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31 décembre 2015 4 31 /12 /décembre /2015 06:00
Au gui l'An neuf ! Sous le gui dans la forêt, les ennemis devaient déposer leurs armes et observer une trêve…

« O Ghel an Heu »

 

Panoramix, le druide vénérable du Village des irréductibles gaulois Astérix et Obélix, détenteur du savoir, et notamment du secret de la potion magique dont il a lui-même créé la recette, a popularisé la cueillette du gui dans la forêt des Carnutes.

 

Pline dans son Histoire Naturelle écrit :

 

« Les druides n'ont rien de plus sacré que le gui et l'arbre qui le porte, pourvu que ce soit un rouvre. Le rouvre est déjà par lui-même l'arbre qu'ils choisissent pour les bois sacrés, et ils n'accomplissent aucune cérémonie sans son feuillage (...) On trouve très rarement du gui et, quand on en a découvert, on le cueille en grande pompe religieuse… »

 

« … on le cueille dans une grande cérémonie religieuse, le 6e jour de la lune, car c’est par cet astre que les Gaulois règlent leurs mois et leurs années, de même que leurs siècles de 30 ans. On choisit ce jour parce que la lune y a déjà une force considérable, sans être cependant au milieu de sa course. Ils appellent le gui d’un nom qui signifie « qui guérit tout ». Après avoir préparé un sacrifice au pied de l’arbre on amène deux taureaux blancs dont les cornes sont liées pour la première fois. Vêtu d’une robe blanche le prêtre monte à l’arbre, coupe avec une faucille d’or le gui, qui est recueilli dans un linge blanc. Ils immolent alors les victimes en priant la divinité de rendre ce sacrifice profitable à ceux pour qui il est offert. »

 

Petite précision la faucille n’était point d’or, la serpe était d’airain alliage à base de cuivre contenant de l’or et de l’argent.

 

La cueillette du gui se faisait donc au solstice d'hiver, c'est à dire aux environs de Noël. Depuis cette époque, le gui est toujours présent chez nous à Noël et au jour de l'An. En tranchant la touffe de gui, l'officiant clamait en celtique : O ghel an hem, c'est à dire : Le blé germe. Le solstice d'hiver étant le point de départ de la renaissance où le soleil et de la nature avec lui.

 

C'est donc cette expression qui, de déformation en déformation a donné au Moyen Age, lorsque le sens profond du rite s'était perdu, le célèbre au gui l'An neuf !

 

Le Chêne à gui c'était le plus sacré des arbres, représentant du maître des dieux, chez les Romains, les Celtes ou les Germains : « Lorsqu'au détour d'un sentier dans la forêt, on se trouve face à un Rouvre plusieurs fois centenaire, on peut comprendre le sentiment qui conduisit les hommes à rendre un culte à ce géant, tant s'imposent sa majesté,..., la force de ses branches noueuses, grosses comme des arbres, la puissance de sa cime »

 

Le chêne à gui était donc l'arbre des druides qui croyaient que cette plante était semée sur le chêne par une main divine et voyaient dans l'union entre leur arbre sacré et ces rameaux toujours verts un symbole d'immortalité. Le gui était considéré comme une plante sacrée. Car selon eux, il avait des propriétés miraculeuses, dont celles de guérir certaines maladies, d'immuniser les humains contre les poisons, de leur assurer la fertilité et de les protéger des méfaits de la sorcellerie.

 

Lorsque des ennemis se rencontraient sous le gui dans la forêt, ils devaient déposer leurs armes et observer une trêve jusqu'au lendemain. C'est de là dit-on que proviendrait, la coutume de suspendre une boule de gui au plafond et d'y échanger un baiser en signe d'amitié et de bienveillance.

 

Chez les anglo-saxons cette coutume fort répandue est rattachée à la légende de Freya, déesse de l'amour, de la beauté et de la fécondité, selon laquelle un homme devait embrasser toute jeune fille qui, sans s'en rendre compte, se trouvait par hasard sous une gerbe de gui suspendue au plafond.

 

Curieuse plante, en vérité, que le gui ! C’est une espèce hors-sol puisque cet arbrisseau est incapable de vivre dans le sol, faute de racines, et qu’il est donc condamné à vivre accroché à un arbre, ses boules « ornent » un grand nombre d'arbres, le pommier et le peuplier tout particulièrement, mais il se fixe rarement sur le chêne et le châtaignier.

