Le hasard fait souvent bien les choses. C’était un lundi matin où j’avais envie de glander. Pourquoi ne pas m’offrir un bon vieux western sur TCM ! Pile poil dès que je branche le générique de l’un d’eux défile : Thunder in the Sun, Caravane vers le soleil en français, un film de Russell Rouse sorti en 1959.
Que du bonheur je me dis, ça va être cliché sur cliché, et tout au début le film en empile avec un Lon Bennet, loup solitaire, cow-boy de pacotille, sans un rond, qui se fait engager par des immigrants pour aller à la conquête de l’Ouest.
Les deux héros, Jeff Chandler Lon Bennett et Susan Hayward Gabrielle Dauphin, campent à merveille le looser et la femme fatale dont la coiffure sera toujours impeccable tout au long du film.
Je visionne en VO et très vite je comprends que les immigrants sont des basques français qui étonnement s’exprime en français. Bennett découvre avec surprise, alors qu’il lorgne sur la belle Gabrielle, les coutumes de ces gens : on les fiance dès leur plus jeune âge, ils promènent avec eux des cendres ardentes de leurs ancêtres et se montrent rigides.
Alors que je me dis que le film va être un long chapelet de poncifs je découvre avec stupeur que l’un des chariots de ces basques transporte des plants de vigne racinés avec des feuilles bien vertes qu’ils souhaitent planter dans la terre fertile de Californie.
Ils sont prêts à tout pour leurs plants de vigne : partager leur eau avec eux dans le désert, risquer la vie de leurs chevaux et même la leur.
De quoi passionner les accros de la LPV.
Mais l’intérêt du film rebondit, prend sa véritable envolée lorsque les indiens menacent. Ils apportent une dimension supplémentaire à travers une troisième culture, celle des sauvages, qui intervient dans l’histoire.
Alors se déroule un combat étonnant, entre indiens et basques qui sont, sachez-le, de redoutables combattants des montagnes ! En sautant de pierre en pierre, en hurlant leurs cris de guerre, ils seront plus forts que la horde de sauvages qui veut les empêcher de rejoindre leur terre promise.
Sans déflorer la fin de l’histoire qui ne pouvait à cette époque que se terminer par un happy end, je me suis dit mais est-ce donc les basques qui ont implantés la vigne en Californie ?
Le site France-USA répond à ma question :
Les Français dans le Sud de la Californie
1ère partie (1779 - 1859)
L’influence des Français à Los Angeles a commencé avant même qu’elle ne soit fondée ! C’est en effet Théodore de Croix (Croix-Lille 1730 - Madrid 1791), capitaine général des provinces du Nord-Ouest du Mexique pour le roi Charles III d’Espagne, qui a recommandé la création d’un pueblo sur les rives de la Porciúncula. Ce voeu sera réalisé par le gouverneur Felipe de Neve qui signera la décision de fondation le 26 août 1781, le "Pueblo de Nuestra Señora la Reina de Los Angeles" étant inauguré le 4 septembre suivant.
Il faut ensuite attendre l’indépendance du Mexique en 1822 pour que la Californie s’ouvre à d’autres personnes qu’aux citoyens castillans, catalans ou basques d’Espagne. La présence ancienne des Basques explique en grande partie l’attrait de la Californie chez leurs cousins français de la Soule, de Basse-Navarre et du Labourd qui ont maintenu jusqu’à nos jours une grande tradition d’éleveurs et de fermiers.
Les premiers immigrants français dont l’histoire a retenu les noms sont d’anciens soldats de Napoléon Bonaparte venus aider les indépendantistes mexicains et arrivés dans le pueblo en 1827 avec leur officier Louis Bauchet. Les tout premiers vignobles de la Californie ont été plantés en 1832 en bordure des rues Macy et Aliso par Louis Bauchet et Jean Louis Vignes (un natif de Béguey, canton de Cadillac, Gironde, arrivé en 1831) : ils produiront jusqu’à 150.000 bouteilles par an. En 1834, Vignes plante aussi la première orangeraie de Los Angeles. De 1832 à 1837, l’église de la plaza du pueblo a comme prêtre résident un père de Picpus, Jean Auguste Bachelot.
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Les Basques dans l'Ouest américain (1900-1910)
Marie-Pierre Arrizabalaga
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