Tout le monde y va de sa petite cuvée, de son petit coffret, de son gros magnum spécial, de sa petite étiquette avec des cœurs pour fêter un saint, Valentin, dont on dit qu’il est le patron des amoureux. Comme je ne suis pas Peynet mais que je tombe amoureux en permanence j’ai décidé ce matin de vous offrir, non de l’élixir du parfait amour, mais 3 histoires où l’on parle d’amour.
1- L’amour est aveugle
Avec ses manières de macho Diego, un petit voyou de Vera Cruz, avait fait pleurer plus d’une amoureuse.
Jusqu’au jour où il tenta en vain d’attirer l’attention d’une demoiselle attablée dans une cantina.
Vexé, il s’invita à sa table et lui dit : « Je vous ai saluée trois fois et vous n’avez pas pris la peine de me répondre ». Elle répondit : « C’est sans doute parce que je suis aveugle ».
Honteux, il lui fit ses excuses. Marisol lui dit alors : « Rendez-vous utile, raccompagnez-moi ! »
Sans doute pour la première fois de sa vie, Diego se sentit responsable de quelqu’un d’autre que lui.
Devant sa porte, il lui demanda s’ils pouvaient se revoir. Elle dit : « Mon chien est mort hier, le prochain n’arrive que dans un mois. D’ici là, vous pouvez me guider dans les rues ».
Chaque jour, il la conduisait là où elle le désirait.
Un mois plus tard, il n’était plus question d’aller chercher le chien.
Ils se marièrent et passèrent leur nuit de noce sur son territoire à elle : dans le noir complet.
Plus jamais ils ne se quittèrent. L’un était le guide, l’autre était sa lumière.
Et si parfois, il lui arrivait de la regarder avec ses yeux…
… Marisol ne le vit jamais qu’avec son cœur.
2- Pour le meilleur et pour le pire
Giulia et Remo s’étaient unis pour le meilleur et pour le pire. Et malgré les années, jamais ils ne connurent le pire.
Ils tenaient un hôtel de charme, au sud de Florence, en plein cœur d’une forêt de Toscane. Ils se disputaient peu, s’entendaient sur tout, à tel point que leur entourage trouvait suspecte une telle harmonie.
Giulia n’avait aucun secret pour Remo, mais Remo lui, avait son tiroir…
Tard le soir, après le service, Remo s’enfermait dans son bureau, où, sans que Giulia n’en sache rien, il tenait son journal intime.
Les années passaient, paisibles, heureuses, mais jamais Remo n’oubliait son rendez-vous nocturne avec le tiroir.
Après la mort de Remo, Giulia n’avait eu ni la force ni l’envie de s’occuper seule de leur affaire, et la mit en vente. Le jour du déménagement, elle pénétra dans le bureau de Remo, fit emballer les meubles, et tomba sur ce tiroir…
… Quelle fut bien obligée de forcer puisque personne n’en avait la clé.
Elle hésita un instant devant cet étrange volume mais saisie d’un pressentiment, s’interdit de l’ouvrir.
Elle s’en débarrassa au plus vite pour s’éviter les affres de la tentation.
Si elle l’avait ouvert, elle aurait lu plusieurs centaines de pages, dont elle était le sujet unique.
Les années qui suivirent, quand il lui arrivait de penser à ce curieux ouvrage, Giulia se disait qu’elle avait pris la bonne décision en le détruisant.
usqu’à son dernier soupir, elle garda en mémoire le souvenir de Remo tel qu’il était vraiment, un homme aimant, toujours émerveillé dès qu’il posait les yeux sur elle, qui jamais ne lui avait fait le moindre reproche et qui savait contenir ses démons sans les lâcher sur des innocents.
3- Faire l’amour
Bernadette racontait à Helyett :
- L’autre jour, y avait un film de cul à la télé. Y’m’dit : « Ça m’excite, on tirerait bien un p’tit coup. » Bof, moi, j’avais plus ou moins envie. Là-dessus on va au lit et, comme ça, juste avant qu’il me pénètre, j’arrêtais pas de gamberger à tous mes soucis, et on en a, et j’lui dis : « Dis, on n’a pas payé l’électricité ce mois-ci, faut payer car si on nous coupe, avec les gosses, on va pas être dans la merde… » C’est lui qu’en a été tout coupé, dis-donc ! Y’m’répond : « Ah oui ! Merde, j’y pensais plus », et il s’est mis à débander et plus moyen. Maintenant, quand y’m’fait chier pour me grimper dessus, j’lui dis c’qu’on n’a pas payé. Ça marche à tous les coups !
Elle rit et, avec un regard complice :
- Après tout, baiser, c’est toujours la même chose, c’est lassant, y sont pénibles, les bonhommes, hein ?
(1) Les 2 premières histoires sont tirées de l’album de Loustal & Benacquista Les amours insolentes 17 variations sur le couple chez Casterman.
(2) La dernière est un extrait du livre de Roger Knobelspiess Le roman des Écameaux