 

Plante parasite ?

 

« On devrait plutôt dire qu’il est semi-parasite « précise Anicet. « C’est vrai que le gui puise de la sève brute à l’arbre sur lequel il s’est fixé, mais contrairement aux végétaux totalement parasites, cette espèce contient - et en grosse quantité - de la chlorophylle qui lui permet de réaliser la célèbre photosynthèse ».

 

« Alors qu’une feuille d’arbre ordinaire vit environ six mois, la feuille de gui vit un an et demi. Elle ne tombe que pendant l’été de l’année qui suit sa naissance. À l’époque, de nouvelles feuilles ont déjà pris la relève depuis au moins quatre mois et c’est pourquoi le gui, arbrisseau à feuilles caduques, reste perpétuellement vert. À l’âge de trente ans, un arbre mesure 10 à 20 m de haut... Le gui, lui, ne fait encore que 80 cm à 1 m de diamètre. »

 

 

« Une boule de gui peut vivre jusqu’à l’âge de trente-cinq ans. Elle fabrique pendant cette période plus de 30 000 baies, petits fruits ronds d’abord verdâtres qui prendront, après sept mois environ, une étonnante coloration qui les feront ressembler à des globes lumineux en verre opalin dont une ou deux seulement - et grâce à la dissémination effectuée principalement par la fauvette à tête noire la fauvette à béret vert et la grive draine - donneront naissance à de nouvelles boules de gui. »

 

Dans la médecine d'autrefois, il était l'antispasmodique type, spécifique de l'épilepsie, des convulsions, de l'apoplexie. Actuellement il est utilisé dans le traitement de l'hypertension artérielle, dans l'artériosclérose, les troubles nerveux du cœur, les hémorragies, l'hémoptysie ( 20 grammes de feuilles coupées en morceaux pour un demi litre d'eau ; faire macérer à froid toute la nuit et boire dans la journée 2 à 3 verres par jour avant les repas ). À l'extérieur, les cataplasmes chauds de feuilles et de baies, bouillies quelques minutes dans de l'eau ou du lait, calment les douleurs de la goutte et des rhumatismes. »

 

HISTOIRE DU GUI : UN PARASITE GUERISSEUR

 

Intérêt apicole

 

Les fleurs mâles et femelles du gui produisent du nectar en quantité relativement modérée, ainsi qu’un pollen assez abondant au niveau des fleurs mâles seulement. Du fait de leur floraison très précoce, ils constituent une source de nourriture utile à la colonie pour préparer la reprise du couvain, et ce d’autant plus que les floraisons mellifères sont encore bien rares à cette époque de l’année.

 

Le gui a fait don de deux adjectifs à la langue française :

 

  • gluant vient de glu ;

  • visqueux dérive de viscum, le nom latin du gui.

En fait, sous l’enveloppe nervurée de la baie du gui, se cache une substance pulpeuse et limpide : la viscine. C’est avec ce composant naturel que l’on fabriquait jadis la glu ... servant à capturer les petits oiseaux. Plaute, écrivain latin, constatait : « La grive, en répandant le gui, aide à la production de la glu grâce à laquelle elle sera capturée... » À bon entendeur salut...

 

 

À propos de grive dans son bel album « Anthologie du Petit Gibier » de la bécasse à l’ortolan chez Albin Michel, Jean-Jacques Brochier, en évoquant la Grive – celle qui « sauve le chasseur de la bredouille ? » écrit : « La meilleure est la grive de vigne, ou musicienne, c’est elle qui chante le mieux. Particulièrement à l’époque des vendanges, quand elle de gorge de raisins bien mûrs, qui la rendent pompette. De là la légende de ces grives soûles qu’on poursuivait entre les rangs de vigne et qu’on prenait à la main, ou d’un revers de casquette, treize à la douzaine. On a lu ça cent fois dans les livres, mais que celui qui a assisté personnellement à la chose me fasse signe. Je promets de le régaler d’une fricassée dont il se souviendra. Dans les mêmes livres, on dit aussi que les grives s’abattaient en si grand nombre sur les ceps qu’il fallait battre le tambour jour et nuit pour sauver la vendange ! C’était, sans doute, du temps que les bêtes parlaient. »

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