à un de tube en laiton fermé à ses deux extrémités par des vis. Sacré Sacha toujours aussi soucieux de la sécurité. Dans le tube un papier sur lequel  l’apprenti espion avait dactylographié, une adresse et une heure : 21h, à l’aide d’une machine à écrire qui ne devait pas être de la première jeunesse. Comme ils avaient toute une journée à tirer avant de rejoindre le lieu de rendez-vous de Sacha et qu’il faisait beau Benoît n’eut aucune peine à convaincre Jeanne qu’il leur fallait jouer aux parfaits touristes dans les musées de la très souriante RDA.

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