Affinée en Claires ça sonne bien, ça m’enchante, allez savoir pourquoi ?
Au Bourg-Pailler, mon frère et mon père étaient accros aux huîtres ce qui n’était pas mon cas, je trouvais que ça ressemblait à des glaviots, je préférais les palourdes que mon ramassions avec un râteau dans le Gois de Noirmoutier ou que nous achetions chez Mousseau le poissonnier.
Mon père rêvait d’avoir un parc à huîtres.
Aujourd’hui j’aime toujours les palourdes mais je suis friand d’huîtres, tout particulièrement les Pousses de Claires qui sont dotés d’une IGP Label Rouge.
« La claire possède un environnement très minéral, riche en nutriments, qui permet un développement de la nourriture de l’huître, le phytoplancton. Les huîtres profitent efficacement de la ressource nutritive spécifique à la claire et assimilent cette nourriture en quelques heures. L’huître renouvelle ses tissus cellulaires et acquiert à son tour les caractéristiques de ce milieu particulier.
Localement, la paroi de certaines claires peut se recouvrir d’une algue appelée « navicule bleue » qui produit naturellement un pigment bleu. L’huître, en filtrant l’eau de la claire pigmente à son tour ses branchies qui se teintent alors en vert (Jaune pâle des branchies plus le bleu de l’algue). »
Vous pouvez aussi lire une chronique du 18 mai 2012
De la sexualité des huîtres, des vins généreux qui accompagnaient celles de Néron, de l’ostréiculture si bien décrite par Ausone ICI
Mais pourquoi diable affirmer que je suis un « merivore » ?
La réponse c’est que je suis un héritier de M. Flood qui « depuis presque six décennies, n’a pratiquement rien mangé d’autre que du poisson, des langues de morues frites, des palourdes, du crabe, du poulpe, du homard, de l’anguille et tout ce qui est vendu au marché aux poissons de Fulton Street. » et qui se définit comme un « fruit-de-merivore »
Sa principale préoccupation, alors qu’il avait 93 ans, était d’atteindre l’âge de 113 ans.
Il logeait au Hartford Hotel et quand un des résidents âgé se plaignait de se sentir pas bien, sa réponse était cinglante :
« Oh, taisez-vous. Peste soit votre docteur ! Je vais vous dire quoi ce qu’il faut faire. En sortant d’ici, foncez donc chez Libby’s, le marchand de fruits de mer, et expliquez-lui que vous voulez déguster des plus grosses huîtres. Inutile de vous asseoir. Restez debout devant le comptoir de marbre, comme ça vous pourrez voir l’écailler les ouvrir avec son couteau. Et insistez sur le fait que vous avez bien l’intention de boire le jus ; il les ouvrira par le dessus de façon à ne pas le renverser. Et assurez-vous que ce sont bien des très grosses. Prenez-les tellement grosses que vous serez forcé de faire un pas en arrière pour les déglutir ; il faut qu’elles aient la taille de celles que les restaurateurs font frire ou cuisinent en ragoût. Dieu leur pardonne cette stupidité. Exigez des huîtres de Robbins Island, de Matttituck, de Cape Cod ou de Saddle Rock. Et abstenez-vous de mettre dessus de la sauce rouge, cette sauce de cocktail, cette bouillasse, cette diarrhée. Demandez à l’écailler un demi-citron, faites-le rouler en appuyant dessus une ou deux fois pour libérer le jus, et pressez-le au-dessus des huîtres. Prenez la première qu’il ouvrira et humez-la, comme vous le feriez avec une rose parfumée ou de votre verre de cognac. Cette senteur salée, cette odeur d’algue vous éclaircira l’esprit, elle vous fouettera le sang. Et ne vous contenterez pas d’en manger six. Prenez-en une douzaine, deux douzaines, trois, quatre douzaines. Laissez à l’écailler un pourboire généreux et courez acheter un cigare à cinquante cents, inclinez légèrement votre chapeau vers l’avant et promenez-vous en descendant Bowling Green. Regardez le ciel ! N’est-il pas d’un bleu immaculé ? Et regardez les jeunes filles qui passent avec leurs jolis petits pieds et leurs talons qui claquent sur la chaussée. Ne sont-elles pas les plus adorables créatures que vous ayez jamais rencontrées, les plus souples, les plus cambrées, les plus souriantes ? N’éprouvez-vous pas quelque honte à dépenser votre bel argent pour payer un bon à rien de médecin ? Et surveillez-vous. Vous risquez de vous sentir tellement plein de vigueur que vous ne pourriez bien être tenté de donner une claque dans le dos à des étrangers, de briser une fenêtre d’un coup de pied, de vous battre avec un flic, ou encore de sauter sur la ridelle d’un camion qui passe pour faire un petit tour gratuitement. »
Joseph Mitchell New Yorker 1944