Les défricheurs de terroirs profonds que sont les journalistes du LeRouge&le Blanc, lorsqu’ils foulent les arpents d’un de ces territoires – c’est ainsi que l’on désigne de nos jours la campagne – ignorés des beaux nez du vin, en l’occurrence les coteaux d’Ancenis, titillent ma mémoire.
Ancenis, dans ma jeunesse, n’a jamais évoqué le vin en dépit des riches heures de son port très bien évoqué par les 3 compères du LeRouge&le Blanc.
Pour nous Ancenis c’était la CANA la coopé grande rivale de la CAVAC sise à la Roche-sur-Yon ; conflit idéologique, l’une était étiquetée de gauche, l’autre de droite. Du côté d’Ancenis, un homme se dressait contre l’intégration des productions hors-sol naissantes, volailles et porc, par les firmes d’alimentation du bétail : Bernard Thareau. Celui-ci sera président de la FNP, Fédération Nationale Porcine, avant d’être débarqué par la direction de la FNSEA de l’époque, Michel Debatisse l’homme de la Révolution silencieuse. En Vendée, Auguste Grit, secrétaire-général de la FNSEA, poussera après mai 68 un jeune : Luc Guyau, son voisin de Thorigny, qui ensuite gravira, en bon apparatchik, tous les échelons de la grande maison jusqu’à succéder à Raymond Lacombe.
Luc, je peux l’appeler par son prénom puisque nous avons usé nos fonds de culotte sur les mêmes bancs de l’école d’agriculture de la Mothe-Achard, la CANA lui donnait de l’urticaire.
Les temps ont bien changé la CANA est devenu Terrena un grand groupe coopératif qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux grands groupes privés de l’agro-alimentaire.
« Jusqu'au début des années 1950, l'agriculture du grand Ouest vivait dans un régime semi autarcique. Dans les années 1960-1970, sous l'impulsion d'une génération de jeunes agriculteurs issus de la JAC (Jeunesse agricole catholique), on assiste à un mouvement de transformation, de révolution agricole. C'est en effet à partir des années 1960 que l'agriculture du grand Ouest se confronte au mode de production capitaliste et que se pose la question de son intégration dans ce système économique. L'orientation la plus souvent préconisée par le mouvement syndical a été l'agriculture de groupe, soit dans une coopérative, soit dans une SICA (Société d'Intérêts Collectifs Agricoles) de commercialisation. Le passage de la théorie à la pratique se fit selon des modalités variables concernant aussi bien l'achat de fournitures que la vente et la transformation des produits.
Pour intégrer les différentes fonctions de production, de transformation et de commercialisation, il fallait des coopératives fonctionnant avec les ressources et le mode de fonctionnement des firmes industrielles. Le cas de la coopérative d'Ancenis-Saint-Mars-la-Jaille en Loire-Atlantique, à l'instar par exemple d'UNICOPA (UNIon des COoPératives Agricoles) ou encore de l'Office central de Landerneau en Bretagne, reflète parfaitement ce mouvement d'expansion et de transformation des coopératives dans les années 1960.
«Fondée en 1932, la coopérative agricole de Saint-Mars-la-Jaille spécialisée dans les céréales, s'oriente en 1942 vers l'activité laitière. En 1952, cette coopérative en plein développement s'installe à Ancenis, et prendra par la suite le nom de Coopérative agricole La Noëlle Ancenis (CANA). Au cours des années 1960-1970, elle va diversifier ses activités. Celles-ci portent désormais sur les aliments du bétail, la production laitière et animale (bovins, porcs, poulets). Puis, dans les années 1970-1980, la CANA construit une fromagerie, une beurrerie et un abattoir. Loin d'arrêter alors son développement, elle s'unit en 2000 avec la Coopérative angevine du Val de Loire (CAVAL). Enfin en 2003, dans une même logique de développement et d'expansion territoriale, on assiste au regroupement des coopératives CANA, CAVAL et du Groupe Centre Atlantique (GCA), donnant naissance au groupe coopératif TERRENA qui regroupe aujourd'hui 21 000 adhérents. »
François Lambert
« La viticulture chez Terrena est une affaire de passion, de terroir, d’innovation et de qualité. Nichée au coeur du Val de Loire, la filière viticole de la coopérative produit une large gamme de vins allant des fines bulles aux vins tranquilles. »
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Fin du premier épisode de mes souvenirs.
