Gamin j’ai toujours aimé le visuel de la boîte de Vache-qui-rit, vache rouge hilare, grandes cornes, ils les ont raccourcis depuis, boucles d’oreille répliques de la boîte, œuvre de Benjamin Rabier ; et puis, quand on ouvrait la boîte y’avait les petites portions triangulaires dotées de la fameuse tirette rouge pour les ouvrir. Au goûter, en pique-nique, j’en ai enfourné des quantités.
Faut dire que dans le fin fond de ma Vendée, en dépit du nombre de vaches, les fromages qui puent étaient une denrée rare. La vache-qui-rit présentait « l’avantage » de se conserver à l’air ambiant. En ce temps reculé où, contrairement à ce que pensent certains, tout n’était pas bon et sain, nul ne se préoccupait de la composition de ce fromage fondu (le procédé industriel de fabrication de fromage fondu a été inventé par Fritz Stettler en 1911.).
« La vache qui rit est fabriquée à partir de plusieurs types de fromages au lait pasteurisé ou au lait cru et affinés. Ils sont fondus dans des malaxeurs chauffants et la pâte est ainsi mélangée avec des sels de fonte. L'assemblage du fromage est fait à partir de sous-produits de filières agricoles connues, telles que celles de l'emmental, du comté, du gouda, du cheddar auquel est ajouté du lait écrémé, beurre, fromages, protéines de lait, sels de fonte : polyphosphates, citrates, diphosphates et phosphates de sodium, sel. Il ne nécessite pas de conservation au froid. »
Tout ça pour dire que lorsque je vois les tronches de « Thibault Sombardier sur un paquet de pâtes farcies, Joël Robuchon sur un parmentier de canard tout prêt, Michel Troisgros sur un foie gras, Marc Veyrat sur un bocal de cornichons, Jean Imbert sur un pot de yaourt au soja, Thierry Marx sur un repas en poudre ou encore Ghislaine Arabian sur un petit pot pour bébé... Il n'est pas nécessaire de se promener longtemps dans les rayons des supermarchés pour voir apparaître leurs visages souriants : les grands chefs cuisiniers s'affichent sur les emballages, loin des restaurants gastronomiques ou des émissions télévisées qui ont fait leur célébrité. On peut les apercevoir jusque dans le TGV, où Michel Sarran propose des "recettes exclusives". Je me méfie.
Quand j’écris je me méfie c’est un abus de langage car, 1° je ne fréquente guère la GD, 2° je n’en ai jamais acheté, mais, comme parfois les journalistes s’intéressent à des sujets sérieux, j’ai pu constater que mes craintes étaient fondées (fromage fondu oblige ! Désolé !)
Attention, tout n’est pas bon à jeter, mais l’argument des chef (e)s pour justifier leur contribution rémunérée selon lequel ils participent ainsi à l’amélioration de l’alimentation de madame et monsieur Toutlemonde est une plaisanterie de garçons de bain.
Sans affliger la GD de tous les maux de la terre, les pousseurs de caddies ont leur part de responsabilité, il est d’une hypocrisie notoire de se présenter comme les hérauts d’une alimentation responsable et collaborer avec des entreprises qui ont contribué, de concert avec l’industrie alimentaire, à l’hégémonie d’une agriculture de minerais, insoucieuse de l’environnement, payant avec un lance-pierre les producteurs. Ajoutons, le gaspillage, les suremballages, des prix gonflés grâce à la tronche de cake des chefs…
Voilà, c’est écrit.
Pour vous faire une opinion par vous-même lisez ce qui suit.
ENQUETE FRANCEINFO. Additifs controversés, arômes obscurs, emballages trompeurs... Pouvez-vous faire confiance aux plats préparés des grands chefs ? ICI
Thierry Marx, Ghislaine Arabian, Michel Sarran... Voici ce que contiennent vraiment les plats préparés par des grands chefs