Suis en colère !
Je sais vous allez me répondre que vous avez toutes les bonnes et mauvaises raisons du monde de faire ce que vous venez de faire, que vous appliquez à la lettre les textes élaborés par les professionnels, que vous êtes de simples exécutants, tout juste si vous ne vous réfugiez pas dans le je ne pouvais pas faire autrement.
Moi je vous rétorque que si, avant de faire tomber un tel couperet : décision définitive de retrait d’habilitation on épuise tous les moyens de la médiation.
La médiation, cette recherche d’une solution intelligente, courageuse, n’est malheureusement pas dans votre culture administrative. Même les contrôleurs des impôts prennent plus de gant que vous gens de l’INAO avant d’acter une décision définitive de cette envergure. Ce n’est pas rien que de priver un vigneron de son droit à revendiquer son appellation.
Inflexible, sans trembler, Monsieur Jean-Luc Dairien, Directeur de l’INAO vous faites signer la sentence par délégation à un simple délégué territorial-adjoint. Tout de même, réfléchissez deux secondes dans votre bureau de Montreuil, sans parler de simple humanité, vous auriez pu le faire vous-même et surtout auparavant appeler Alexandre Bain pour voir avec lui s’il n’y avait pas une autre voie.
Je le sais, j’ai pratiqué, il y a toujours une autre voie dans ce genre de dossier, sauf à penser que dans cette affaire il y eut une volonté de faire un exemple, de manier le couperet de l’exclusion pour faire rentrer une forte tête dans le rang.
Mais dans quel monde vivez-vous ?
Dire qu’Alexandre Bain gênât dans son milieu est un euphémisme, il est connu et reconnu et ça provoque bien des jalousies. Pour autant, parce qu’il dérange les pratiques habituelles de son appellation, lui nuit-il ?
Écorne-t-il sa notoriété.
La réponse est non, bien au contraire, il participe à la défense de la diversité et de l’authenticité de son appellation.
Quand comprendrez-vous que l’uniformisation, la normalisation, nous privent de ce qui faisait la particularité de nos appellations ? Dans la mondialisation, c’est un avantage comparatif de poids, banaliser l’appellation c’est nous faire perdre de la valeur et de la notoriété.
C’est une faute grave de votre part que de vouloir mettre tous les vins dans le même grand panier indifférencié, de rabâcher qu’il faut promouvoir les signes de qualité, et il serait à l’honneur d’une vieille maison comme l’INAO de cesser de se comporter comme un banal service de répression au service de certains professionnels qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
J’ai connu des temps plus courageux mais le temps présent est au suivisme et à la démission : silence on gère ! C’est ainsi qu’on enterre les belles idées, sans fleurs ni couronnes, dans la froideur d’une banale lettre-recommandée avec AR.
Moi ça me fâche et je l’écris.
Le traitement du dossier d’Alexandre Bain c’est du gâchis et chez moi, dans ma vieille Vendée crottée, mes parents m’ont inculqué la valeur du bien public qui ne se réduit pas à la peur du gendarme.
Comme l’a écrit Antoine Gerbelle de la RVF sur Face de Bouc « Les organismes de contrôle des AOC n'ont rien de plus important à faire que de transformer les trublions de la nouvelle génération "nature" en martyrs ?
Quel gâchis. Bon courage Alexandre. »
Ce qu’une lettre-recommandée avec AR a fait une autre tout à fait ordinaire peut le défaire Monsieur Dairien Directeur de l’INAO. Il vous suffit d’être clairvoyant et courageux, de passer outre à des avis qui se disent éclairés mais qui ne sont qu’orientés.
Comme moi, vous allez bientôt quitter la carrière, que risquez-vous ?
Rien, absolument rien, si ce n’est qu’on se souvienne de vous comme d’un homme sage qui a su prendre ses responsabilités.
Mon ton vif, parfois cinglant, vous le connaissez Monsieur le Directeur de l’INAO, vous y avez été confronté quelques années au 78 rue de Varenne. Je sais que vous le comprendrez car, en des temps difficiles pour vous, mon appui ne vous a jamais été mesuré.
Avec mon meilleur souvenir et l’espoir que l’intelligence prévaudra. Je crois toujours en l’intelligence, surtout celle du cœur…
PS. je tiens à votre disposition la lettre du délégué régional de l'INAO à Alexandre Bain signifiant la décision définitive de retrait d’habilitation.
Bien évidemment j'ai étudié le fond du dossier et la précipitation de l'INAO à retirer l'habilitation à Alexandre Bain traduit bien la faiblesse des arguments des détracteurs de ses vins...