Le second concerne la longévité de Joseph Toublanc, président du syndicat viticole de la région d’Ancenis pendant plus de 50 ans, de 1954 jusqu’en 2007, puis à la tête de la Fédération des VDQS de 1982 jusqu’en 2004.
Les VDQS étaient l’œuvre d’une grande figure du grand Sud : Philippe Lamour
Jean Clavel écrit :
« Philippe Lamour réussit à convaincre, avec difficulté, le ministre des finances du gouvernement De Gaulle, Pierre Mendes-France, qu'il faut créer une famille de vins de qualité, capable d'entraîner cette viticulture, vers une amélioration de leur production. Ce seront les VDQS (Vins délimités de qualité supérieure, loi de 1946). Dans un domaine agricole plus large et national, c'est sous son impulsion que naît la Confédération générale de l'agriculture, (CGA) dont il devient le secrétaire général. Il s'agit alors de redonner à l'agriculture française et à ses organisations syndicales, financières et mutualistes une structure cohérente et représentative. À cette époque, les moyens de production sont détruits, et les restrictions alimentaires frappent encore durement la population. Il s'attache, en collaboration étroite avec le ministre de l'Agriculture, Tanguy-Prigent, à obtenir, dans le cadre du plan Marshall, les indispensables dotations en matériel, engrais et semences. Son action est déterminante. L'agriculture française entre de plain-pied dans l'ère moderne.
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J’ai le souvenir lorsque j’étais sous les ors de la République de la défense sans failles des derniers VDQS par le Président Toublanc. Jean Pinchon président de l’INAO, lui aussi d’une grande longévité de Président, le soutenait au nom de l’histoire.
Joseph Toublanc, toute une vie consacrée au vin
« Je suis né dans un cep de vigne. » Joseph Toublanc préside le Syndicat viticole de la région d'Ancenis depuis maintenant 56 ans. À la retraite depuis 1996, il consacre encore beaucoup de son temps à la vigne et au vin. À bientôt 82 ans, il promeut chaque jour les vins locaux à la maison des vins, à Ancenis. « Le syndicat l'a achetée grâce à une dévolution d'une coopérative en 1995 pour en faire une porte viticole », raconte-t-il.
Il apprend le travail de la vigne dans le domaine de son père aux Pierres-Meslières à Saint-Géréon. « À 22 ans, ma mère souhaitait que je m'installe dans une ferme. J'ai accepté, mais en tant que viticulteur seulement. »
À l'époque, les exploitations viticoles ne sont pas aussi spécialisées. Il faudra attendre la Seconde Guerre mondiale. En cas de catastrophe sur une culture, une autre venait compenser. « Moi, j'aimais bien les vaches, mais je ne voulais pas trop m'y intéresser. J'ai trouvé une exploitation de 2,5 ha pour y travailler la vigne. » Il enrichit sa formation en suivant des cours à la Marchanderie à Ancenis, en se plongeant dans les livres de vinification. Et au contact « d'un viticulteur de vieille souche, Armand Bourdeaut, qui m'a conseillé ». Il agrandit son domaine en louant des terres, portant ainsi son exploitation jusqu'à 18 ha.
De la charrue aux vendanges mécaniques
Joseph Toublanc aime à rappeler qu'il a suivi le cheval et la charrue. « On n'avait besoin ni de faire de sport, ni de somnifère », plaisante-t-il. Mais il n'a jamais tourné le dos aux évolutions. Le viticulteur a même été l'un des premiers du secteur à s'équiper d'une machine à vendanger. C'était en 1981. La première sortant des établissements Braud, à Saint-Mars-la-Jaille. « Les vendanges donnaient lieu à des moments très sympathiques, se souvient-il. Des fêtes communales étaient organisées. Ainsi que des concours de vins. »
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J’en ai terminé de la longue évocation de mes souvenirs, si vous voulez tout savoir sur les Coteaux d’Ancenis achetez le n°129 du LeRouge&le Blanc.
Le domaine de la Paonnerie de Jacques et Agnès Carroget il fait l’objet d’une pleine page.
Je suis un fidèle buveur des vins du domaine.
Petit clin d’œil : la photo titre est celle d’une cuvée Vin de France Rien que melon…