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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 06:00
En marche arrière : «La dictature, c'est ferme ta gueule. La démocratie, c'est cause toujours ! » Coluche

C’est l’histoire d’un mec, comme disait le regretté Coluche, qui grâce à ses RTT et autres joyeusetés de notre France des 35 heures et des tripotées de ponts, va s’oxygéner et reposer son nez, dans une chaumière posée dans une minuscule rue de 5 numéros d’un petite village de 74 âmes, sis en Basse-Bourgogne, faisant partie de la communauté de communes de Puisaye-Forterre dans l’Yonne.

 

À la fin du mois février dernier, notre homme, à peine arrivé de Paname, extirpa de sa boîte aux lettres, gorgée de publicité pour les saucisses en barquette de 25 en promotion chez Super U, un étrange feuillet intitulé : « Campagne de suppression des marches arrière »

 

« Bizarre, vous avez dit bizarre… » se dit-il dans sa petite Ford d’intérieur, deux mots le frappèrent : campagne et marche, était-ce un vulgaire tract d’opposition au mouvement En Marche du sieur Macron qui commençait à donner de l’urticaire aux barons du vieux monde politique ?

 

La réalité du « poulet » était encore plus triviale : on y traitait d’ordures…

 

Rassurez-vous, il ne s’agissait pas de propos orduriers puisque le feuillet émanait d’un zinzin tout ce qu’il y a de respectable : le service déchets de la communauté de communes de Puisaye-Forterre (Yonne)

 

« Madame, Monsieur,

 

Dorénavant, les marches arrière sont totalement interdites. Aussi, le camion de collecte ne peut plus venir collecter vos déchets dans les conditions actuelles… »

 

Quand le diable se niche ou se cache dans les détails, il faut vite aller se plonger dans l’univers impitoyable de la bureaucratie paperassière et avoir recours à l’analyse sémantique.

 

Notre homme, plus habitué à trouver la vérité au fond des verres, une fois passé sa stupéfaction proche de l’irritation, affuta sa plume pour questionner, dans une lettre de la meilleure eau, le président de la communauté de communes, Jean-Philippe Saulnier-Arrighi.

 

Celui-ci lui répondit courtoisement que les marches arrière «ne sont plus possibles» à la suite de la « recommandation R437 de la CNAMTS (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés) publiée en février 2009.

 

Une préconisation de nature à éviter les opérations accidentogènes dommageables.

 

Notre goûteur patenté, habitué à l’inconfort des sièges de moissonneuses-lieuses des ODG, s’empressa de noter (les notes ça le connaît) un petit glissement sémantique : on passait de « totalement interdites » à « plus possibles ». Et l'interdiction formelle se révélait une simple recommandation de la CNAMTS.

 

Ces glissements progressifs, non du désir, chers à Alain Robbe-Grillet, mais des emmerdements. Comme le disait le Président Pompe : arrêtez d'emmerder les Français ! poussaient notre bas-bourguignon d’adoption à se fendre d’une seconde missive au président de la communauté de communes, Jean-Philippe Saulnier-Arrighi

 

Il y signalait que des élus s'étaient déjà inquiétés de la portée de cette recommandation. Ainsi, la députée Marie-Jo Zimmermann avait interpellé en 2009 le ministre de l'Intérieur. Cette élue soulignait les pressions exercées par les sociétés privées. « Elle lui demandait également s'il ne serait pas opportun de clarifier la situation, car des recommandations émises à tort et à travers, sous la pression des sociétés concessionnaires, finissent par créer une incertitude juridique.»

 

Le ministre répondait en 2010 qu'il s'agissait de «préconisations» de nature à «éviter les opérations accidentogènes dommageables».

 

Donc en aucun cas il n'était fait état d'une interdiction.

 

Avec une pointe d’ironie justifiée il s'interrogeait sur la dangerosité réelle de l'usage de la marche arrière.

 

  • À quel moment est-ce le plus périlleux ?
  •  

Lorsqu'elle est utilisée par des professionnels avisés équipés d'un matériel doté de gyrophares et d'avertisseurs sonores ou bien quand un particulier sort de son garage, effectue un créneau, quitte une place de parking de supermarché ?

 

Mais ce n'était pas tout, se transformant en Hercule Poirot de la Puisaye, découvrait que d'autres voisins chez qui, pour ramasser les poubelles, il n'était nullement besoin d'utiliser la marche arrière avaient, eux, reçu un avis à peu près identique quant à la conclusion : plus de collecte devant chez eux.

 

Pourquoi diable ?

 

Vous le saurez en lisant Le Front national aussi se niche dans les détails

 

ICI 

 

Affaire à suivre, la résistance s’organise…

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commentaires

M
Bonjour,<br /> <br /> c'est bien tardivement que je découvre votre article. Je suis ce personnage "parisien, cherchant le repos et l'air pur"... et effaré par la gestion des ordures de Puisaye Forterre.<br /> Et gilet jaune, donc. Avez-vous d'autres informations sur le sujet du service "retrait des ordures" versus "coût prohibitif" dudit service ?<br /> <br /> cdt<br /> <br /> MLGJ
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P
Quand et qui mettra fin à l'activité de ces prédateurs. Il est de notoriété publique, pour ceux qui s'intéressent quelque peu à ce type de dossier et/ou lisent la presse type « Que choisir ?» que les prestations fournies par ses entreprises coûtent,en moyenne de 20 à 30 % plus cher que les régies ou syndicats locaux. Mais bien sûrs à force de crier haro sur ce paresseux de fonctionnaires....
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