Pour des raisons que je vous expliquerai lundi j’ai passé le petit braquet, je me ménage.
D’autres que moi sont en capacité de vous intéresser sur des sujets d’actualité alors bien volontiers je leur confie la plume.
Les vieux cépages reviennent dans le rang (1)
par Yann Kerveno.
Réchauffement climatique, pression sociale, marketing évolutif, la vigne est sous le coup d’une intense pression. Face au temps long de la plante, s’empilent les défis pour les vignerons et les chercheurs. Mais l’avenir de la vigne passe, en partie, par son passé déjà lointain.
« Les vignes sont consciencieusement plantées entre des haies de roseaux. Le marin pousse sur la côte une nébulosité diffuse qui gomme le bleu du ciel si cher à Bataille. Au loin, deux hommes avancent doucement entre les rangs, s’arrêtant sur certains ceps, sans logique apparente. Pour y rester plantés un moment. Je les vois consulter des documents, échanger entre eux un instant, puis reprendre leur marche dans le sable. Vigneron isérois, Nicolas Gonin est venu avec un collègue pour « réviser » et mettre à l’épreuve ses connaissances d’ampélographe 1. Les vignes qu’il parcourt avec tant d’attention sont celles du domaine de Vassal, à quelques kilomètres de Sète où l’Inra prend soin d’une des collections de vignes (au sens large) les plus importantes du monde. Dans la salle de l’herbier, des classeurs, des armoires, des dossiers, des fiches… 8 000 accessions, éléments en collection (porte-greffes, cépages, hybrides producteurs directs, Vitacées, lambrusques…) sont décrites dans cet herbier unique. »
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Vieux cépages : La renaissance (2)
« À deux doigts de la disparition, les vieux cépages sont aujourd’hui sauvés par le contexte. L’union de coopératives Plaimont a entrepris depuis la restauration de certains de ces cépages qui présentaient un intérêt particulier. Le premier à avoir été sauvé, c’est le manseng noir une curiosité dans cette Gascogne où les blancs sont rois. « C’était intéressant pour nous de pouvoir retrouver un cépage local, rouge de surcroît, pour compléter la gamme des Côtes de Gascogne » détaille-t-elle. A partir d’un pied sauvé – il n’en existait plus que quelques-uns – le patient travail de restauration a permis de remettre le cépage en culture et de développer une cuvée spécifique autour de lui. Moonseng, c’est le nom du vin réalisé, est pour l’instant élaboré par un assemblage manseng et merlot, la part de ce dernier étant vouée à se réduire à mesure que les vignes nouvellement plantées entrent en production. Avec, depuis son lancement, une rupture de stock à chaque millésime pour les dizaines de milliers de bouteilles mises en marché. La parcelle de Sarragachies a également livré un sujet prometteur, appelé tardif parce qu’il est un peu fainéant à mûrir et qu’il expose ainsi ses raisins à la rigueur des premiers grands frimas lorsque l’automne s’avance. »
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Vieux cépages, création variétale, résistance… (3)
« Le domaine de Vassal, pierre angulaire de ce travail de conservation-rénovation, ne prend pas en charge que les cépages anciens, les accessions ont aussi changé en partie de nature ces dernières années : « En moyenne, nous procédons à 80 introductions par an. Cette année, nous en avons fait 120 parce que nous avons eu une série importante d’hybrides et de géniteurs de résistance », témoigne Cécile Marchal. Des cépages qui ne deviendront pas des variétés commerciales mais des supports pour le développement d’autres variétés.
La résistance aux maladies est bien l’autre sujet qui agite le monde de Vitis vinifera 1, pointé chaque semaine par les médias spécialisés. Avec en ligne de mire, la diminution du nombre de traitements pour répondre aux préoccupations des consommateurs mais aussi aux inquiétudes sur la santé des vignerons, et la nécessaire adaptation au changement climatique… Courant septembre, le riche vignoble de Cognac a ainsi levé le voile sur les travaux menés depuis l’an 2000 dans cette direction. « Après les premiers travaux, nous avons planté une parcelle de 43 accessions en 2008 et nous sélectionnons à partir de là quatre pieds qui nous semblent prometteurs. En 2015, nous avons pu faire les premières vinifications, puis nous allons les tester à la distillation. Si tout se passe bien, nous espérons pouvoir les faire inscrire en 2022 pour qu’ils soient disponibles pour nos vignerons entre 2030 et 2035 » augure Jean-Bernard Larquier, président du Bureau national interprofessionnel du Cognac. Mais l’ensemble du monde viticole français est porteur de cette demande. Une commission y fut consacrée lors du congrès commun de la vigne en juillet à Bordeaux. Sous la pression de la filière, une douzaine de variétés dites « allemandes » ont été classées pour la culture et la production de vin en France juste avant l’été. »
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